InFOrmation syndicale

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20 avril 2009

Interview : MONIQUE OMIRO, SECRÉTAIRE FO-CAF BOUCHES-DU RHÔNE


La grève reconductible, dans l'unité, sur la base de revendications claires, c'est possible... et c'est efficace.

Pour preuve, celle, exemplaire, des agents de la Caisse d'allocations familiales des Bouches-du-Rhône (du 16 au 23 mars), qui s'est terminée par une triple victoire des grévistes: 200 embauches, des primes substantielles, et des déroulements de carrière améliorés.

Notre camarade Claire Compain, qui assistait au congrès de la Fédération des Employés et Cadres FO (La Rochelle du 31 mars au 6 avril) y a rencontré Monique Omiro, secrétaire du syndicat FO de la CAF des Bouches-du-Rhône, et l'a sollicitée pour une interview sur le déroulement et les acquis de cette grève... dont le plein succès montre, dans le contexte actuel, quelle est la voie pour gagner sur les revendications.

- L'Ouest Syndicaliste: Comment la grève a-t-elle démarré ?
Monique Omiro : Il faut revenir début 2009. Le croisement des fichiers des Impôts et des CAF, qui devait alimenter les fichiers des ressources des allocataires afin de déterminer leurs droits aux prestations, a «beugué». Ce qui entraîna, dans la France entière, un retard considérable dans le paiement des prestations, alors que nombre d'allocataires vivent dans une très grande précarité. Les CAF, étant en sous-effectifs depuis des années, n'ont pas été en état de faire face. Il y a ainsi aujourd'hui encore à Marseille 35 000 dossiers en souffrance. Entre la charge de travail supplémentaire à gérer et le légitime mécontentement des allocataires privés de ressources (allocations logement, RMI, etc.), les techniciens conseils n'en pouvaient plus. Le syndicat FO a pris ses responsabilités : - en dressant les revendications. En particulier : 200 embauches en CDI et des revendications salariales prenant en compte la pénibilité du travail des techniciens, - en convoquant sur cette base une AG le 12 mars, et en déposant un préavis de grève de 24 heures reconductible à compter du 16 mars. Le 12 mars, la salle était pleine à craquer. Des délégués CGT et CFTC étaient présents. Le personnel les a apostrophés: «Pourquoi n'appelez vous pas à la grève avec FO ? C'est unis qu'on pourra gagner». C'est donc dans l'AG que CGT et CFTC ont appelé à la grève sur la plate forme proposée par FO et validée par l'AG. Ensuite l'appel à la grève a été repris par les syndicats d'encadrement (SNFOCOSS, CFDT et UGICT), et la plate forme enrichie des revendications de l'encadrement.

- O.S. : Comment s'est déroulée la grève?

M.O : La grève a été massive; chaque jour se tenait une AG des grévistes avec l'ensemble des organisations syndicales.La Direction a ouvert les négociations, et face à la détermination des grévistes à ne pas lâcher sur leurs revendications, elle a, en accord avec la CNAF, répondu aux demandes de l'intersyndicale, qui a obtenu : - l'embauche de 150 employés et cadres sur 4 ans, plus 50 postes supplémentaires par augmentation du budget via le CA de la CAF 13, - la garantie du remplacement de tous les départs poste pour poste, pour les 4 ans de la "Convention d'objectifs et de gestion", au titre de la pénibilité, - le versement d'une prime pour 80 techniciens conseils d'un montant moyen de 580 euros, mesure qui sera reconduite fin 2009 et la majoration de la prime d'accueil, - des mesures d'avancement de 2009 à 2012 pour les techniciens et des déroulements de carrière pour les cadres. L'AG a voté la reprise du travail le 23 mars

- OS : Qu'est qui a été selon toi déterminant pour remporter cette victoire?
M.O. : Sans aucun doute l'unité syndicale sur une plate-forme revendicative légitime dans la grève, c'est à dire dans un mouvement de fond, et non des grèves saute-mouton ou des débrayages de 55 minutes.

- OS : Les enseignements de cette grève sont ils transposables à la situation générale que nous connaissons en France interprofessionnellement?

M.O. : Je le crois. Mais cela suppose une plate forme revendicative précise et concrète, l'unité syndicale sur cette plate forme, et la grève reconductible, et non, je le répète, des grèves saute-mouton.


Note: Paru dans l'Ouest-Syndicaliste 554