InFOrmation syndicale

15 AU 19 AVRIL STAGE "COMITÉ SOCIAL ET ÉCONOMIQUE" --- 1er MAI "JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE DES TRAVAILLEURS" À 10H30 PLACE DE BRETAGNE AVEC FO CGT FSU SOLIDAIRES --- 22 AU 24 MAI STAGE "JE NÉGOCIE" --- 28 AU 30 MAI STAGE "CONNAÎTRE SES DROITS" --- ...

21 octobre 2010

ANICROCHES

Une fois de plus, ceux qui prédisaient la fin de la lutte des classes en sont pour leur argent. Pourtant, ils n’avaient pas ménagé leurs efforts pour nous décerveler.

Depuis des mois, ils ont multiplié leurs matraquages « pédagogiques ». « Nous vivons plus longtemps, il est donc normal de travailler plus longtemps » qu’ils disaient.

Seulement, les travailleurs ne sont pas des enfants de maternelle. Le gouvernement, le patronat, les journalistes aux ordres, et tous leurs complices, tous ces faiseurs d'opinion en sont pour leurs frais.

La classe ouvrière n’entend pas se faire tondre la laine sur le dos. Ils pensaient pourtant avoir tout prévu. Le scénario était parfait, les acteurs connaissaient bien leur texte, le timing était au point.

On connaît bien l'un des principaux metteurs en scène de cette opération: Raymond Soubie, conseiller social de Monsieur Sarkozy. Récemment, il prétendait avoir tous les syndicats sous contrôle, sauf Force Ouvrière. C’est un hommage, probablement involontaire, qu’il rend à notre organisation. Mais en homme prudent et d’expérience, il a déclaré aussi : « en matière sociale, je ne dis jamais avant la fin de l’histoire que tout se déroulera sans anicroche ». En fait, ce n’est plus une anicroche, c’est tout le scénario du gouvernement qui risque d’être bouleversé.

Bien sûr, personne ne peut prédire comment les choses se termineront. Mais ce que nous savons déjà, c’est que l’opération unicitaire montée au travers de "l’intersyndicale officielle " a échoué. Celle-ci devait discipliner toutes les organisations. Comme en 2003 et 2009, elle s’était donné comme objectif de promener les travailleurs, de manifestation en manifestation, accompagnant ainsi le vote du Parlement.

Peut-être y avait-il chez certains un objectif électoral pour 2012 ? C’est pourquoi, cette "Intersyndicale" a refusé et refuse encore de demander le retrait de la réforme, et surtout, s’est opposée à la grève, a fortiori quand elle est reconductible.

C’est pourquoi aussi, notre confédération a refusé de subir le diktat de cette intersyndicale, et, librement a continué à expliquer tranquillement, mais fermement, qu’il faut exiger le retrait du projet, et demain, s’il est voté, son abrogation, et que, pour obtenir satisfaction, il faudra la grève.

Avec une certaine suffisance et parfois avec brutalité, "l’Intersyndicale officielle" a rejeté toutes nos propositions et a tenté de nous isoler. A ce stade de la situation, il est une certitude : le coup a raté ! L’immense majorité des travailleurs est favorable au retrait du texte du gouvernement; et un récent sondage montre que 70% des travailleurs du public comme du privé, ainsi que des jeunes, soutiennent la grève générale comme moyen d’action (Sondage BVA publié par le Figaro).

Incontestablement, cette situation met "l’Intersyndicale" et le couple Chérèque-Thibault en grande difficulté.

Dans les entreprises, les Assemblées Générales se multiplient, organisées souvent dans l’unité la plus large.

Chaque jour, la grève gagne du terrain. Certes ce n'est pas un ras-de-marée, mais ce n'est pas non plus un feu de paille.

Dans les assemblées générales, les travailleurs discutent, parfois hésitent. Mais à chaque fois que la grève est votée, c'est en toute connaissance de cause...

La décision est réfléchie, et le mouvement n'en est que plus déterminé.

Le même phénomène est en court dans la jeunesse. On est loin des élans romantiques de mai 1968 : sous les pavés, il n'y a plus la plage. Il y a le refus du chômage et de la précarité. Les jeunes en ont parfaitement conscience. C'est pourquoi leur combat se fond avec celui de toute la classe ouvrière.

Dans Ouest-France du dimanche 17 octobre, Paul Burel écrit : « Un constat s’impose … la marée contestataire demeure d'un très haut niveau...Elle puise désormais sa force dans pratiquement toutes les couches de la population : public/privé, salariés/chômeurs, jeunes/retraités, lycéens/étudiants, hommes/femmes … Il y a de toute évidence, une mobilisation durable et inédite ».

Paul Burel n’est certainement pas un ami de Force Ouvrière ; son cœur balance probablement plus du côté de la CFDT, mais il voit clair. « Durable et inédite », voilà qui définit bien la situation.

Mais il est une autre "anicroche", que compte tenu de ses amitiés, Paul Burel veut ignorer : avec un très haut niveau de conscience, la classe ouvrière comprend que ce qui est en cause va bien au-delà de la question du projet de loi du gouvernement, et s'interroge sur la fonction des uns et des autres.

Des mouvements sont en cours, en profondeur en son sein. Nicole Notat avait, en 1995, soutenu le plan Juppé, la CFDT a payé cher en 2003 son soutien au plan Fillon.

Dans la CGT, Bernard Thibault a été mis en minorité en 2005 sur la question du référendum constitutionnel. Au dernier Congrès confédéral de la CGT, il a été mis en difficulté.

Aujourd’hui, le mouvement de grève se développe contre l’Intersyndicale dirigée par la CGT et par la CFDT. Bien sûr, compte-tenu de l’ampleur de la mobilisation, nous pouvons gagner et faire reculer le gouvernement. Mais, en tout état de cause, la situation aura changé : ne doutons pas que le processus à l'oeuvre dans certaines organisations syndicales laissera des traces profondes.

Pour ce qui concerne notre Confédération, malgré notre diversité, toutes nos décisions ont été prises à l’unanimité. A notre dernier Comité Confédéral National, nous avons affirmé qu’il faut obtenir le retrait du projet de loi du gouvernement et que la voie à suivre, c’est la grève illimitée ou reconductible.

Aujourd’hui, les faits nous donnent raison.


Il faut oser avoir raison seul …
car « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques » (Jean Jaurès)

Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique