InFOrmation syndicale

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21 juin 2012

Éditorial : UNE CHAMBRE EN ROSE


Le gouvernement vient d’obtenir une majorité absolue de députés du parti socialiste à l’Assemblée nationale. Au soir des élections, certains commentateurs, toujours à la recherche d’images fortes, ont comparé ce résultat à un raz-de-marée ! La réalité est toute autre. Certes le gouvernement dispose bien d’une « chambre rose », mais avec 44 % d’abstention, le parti « majoritaire » ne représente en fait qu’environ 20 % des électeurs ; et l'opposition, qui pourtant a gouverné pendant dix ans, qu'aux alentours de 15%.

Le mouvement abstentionniste n’est pas nouveau. Mais il n’a cessé de se développer au fil des scrutins, exprimant ainsi pour le moins un immense scepticisme, voire un rejet de la politique de rigueur poursuivie depuis 30 ans.

La classe ouvrière, la jeunesse, ne veulent plus de cette politique, qui les conduit au chômage et à la misère. Personne ne peut savoir quelle forme prendra ce qui ressemble fortement à une révolte, que ce soit au Canada avec les étudiants, en Espagne avec, entre autres, les mineurs des Asturies. Notons cependant que ces mouvements de grèves et manifestations prennent une forme parfois violente, qui exprime le degré de colère de la population.

Les mineurs des Asturies ont une longue et riche histoire. Que ce soit dans la défense de la République espagnole en 1936 ou dans le combat contre le franquisme, ils se sont toujours battu pour la liberté. Aujourd’hui, c’est contre la dictature de la Troïka, qu’à nouveau, ils se soulèvent.

En Grèce, où cette politique a provoqué le plus de ravages, certains se réjouissent bruyamment du résultat électoral qui a permis aux partisans de Bruxelles d'obtenir une courte majorité.

C'est vraiment ne rien comprendre que de considérer que quelques pourcents suffisent à régler la situation dramatique de ce pays. C'en est même méprisant pour ces milliers de travailleurs, jeunes ou personnes âgées qui souffrent, et parfois sont poussés au suicide.

Malgré ces craquements qui s’expriment sur le terrain électoral ou sur le terrain de la lutte des classes, la Troïka, FMI en tête, persistent et signent. Allant jusqu’au bout de leur logique, ils veulent maintenant, avec le TSCG, constitutionnaliser la rigueur.

Pourtant, certains gouvernements commencent à s’inquiéter et cherchent à s’émanciper de cette tutelle implacable. Pour faire face à la situation explosive dans leurs pays, ils voudraient bien récupérer quelques marges de manœuvre. Tous se heurtent à Bruxelles, qui maintient ses exigences et n’accorde au mieux que quelques délais supplémentaires. Le gouvernement espagnol, pour éviter un soulèvement qui affleure, a été obligé de tricher, en prétendant que la Banque centrale européenne avait accordé un prêt de 100 milliards sans contrepartie. Ce qui, à l’évidence, est un gros mensonge.

Même au sein de la Confédération Européenne des Syndicats (CES), les choses semblent bouger un peu. La CES a toujours soutenu avec zèle la politique de l’Union européenne. Elle a appelé à voter pour le Traité de Maastricht et pour le Traité Constitutionnel.

Surprise ! Dans sa dernière résolution adoptée par le Comité exécutif des 5 et 6 juin, au milieu de beaucoup de bêtises, on peut lire : « C’est la raison pour laquelle nous sommes opposés au Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire TSCG ».

Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, mais c’est quand même la première fois que la CES ne s’aligne pas purement et simplement sur Bruxelles. Affaire à suivre…

En France, François Hollande dit qu’il veut renégocier le traité pour imposer la croissance. Nous verrons bien !

Mais nous savons que la règle d’or contenue dans le TSCG est incompatible avec la croissance. Il y a là une contradiction majeure.

Par ailleurs, si on veut véritablement renouer avec une politique de progrès, c’est le Traité de Maastricht, parce qu’il est à la base des politiques réactionnaires actuelles, qu’il faudrait abolir ! Vaste programme !

C’est pourquoi, dans l’immédiat, nous jugerons sur les faits. Le gouvernement a accordé deux trimestres supplémentaires validés pour les congés-maternité et deux autres pour les périodes de chômage. "De l’eau tiède" a déclaré à juste titre Jean-Claude Mailly. En effet, on est encore très loin de notre revendication de retour à 37,5 années de cotisations, et même des 40 années que nous réclamons dans un premier temps.

Nous attendons avec un grand intérêt la décision du gouvernement concernant le SMIC. Un vrai coup de pouce pourrait être un signe positif.

Mais si l’on veut rompre avec 30 ans de rigueur et refermer la parenthèse dont parlait Jospin en juin 1982, il faudrait être beaucoup plus audacieux.

Oui, il faudrait une augmentation générale des salaires, dans le privé comme dans le public.

Oui, il faudrait réinstaurer le système des préretraites pour donner du travail aux jeunes.

Oui, il faudrait supprimer les exonérations de cotisations, abroger la CSG, et assurer le financement de notre protection sociale par les cotisations. Revenir en quelque sorte aux ordonnances issues du Conseil Nationale de la Résistance.

Il faudrait en finir aussi avec le dogme de « la concurrence libre et non faussée » du Traité de Maastricht. Il faudrait que l’Etat n’hésite pas à jouer son rôle dans le domaine économique. Par exemple, il devrait nationaliser les Chantiers de l’Atlantique, afin de garantir l’activité et l’emploi.

Il devrait bien d’autres choses encore. Mais pour avancer dans ce sens, il doit rejeter la dictature de la Troïka, la dictature de la dette.

Si le gouvernement plie devant les exigences de Bruxelles, alors qu’il s’attende à se heurter à la résistance de la classe ouvrière.

Notre Confédération n’a jamais pratiqué la politique du pire, mais elle a toujours pris ses responsabilités.

S’il faut appeler à la mobilisation, parce que nous sommes indépendants, nous n'hésiterons pas !