InFOrmation syndicale

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09 janvier 2013

Interview: «JE NE SUIS PAS OPTIMISTE DU TOUT SUR L'ISSUE DE CES NÉGOCIATIONS»

Interview de Jean-Claude Mailly | DirectMatin.fr le 7 janvier 2013

Les partenaires sociaux reprennent mardi 8 janvier la négociation sur la réforme du marché du travail. Fin décembre, les discussions avaient échoué faute d'entente.



Pensez-vous aboutir au «compromis historique» voulu par François Hollande?
Je ne suis pas du tout optimiste sur l’issue de ces négociations. En l’état actuel, le texte est un recul inacceptable des droits des salariés. Si rien ne change, je ne signerai pas.

Que faudrait-il pour que vous changiez d’avis?
Pour l’instant, ça coince sur tous les termes: sur la sécurisation comme sur la flexibilité. Le Medef renvoie des points essentiels à plus tard, comme la généralisation de la complémentaire santé, la taxation sur les CDD… Le Medef nous dit : «Laissez-nous licencier plus facilement, nous embaucherons.» Je n’y crois pas. Il faut des engagements clairs.

Sur la taxation des contrats courts, Laurence Parisot doute sérieusement des effets que cela pourrait avoir sur le front de l’emploi...
La question n’est pas uniquement de créer de l’emploi. Mais aussi de mieux protéger les salariés qu’ils ne le sont actuellement. Il faut taxer les entreprises qui abusent de ces contrats [les contrats à durée déterminée très courts (un mois maximum) feraient l'objet d'une sur-cotisation d'assurance chômage.]

La patronne du Medef accuse le gouvernement de perturber les discussions. Qu’en pensez-vous?
La seule erreur qu’il a commise est de parler de compromis historique dès le début. Le gouvernement voulait que nous décidions pour lui d’aller vers plus de flexibilité. Cela lui aurait simplifié les choses. Mais nous n’en voulons pas. Ce n’est pas cela que l’on réglera le problème du chômage en France.

C’était pourtant une des bases de la négociation. Vous n’avez donc jamais cru à une issue positive?
Depuis le début, je suis réservé. Je n’ai pas changé d’avis, je suis plus que réticent sur son contenu. Cette question de la flexibilité a tout de même émergé sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avec les accords compétitivité-emploi. Elle existe déjà dans le code du travail. Avec la rupture conventionnelle, l’intéressement... Et pour quel résultat? Nous sommes dans un monde iréel. Aujourd’hui, quand un patron de PME sans Directeur des ressources humaines, préfère prendre un avocat plutôt que d’utiliser une procédure d’accord, quand il est attaqué aux prud’hommes... A peine 9% des dossiers se règlent par conciliation!

Reste que vous avez encore les cartes en main d’ici vendredi. Ensuite, le gouvernement a prévenu qu’il passerait par la loi... N’est-ce pas une erreur de stratégie?
Il faut une vraie sécurité pour le travailleur. Nous ne l’avons pas aujourd’hui dans cet accord. Si le gouvernement et les députés se penchent sur une loi sur le marché du travail, alors Force Ouvrière interviendra auprès des parlementaires et fera tout pour faire connaître ces positions.
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Auteur Direct Matin