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26 septembre 2013

Santé publique - UN OBSERVATOIRE NATIONAL DU SUICIDE EST CRÉÉ

Alors que le taux de suicide en France est particulièrement élevé, cette structure sera chargée de mieux coordonner les données existantes pour améliorer la prévention.

A suivre, une interview de Jean-Claude Delgène, Directeur du abinet d'expertise TECHNOLOGIA

Une personne met fin à ses jours toutes les 50 minutes en France. Avec 10.500 décès et 220.000 tentatives en 2010, le taux de suicide dans l’Hexagone est l’un des plus élevés d’Europe. Il est par exemple trois fois supérieur à celui de l’Italie ou de l’Espagne, cinq fois supérieur à celui de la Grèce.

Le 10 septembre, journée nationale de prévention du suicide, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a installé un observatoire national du suicide. Cette nouvelle structure, réunissant 50 membres, a pour mission de coordonner et d’analyser les informations existantes pour mieux comprendre les mécanismes de la crise suicidaire, repérer les situations de risques et mettre en place des politiques de prévention efficaces.

L’observatoire rédigera un rapport annuel fournissant des données chiffrées précises et des recommandations. Aujourd’hui, on ne dispose que de données brutes et seules les tentatives donnant lieu à un passage à l’hôpital sont recensées.

Cet outil, rattaché au ministère de la Santé, était réclamé depuis des années par les professionnels et les associations. Le professeur de médecine légale Michel Debout s’est lancé dans la bataille dès 1992 en s’inspirant de pratiques réalisées à l’étranger. Au printemps 2011, avec Jean-Claude Delgènes, le directeur du cabinet d’expertise Technologia, il avait lancé «l’appel des 44» pour la création d’une telle structure. Ce texte avait été signé par plusieurs personnalités dont le Secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly.
En février dernier, la création de cet observatoire était également préconisée par un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), présenté par Didier Bernus, Secrétaire général de la Fédération FO des Services publics et de Santé.

ÉTUDIER L’IMPACT DU TRAVAIL

«Je suis très satisfait de la création de cet observatoire, fruit d’une prise de position de l’organisation FO et d’un rapport porté par l’organisation, réagit Didier Bernus qui y siégera en tant que personnalité qualifiée. La question du lien entre le suicide et le travail fera partie des thèmes que je vais mettre en avant.»

Des études seront menées sur des thèmes spécifiques. La première portera sur le suicide des personnes âgées, particulièrement élevé. Il devrait aussi se pencher sur le suicide en entreprise, après les drames chez France Télécom, Renault ou l’ONF. Et aborder l’impact des faits sociaux sur le suicide. Depuis la crise de 2008, les décès ont augmenté en Grèce et en Grande-Bretagne. Mais pour la France les données sont encore inexistantes, même s’il est établi que le suicide est plus élevé chez les personnes précaires et les chômeurs.
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Trois questions à... JEAN-CLAUDE DELGÈNES, D IRECTEUR DU CABINET D’EXPERTISE TECHNOLOGIA

Êtes-vous satisfait de la création de cet observatoire?
Avec le professeur de médecine Michel Debout, nous avions lancé un appel en ce sens en 2011. Je suis donc très satisfait, même si je ne pensais pas que nous aurions tant de difficultés à faire prospérer l’idée. C’est aujourd’hui une première étape. Mais je ne serai pleinement satisfait que lorsque le taux de suicide se réduira sensiblement, en passant sous la barre de 10 décès pour 100.000 habitants. Nous sommes actuellement à presque 15 décès pour 100.000 habitants, il y a un gros travail à faire.

Comment expliquez-vous le retard dans la mise en place d’une politique publique des suicides?
Le suicide reste un sujet tabou en France pour diverses raisons. Jusqu’en 1789, les suicidés étaient réprouvés et ne pouvaient pas être enterrés au cimetière. Dans la religion catholique, le suicide est un péché. Nous manquons aussi en France d’une culture de la prévention. La mise en place du plan anti-cancer ou d’actions pour faire baisser le nombre de morts sur les routes a également été très tardive. Notre premier plan anti-suicide date de 2000, en Grande-Bretagne la question a été prise à bras-le-corps dès 1950.

D’après votre expérience dans les entreprises, le travail peut-il mener au suicide?
Le suicide est une question complexe et toujours multifactorielle. Le travail est un facteur de protection et d’intégration dans la vie sociale pour l’individu. La perte d’emploi et la précarité sont des facteurs de risque. Dans certaines situations comme le burn-out, le travail peut aussi être un facteur précipitant en s’ajoutant à d’autres difficultés. Les restructurations permanentes sans accompagnement, la mobilité plus ou moins forcée favorisent l’anxiété et la perte de repères. Il y a une double pression, d’un côté celle du management et de l’autre celle des trois millions de chômeurs et une précarité virtuelle intégrée mentalement par le salarié.
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Articles parus dans FO Hebdo 3086
Le décret portant création de l’Observatoire
http://www.observatoiresuicides.fr/