InFOrmation syndicale

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07 avril 2014

Seuil des 10% désormais tutoyé à la SNCF


Eliminer FO du "paysage syndical" : telle était la raison d'être de l'usine à gaz liberticide MEDEF/CGT/CFDT/CFE-CGC dite "Position commune" du 9 avril 2008, transposée en "loi du 20 août 2008" par l'union sacrée UMPS-PC .

En instituant un seuil de représentativité fixé à 8% dans les branches et à 10% au niveau des entreprises, les co-législateurs politico-syndicalo-patronaux pensaient que leur guillotine, actionnée par le "syndicalisme rassemblé", décapiterait la CGT-Force Ouvrière dans pas mal d'entreprises et de branches professionnelles, d'autant que la loi d'août 2008 stipule que l'absence de "représentativité" (au sens de la législation liberticide) a pour conséquence la réduction à la portion congrue des "moyens syndicaux" (décharges, locaux mis à disposition, etc.) ... avec même interdiction de déposer des préavis de grève.
L'asphyxie de FO à la SNCF comptait au nombre des objectifs prioritaires visés par les concepteurs de l'usine à gaz : Force Ouvrière constituait  (comme à EDF-GDF) un obstacle à l'euro dérèglementation/privatisation du service public et à l'accompagnement syndical des "réformes". En conséquence, "l'obstacle", avec  6,62% des voix recueillies aux élections CE de 2006, était censé ne pas pouvoir survivre au couperet électoral des 10% qui lui porterait l'estocade au rendez-vous électoral suivant de 2009.

La force de l'indépendance
Mais ce qui, à la SNCF comme à EDF, a fait la force de la CGT-FO, c'est l'atout de son indépendance et de son refus de céder aux sirènes de la "gouvernance".
Depuis 1998, FO était en progression, lente, mais constante, chez les cheminots : 5,2% des voix en CE en 1998 -  6,45 en 2000 - 6,52  en 2002 - 6,79 en 2004 - avec un (très) léger fléchissement enregistré en 2006 (6,62%, soit 0,17% de moins qu'en 2004).
Au grand dam de certains, FO renoua avec la tendance ascendante aux élections professionnelles de 2009, recueillant cette fois 7,98% des voix en CE. En une décennie de "grignotages", Force Ouvrière s'était ainsi hissée de 5 à 8% des suffrages, ne se trouvant du coup qu'à 2 points du seuil des 10% institué l'année précédente par la loi liberticide.
Mais dès lors que la barre scélérate des 10% n'avait pas été atteinte, la question évidemment posée était celle de savoir si la dynamique décennale de décollage du syndicalisme indépendant à la SNCF survivrait ou non désormais à la brutale réduction incidente des moyens syndicaux jusqu'alors dévolus à la Fédération FO des cheminots.
Nos camarades, loin de jeter l'éponge, ont dès lors pallié ce handicap matériel par un surcroît de détermination et de militantisme. Convaincus qu'ils étaient, et demeurent, de la pertinence des analyses, mots d'ordre et revendications de FO, face au flou lénifiant du syndicalisme rassemblé pluriel. Pour compenser les décharges syndicales perdues, ils ont pris sur leurs loisirs, voire leur sommeil, pour aller au contact de leurs collègues dispersés sur une multiplicité de sites et ayant, qui plus est, du fait de l'alternance des équipes, des horaires de travail à géométrie variable.
... Et parce que convaincus, ils ont su convaincre.

Aussi, lorsque sont "tombés" les résultats des élections de 2011, force a été de constater, pour les stratèges du "syndicalisme rassemblé", empressés un peu trop tôt de jouer aux fossoyeurs de FO en sabrant le champagne, que leur loi "sus à Force Ouvrière" de 2008 avait raté son objectif.
Car loin de trépasser, FO-Cheminots sortait renforcée de l'épreuve, passant des 7,98% de 2009 à 8,58% en 2011. Faute de décapiter FO, la mise en application de la législation de 2008 avait seulement constitué un handicap "ralentisseur" de la montée constante de Force Ouvrière à la SNCF, sans parvenir à casser la dynamique ascendante en cours depuis les années 2000.

La Fédération FO des cheminots ne manqua pas de tirer la conclusion s'imposant de ce bras de fer réussi : poursuivre, contre vents et marées, la construction de l'organisation syndicale, ... drapeau de l'indépendance déployée. Les coups brisent le verre, ils trempent l'acier, disait le poète russe Pouchkine.
Le travail de terrain reprit donc, les militants FO étant d'autant plus motivés qu'ils étaient porteurs de revendications claires (au premier rang desquelles la défense du statut), antinomiques avec les diktats ferroviaires bruxellois successivement déclinés par la droite sarkozyste et la gauche hollandienne.
En marquant ainsi sa différence avec le "syndicalisme rassemblé"  embrumeur-accompagnateur de l'euro-régionalisation du rail, Force Ouvrière rallia de nouveaux militants (l'AG régionale nantaise de FO-Cheminots de janvier 2014 en fut l'illustration), accélérant parallèlement le regroupement dans et autour de Force Ouvrière de militants et responsables syndicaux issus d'autres organisations : dans un premier temps  en provenance de la CFE-CGC et de la CFTC (avec la constitution de  FIRST), puis de manière significative de la CGT, de  SUD-Rail et de l'UNSA.
Le XXIème congrès fédéral de FO-Cheminots d'octobre dernier (cf. photo ci-contre) a été l'expression de ce syndicalisme de résistance s'élargissant à de nouvelles couches militantes.

Des niveaux jamais atteints depuis la scission de 1947/1948
Au vu de la nouvelle progression enregistrée par FO-Cheminots aux élections professionnelles du 20 mars dernier (9,40%  des suffrages, soit 0,82% de plus qu'en 2011, un niveau jamais atteint depuis la scission de la CGT en 1947/48 et la proclamation de la CGT Force Ouvrière !), les apprentis-sorciers politiques et syndicaux à l'origine de la loi  scélérate de 2008 ne sont sans doute pas sans se poser une question : la machine de guerre qu'ils avaient inventée dans le but de liquider le syndicalisme indépendant, n'a-t-elle pas d'ores et déjà produit l'inverse du résultat escompté ?
Il est notoire que la loi de 2010 sur la représentativité dans la fonction publique, clonée sur celle de 2008 pour le privé, s'est retournée tel un boomerang  contre le "syndicalisme rassemblé" : FO est passée numéro un dans la fonction publique d'Etat en 2011.
Et voilà qu'après son succès remporté à EDF en 2013, FO, renforcée par le flux précité de nouveaux apports militants, tutoie en 2014 la barre des  10% à la SNCF.
Et qui plus est, avec un renforcement substantiel de ses principales implantations
géographiques : première place conquise à Paris-Nord avec 32,99% des voix (+9,94), seconde position arrachée à Strasbourg (24,36% +6,09%), ainsi qu'à Marseille (15,98% +4,47%).
FO est désormais représentative dans 8 des 28 comités d'établissement de la SNCF. Dans les Pays-de-la-Loire, FO gagne 2 sièges de DP (passant de 6 à 8).
A noter symétriquement que la loi de 2008 n'a pas inversé l'érosion de la (très euro-unicitaire) CGT à la SNCF : reculs consécutifs de 3,6% en 2006, de 0,8% en 2009, de 1,93% en 2011, et enfin de 1,73% en 2014.