InFOrmation syndicale

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02 juin 2017

Pas de trêve revendicative pour FO Police

Entre les deux tours des élections présidentielles, le 26 avril, à Paris, une impressionnante manifestation de 10 000 policiers à l’appel du SGP-FO a été complètement passée sous silence par les médias !
L'Union Locale de St. Nazaire a rencontré Stéphane Léonard, secrétaire départemental d’Unité SGP Police FO, son adjoint Pascal Demé et Yannick Danio responsable pour le district de St Nazaire.

A suivre, l'interview parue dans INFONZ n°27

INFONZ : comment expliqué ce black out ?

Stéphane : notre Conseil national du 23 mars avait décidé cet appel à manifestation, destinée à réaffirmer nos revendications, détaillées dans notre « livre blanc ». A cette occasion, celui-ci a été remis et commenté aux deux candidats « finalistes ». Mais, la semaine d’avant, le 20 avril, il y a eu l’attentat des Champs Elysées et l'assassinat de notre collègue Xavier Jugelé.

Pascal : le Ministre de l’intérieur a alors exercé une pression – quasi menaçante - sur notre Secrétaire général, Yves Lefèvre, pour l’annulation de la manifestation, qualifiée d’irresponsable.
Les médias lui ont emboité le pas et ont décidé de ne pas rendre compte de la mobilisation des policiers, que nous avons bien entendu maintenue ... nous avons déposé des gerbes à l’endroit où Xavier avait été tué.


INFONZ : les annonces gouvernementales qui ont suivi la mobilisation des policiers de la fin 2016 n’ont donc pas répondu aux revendications ?

Stéphane : il y a eu un déblocage de crédits : 435 000 € dans le département, essentiellement affectés à la rénovation immobilière (65 000 € pour les peintures au commissariat de St Nazaire), et un budget national pour l’équipement des unités d’appui en casques, gilets pare balles ... La hiérarchie nous rabâche « vous avez été gâté » : mais en réalité s’il y a eu une amorce de rattrapage vis-à-vis du retard accumulé, il n’y a toujours pas de mise à niveau et on continue de rogner sur les dépenses nécessaires.

Pascal : les véhicules par exemple tournent, il faut le rappeler, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Auparavant ils étaient réformés à 180 000 km, ce n’est plus le cas aujourd’hui, depuis que la gendarmerie les gère. Au dernier CHSCT nous avons présenté des photos de véhicules avec leurs planchers perforés, les entrées d’eau, les portières ne fermant plus etc. ....

Stéphane : un autre exemple, le nouveau fusil d’assaut HKG36 qui doit permettre de répondre aux attaques à la Kalachnikov, n’est équipé d’aucune option, notamment la lampe ! Or, au Bataclan, l’attaque a eu lieu de nuit .... Ces options, nécessaires, coûteraient sur le département, 7000 € : refusé !


INFONZ : il y avait aussi des revendications portant sur le soutien et la reconnaissance du travail des fonctionnaires de police ....

Stéphane : oui, je te donne un exemple : le 22 février 2014, à Nantes, lors d’une manifestation d’opposants à l’aéroport de Notre Dame des Landes il y a eu beaucoup de casse et 122 policiers ont été blessés. Notre syndicat a incité les collègues à déposer plainte contre X : sur les 80 plaintes, il n’a été répondu à aucune. A l’opposé nous sommes mis en cause immédiatement dans le cas inverse. Lors d’une autre manifestation en 2016, rue Amiral Courbet à Nantes, il y avait eu un blessé : l’administration a fait placarder des affiches d’appel à témoins contre les policiers. A contrario face aux tirs de lance-amarres (!) subis par les collègues au centre de Nantes l’an dernier, rien de tel !

Pascal : il y a deux poids deux mesures et une absence complète de considération du travail des fonctionnaires de police. Sur ce point les choses n’ont pas évoluées depuis les manifestations de fin 2016.


INFONZ : il y a eu une évolution législative sur la question de la légitime défense des policiers.

Pascal : c’était une revendication d’Alliance (CGC) – fortement relayée par les médias - mais pas de FO. La loi nous aligne désormais sur la gendarmerie, avec sommations et usage possible de nos armes. Mais les collègues sont très partagés et peu convaincus.
Ce que nous demandons à FO c’est la présomption d’innocence, au contraire des pratiques de notre administration.


INFONZ : de mauvaises relations avec la magistrature ont été aussi évoquées ...

Stéphane : encore une fois c’est le syndicat Alliance qui a incriminé la justice, prétendument laxiste. A FO nous ne marchons pas là dedans : la RGPP a eu des effets dévastateurs dans toute la fonction publique, la justice en a subit les conséquences tout comme la pénitentiaire ...


INFONZ : quel bilan tirez-vous de la mobilisation spontanée de fin 2016 ?

Stéphane : l’émotion a été grande suite à Viry Chatillon. Sans doute aussi y a-t-il eu une instrumentalisation de cette émotion légitime.
Quoiqu’il en soit, à FO nous n’avons pas voulu la récupérer, d’aucune façon. Mais nous étions au côté des collègues, clairement.
A notre demande, le préfet s’est rendu, sans les syndicats, à la rencontre des policiers pour les écouter. Pour notre part, nous leur avons demandé d’écrire leurs témoignages et nous les avons fait passer au préfet (plus d’une centaine). Il les a annexés au rapport qu’il a envoyé au ministère de l’intérieur. Il s’est bien rendu compte que les analyses et les revendications FO correspondaient à la réalité.

Pascal : les gars se sont rendu compte assez vite qu’ils avaient besoin d’une représentation syndicale et sont revenus nous voir.
Ils ont compris que « la base » n’était pas plus entendue et que le problème ce n’était pas « les syndicats ».


INFONZ : le feu couve toujours donc .... Quelles sont aujourd’hui les revendications prioritaires portées par le SGP FO dans son livre blanc ?

Stéphane : des réponses sont aujourd’hui très attendues, notamment sur le cycle des heures de travail permettant de se libérer un week-end sur deux au lieu d’un sur six. Nous avons obtenu sa mise en œuvre à St Nazaire à la grande satisfaction des collègues, mais la généralisation promise tarde. A la Baule nous sommes par exemple dans l’attente de deux fonctionnaires supplémentaires. Au plan national c’est notre premier combat.

Pascal : ensuite il y a la protection juridique des fonctionnaires de police (la présomption d’innocence), la simplification des procédures pénales ... et la reconnaissance de la part de la hiérarchie. Et puis nous travaillons activement à la reconnaissance comme « travailleurs de nuit », avec l’objectif d’obtenir des trimestres supplémentaires validés pour la retraite : nous avons déjà obtenu l’édition de fiches signalétiques rétroactives permettant de comptabiliser les années de travail nocturnes, ce qui n’était pas le cas jusqu’à maintenant.


INFONZ : quels sont vos rapport avec Alliance-CGC ?

Stéphane : ce syndicat a accompagné la RGPP et signé en 2008 un accord désastreux -8000 postes de policiers supprimés en 5 ans et la perte de 5 jours de RTT par an, moyennant une augmentation de 2 % sur 4 ans de l’ISSP 2 et une augmentation du nombre de gradés ... ce qui a eu pour effet de bloquer l’avancement.
Ce syndicat négocie avant tout des avantages individuels pour sa « clientèle électorale » ....

Pascal : après avoir appelé à voter pour M. Sarkozy dans le passé, ils ont appelé cette fois-ci à voter pour M. Macron. Celui-ci a pourtant annoncé qu’il allait supprimer les régimes spéciaux de retraite, donc celui des policiers !!
La position d’indépendance de notre confédération, se refusant comme d’habitude à quelque « consigne » de vote que ce soit est donc très bien perçue par nos collègues ... Les prochaines élections professionnelles ont lieu l’an prochain ...