La Commission européenne n’en rate pas une. Dans un rapport récemment
publié elle appelle à une plus grande flexisécurité. Cela passerait par
exemple, selon elle, par une flexibilité du montant du SMIC en fonction
de la situation économique. En clair, le SMIC pourrait augmenter ou
baisser!
Cela rejoint la démarche initiée par le gouvernement et soutenue par le
patronat des «accords compétitivité-emploi», fraîchement rebaptisés de
sauvegarde de l’activité et de l’emploi. C’est-à-dire, rappelons-le, la
faculté, par accord majoritaire (à 50%), de baisser concomitamment la
durée du travail et les salaires pour un hypothétique maintien de
l’emploi.
À noter au passage: ces accords seraient temporaires, mais les salariés
qui les refuseraient seraient définitivement virés. Nous disons virés
car le patronat se refuse à employer le terme de licenciement,
craignant vraisemblablement qu’une confédération comme Force Ouvrière ne
dépose plainte au BIT relativement au non-respect de la convention 158
sur le licenciement. Mais quelle que soit l’appellation, aux termes de
cette convention, toute rupture initiée par l’employeur est un
licenciement.
Comme nous l’avons déjà dit, il n’est pas question pour Force Ouvrière
de rentrer dans cette logique et les syndicats qui s’y risqueraient ne
feraient rien d’autre que confectionner la corde pour pendre les
salariés!
En France comme ailleurs et au niveau européen lui-même, il est plus que
temps de sortir de la logique suicidaire d’austérité. C’est ce que nous
réaffirmerons notamment à l’occasion du 1er Mai 2012, journée de
revendication et de solidarité internationale.
Il faut tordre le cou à l’idée selon laquelle la libre concurrence doit
tout régler. D’abord parce qu’elle n’existe pas. Ensuite parce que la
concurrence non encadrée et réglementée c’est la liberté du renard dans
le poulailler. Enfin parce qu’il n’appartient pas à l’entreprise de
régenter la société. Un exemple d’actualité est celui de la téléphonie
mobile. L’octroi à Free d’une quatrième licence, au nom du consommateur
et de la concurrence, pénalisera in fine les salariés, les consommateurs
et l’État sur les rentrées fiscales.
À terme, ce sont par exemple au moins 30.000 emplois qui sont menacés en
France. Nous avons d’ailleurs évoqué ce dossier avec nos camarades
marocains, puisque dans la filiale marocaine de Free (centre d’appels)
une grève a éclaté.
Alors, à l’heure où la campagne électorale présidentielle bat son plein,
il serait important que les responsables politiques conjuguent
effectivement volontarisme et action pour préserver la démocratie et la
République, et pour assurer le progrès économique et social.
Nous ne commenterons pas les résultats du premier tour des élections
présidentielles, sauf à relever un bon taux de participation et le fait
que ce que l’on pourrait qualifier de votes protestataires
(d’expressions diverses) représente un tiers des suffrages exprimés.
En ce qui nous concerne, nous saurons rappeler au futur gouvernement nos
positions, dont notre refus de l’austérité, conjuguant analyses,
revendications et, si nécessaire, action.
Dans tous les cas, Force Ouvrière saura prendre ses responsabilités, en toute liberté et indépendance.