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26 novembre 2013

FISCALITÉ : INTERVIEWS DE J-C MAILLY

À suivre :
  • Jean-Claude Mailly pour le JDD du samedi 23 novembre 2013
  • Jean-Claude Mailly sur RMC, le 25 novembre 2013
  • Jean-Claude Mailly à metronews.fr, le 25 novembre 2013


Interview de Jean-Claude Mailly | Le JDD du samedi 23 novembre 2013
«NOUS SOMMES CONTRE LE PRÉLÈVEMENT DE L'IMPÔT À LA SOURCE»

Secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly ouvrira lundi le grand défilé des organisations syndicales et patronales à Matignon. Il se félicite et justifie même la présence des syndicats à une consultation consacrée à la réforme fiscale. 

Vous serez le premier reçu à Matignon lundi. Pourquoi avoir salué l'initiative du Premier ministre?
Les syndicats, Force ouvrière en tête, réclamaient une remise à plat de la fiscalité. Le Premier ministre répond à cette demande, tant mieux. On va discuter à présent. Mais je compte autant parler de fiscalité que d'emploi et de pouvoir d'achat. Il faut un coup de pouce au Smic ainsi qu'un geste sur le gel du point d'indice pour les fonctionnaires.

Pourquoi cette réforme fiscale est-elle nécessaire?
L'impôt est utile. Il sert à alimenter le budget de l'État et les services publics, mais c'est aussi un outil de redistribution. Une notion qui s'est érodée à cause du pointillisme fiscal des gouvernements successifs, qui ont ajouté des taxes ici et là.

Comment expliquer le ras-le-bol fiscal?
Cette expression sous-tend que l'impôt n'est pas nécessaire. Je parlerai plutôt de malaise fiscal. Il y a un sentiment d'inéquité qui s'est généralisé. L'impôt n'est plus citoyen depuis plusieurs années. Nous réclamons donc un impôt sur le revenu plus progressif, avec bien plus que cinq tranches. Créer une tranche d'impôt à 45%, ce n'est pas une réforme. L'impôt progressif sur le revenu est l'impôt le plus juste.

L'impôt doit-il être payé par tous les Français, comme le propose l'économiste Thomas Piketty?
En ce qui concerne l'impôt sur le revenu, oui. Mais il ne s'agit pas d'alourdir le poids de la fiscalité. En contrepartie d'une telle réforme, il faut faire baisser les impôts indirects, plus injustes. Si on parvient à rendre plus juste l'impôt sur le revenu, il faut alors baisser des impôts indirects comme la TVA. C'est une question de justice.

Jean-Marc Ayrault a évoqué la fusion CSG-impôt sur le revenu…
C'est un dossier compliqué. Aujourd'hui, le seul atout de la CSG est qu'elle finance la protection sociale collective. Si on la supprime, comment garantit-on le financement de notre protection sociale? Cela pose le problème de prélever l'impôt à la source. Nous sommes contre cette idée, car seuls les salariés paieraient leurs impôts comptant et les entreprises se retrouveraient à devenir des collecteurs d'impôts.

Le rééquilibrage de l'impôt sur les sociétés (IS) est-il une option?
Quand vous voyez que la PME du coin paie plein pot, alors que des multinationales ne paient pas d'IS, c'est anormal. Outre ce sujet, je vais proposer au Premier ministre la refonte du crédit d'impôt recherche afin que cela ne puisse plus être un outil d'optimisation fiscale. Je suis d'accord pour aider fiscalement une entreprise, mais il faut s'assurer que la production se fait bien en France.

Pourquoi n'irez-vous à la réunion commune proposée par la CFDT et la CGT?
D'abord, je ne réponds pas aux convocations. Au-delà de cette question de forme, à quoi ça sert? Nous ne sommes pas tous d'accord sur tout. Faire semblant est trompeur. Ce n'est que de la com.

Force Ouvrière a de son côté défilé samedi à Rennes, mais pas à Quimper avec les autres bonnets rouges. N’y a-t-il pas un risque de se couper de la contestation sociale?
Il y a un effet de loupe médiatique sur le mouvement breton. Il faut comprendre la rage des gens qui perdent leur boulot. Mais nous ne sommes pas régionalistes, nous menons des combats républicains qui concernent tous les salariés.

Gaël Vaillant - Le Journal du Dimanche

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Fiscalité | Jean-Claude Mailly sur RMC le 25 novembre 2013
«IL FAUT ÊTRE SPÉCIALISTE POUR Y COMPRENDRE QUELQUE CHOSE»
Jean-Claude Mailly est le premier à être reçu par Jean-Marc Ayrault ce lundi matin pour discuter de la remise à plat de la fiscalité. Ce lundi matin sur RMC, le secrétaire général de FO a redit son opposition au prélèvement de l’impôt à la source.


Jean-Claude Mailly est arrivé ce lundi matin à Matignon avec ses propositions dans le cadre de la remise à plat de la fiscalité impulsée par Jean-Marc Ayrault. 
«Nous sommes d’accord sur une mise à plat fiscale, a déclaré le secrétaire général FO sur RMC. Il faut que les gens aient le sentiment que la fiscalité est juste et bien redistribuée. Aujourd’hui c’est très compliqué de s’y retrouver, il faut être spécialiste à Bercy pour y comprendre quelque chose».

Sur le prélèvement de l'impôt à la source
«Nous n’y sommes pas favorables. Ceux qui veulent choisir un prélèvement mensuel peuvent choisir la mensualisation, même si on peut améliorer le système de mensualisation. Ce qui nous gêne c’est que les employeurs auraient connaissance de la situation fiscale des familles. Ce n’est pas l’urgence, ce n’est pas ce qui ramène de l’équité dans le système».

Sur l'impôt sur le revenu
«Le problème avec la CSG, c’est que c’est un impôt fléché, donc ce qui rentre par la CSG va à la protection sociale. Ce qui nous apparait essentiel comme colonne vertébrale d’une réforme c’est qu’on réhabilite l’impôt sur le revenu. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de rendement, il ne rapporte pas assez dans le budget de l’Etat. C’est l’impôt le plus juste, il faut revoir une série de niches. Ceux qui ne le paient pas devraient le payer, même si c’est symbolique, à charge de payer d’autres types d’impôts beaucoup plus injustes, comme la TVA par exemple».

Sur l'absence de coup de pouce au SMIC
«C’est une erreur car on voit que les trois moteurs de l’activité –la consommation, l’investissement et le commerce extérieur- sont au point mort. Si on veut soutenir la consommation il faut un coup de pouce au SMIC. Le dernier vrai coup de pouce remonte à 2006», a-t-il déploré.

Sur son refus de former un front syndical avec la CFDT et la CGT
«Ça vaut le coup de se voir et de se mettre d’accord quand on sait qu’on peut se mettre d’accord. Là, il y a trop de divergences entre les syndicats. Si c’est juste pour faire de la communication, il y a des effets boomerangs qui ne tardent pas. Sur l’emploi, on a des désaccords de fond, alors on va parler de quoi? Si c’est juste pour faire une photo, on n'a pas besoin de ça».

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Jean-Claude Mailly sur la réforme fiscale | www.metronews.fr du 25 novembre 2013
«SI AYRAULT A VOULU FAIRE UN “COUP”, IL Y AURA UN EFFET BOOMERANG»

Les consultations sur la «remise à plat» de la fiscalité, annoncée la semaine dernière par Jean-Marc Ayrault, démarrent lundi. Jean-Claude Mailly, le Secrétaire général de Force Ouvrière, livre à metronews sa position sur ce chantier aussi crucial qu'épineux.
Pour le secrétaire général de Force Ouvrière, «il faut avoir le courage de poser clairement les choses pour aboutir à un système beaucoup plus juste».Pour le secrétaire général de Force Ouvrière, «il faut avoir le courage de poser clairement les choses pour aboutir à un système beaucoup plus juste». 

Vous serez le premier reçu par le Premier ministre lundi matin. Qu'allez-vous lui dire?
Je vais bien sûr lui parler de la réforme fiscale, mais auparavant j'insisterai sur le fait que les questions de fiscalité, comme d'emploi, sont très liées à la politique économique menée en France et en Europe. Je m'appuierai notamment sur une toute récente étude de la Commission européenne : elle montre qu'entre 2011 et 2013, l'austérité en France a conduit à une baisse de la croissance de 4,8%. Ça cadre tout le reste.

En matière de réforme fiscale, pour quelle mesure plaidez-vous en priorité?
Le renforcement de l'impôt sur le revenu. On doit le rendre plus progressif, avec un rendement beaucoup plus important. Cela signifie peu de possibilités d'y échapper, y compris de manière légale à travers les niches fiscales. Et nous ne sommes pas contre une augmentation du nombre de tranches. Il faut également que ceux qui aujourd'hui ne paient pas l'impôt sur le revenu car ils ne gagnent pas assez le fassent, même symboliquement : c'est ce qui fait que l'on est citoyen. De manière générale, l'impôt est indispensable, mais il faut qu'il soit équitablement perçu et correctement redistribué. Ce sentiment n'existe plus aujourd'hui.

La fusion de l'impôt sur le revenu et de la Contribution sociale généralisée a été évoquée par Jean-Marc Ayrault. Qu'en pensez-vous?
C'est un débat très compliqué. Si on intègre la CSG à l'impôt sur le revenu, comment garantit-on qu'il y aura encore les sommes nécessaires pour le financement de la protection sociale? Je préfère que l'on recrée un vrai impôt sur le revenu et que l'on discute en parallèle du financement de la protection sociale. D'autant que ce rapprochement pourrait conduire à mettre en place une retenue à la source, qui aurait beaucoup d'inconvénients. On peut notamment se demander si le fait de transmettre sa situation fiscale à son employeur serait une bonne chose.

François Hollande a temporisé en assurant que cette réforme s'étalerait jusqu'à 2017. A-t-il raison de ne pas précipiter les choses?
On est bien conscient qu'une telle réforme ne se fait pas en un mois. Mais le plus vite sera le mieux. Les lignes de conduite doivent en tout cas être fixées assez rapidement. Il ne faut pas donner le sentiment que tout est jeté aux oubliettes.

L'opposition accuse Jean-Marc Ayrault d'avoir voulu faire un "coup politique". Quel est votre sentiment?
Je ne veux pas rentrer dans ce débat et je n'ai pas de raison de douter du Premier ministre, qui répond à une ancienne demande syndicale en annonçant cette remise à plat. Maintenant, si c'est pour faire un coup, il y a aura des effets boomerang, d'une manière ou d'une autre. Nous allons pousser pour que cette refonte se fasse. Trop souvent les gouvernements, quels qu'ils soient, annoncent des réformes et les enterrent ensuite, notamment en matière fiscale. Il faut avoir le courage de poser clairement les choses pour aboutir à un système beaucoup plus juste.

Vous avez rejeté l'initiative de la CGT et de la CFDT, qui appelaient à un front syndical uni face "à la gravité de la situation" du pays. Pourquoi ce refus?
Il y a d'abord une raison de méthode. Quand on envisage de faire une réunion, la moindre des choses est de prévenir les intéressés. Là, on n'appelle personne et on envoie une convocation par mail. Je trouve cela curieux. D'autre part sur le fond, je crois qu'il faut se garder de jouer les faux-semblants. On se verrait pour parler de quoi? Nous avons vu sur les retraites ou sur la sécurisation de l'emploi qu'il y avait des désaccords de fond entre organisations syndicales. On ne peut pas faire croire qu'on est d'accord alors qu'on ne l'est pas. Ce serait de la com'.

Propos Recueillis Par Gilles Daniel