InFOrmation syndicale

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26 avril 2016

La Lutte des Classes

par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique

Après la journée de grève et de manifestations du 31 mars, le gouvernement a tenté de désamorcer la mobilisation contre son projet de loi Travail. Il a lâché quelques mesures pour contenir le mouvement de colère de la jeunesse mais les annonces faites n’ont pas permis de la calmer. Plus que jamais, les organisations étudiantes et lycéennes sont soudées avec les syndicats de salariés sur l’exigence du retrait du projet de loi.
Le gouvernement est dans l’impasse et à quelques jours du 28 avril, l’inquiétude est palpable. François Hollande et Manuel Valls sont au plus bas dans les sondages. Ils ont beau afficher leur détermination à aller jusqu’au bout, jurer qu’ils ne lâcheront pas, une ambiance de fin de règne secoue toutes les institutions de l’Etat. Et ce n’est pas la CFDT, affaiblie par plusieurs semaines de soutien au MEDEF et au gouvernement, qui, aujourd’hui, peut venir leur porter secours.

Comme si de rien n’était, Michel Sapin a présenté la semaine dernière le programme de stabilité réclamé par Bruxelles pour la fin du mois. Il l’a promis, la France repassera sous la fameuse barre des 3% de déficit en 2017, à coup d’économies complémentaires de 5 milliards d’€ qui viendront « saigner » encore plus les services publics.

Et pour le grand patronat, c’est le jackpot ! 65 milliards de CICE et 42 milliards de pacte de responsabilité auront été alloués en trois ans aux patrons, sans aucun impact réel sur l’emploi : 87% des emplois créés sont à durée déterminée, dont la moitié pour une durée inférieure à… huit jours.

Et la valse des exonérations de cotisations sociales patronales se poursuit. Au 1er avril, les cotisations d’allocations familiales sont passées de 5,25 à 3,45% pour les salaires compris entre 1,6 et 3,5 fois le SMIC. Le 1er mai, c’est la contribution sociale de solidarité des entreprises qui va être supprimée pour 80 000 entreprises supplémentaires. Les actionnaires du CAC 40 se réjouissent. La palme revient au Crédit Agricole avec son augmentation de 71% des dividendes versés.
Gattaz devrait être «aux anges». Et pourtant, à moins que cela ne soit qu’une énième posture pour maintenir la pression sur le gouvernement, la panique semble gagner le patron du MEDEF au sujet du projet de loi Travail : «Ce texte est un gâchis. Il dégrade la confiance et rajoute de la complexité aux chefs d’entreprises». En effet, ce mardi 19 avril, il lance un ultimatum et exige une réécriture de celui-ci dans les trois semaines. Sinon, il déclare en demander le retrait pur et simple. Chiche !

Gattaz menace également de sortir de la négociation de l’assurance chômage, en pointant la CGT et FO, qui «pratiquent la lutte des classes et détestent l’entreprise et l’économie de marché».

En finir avec la lutte des classes et exiger que les organisations syndicales renoncent à défendre les intérêts particuliers de la classe ouvrière, au nom d’un intérêt supérieur et du bien commun, tel est le vieux programme du maréchal Pétain et sa charte du travail de 1941, avec son fameux « Plus de grève, (...) mais partout l’esprit de conciliation ». C’est la recommandation de l’encyclique papale « Rérum Novarum » du 15 mai 1891 qui invite les ouvriers au calme : « L’homme doit prendre en patience sa condition, il est impensable que dans la société civile, tout le monde soit élevé au même niveau (…) la douleur et la souffrance sont l’apanage de l’humanité  (…) Dans la société, les deux classes (les capitalistes et la classe ouvrière) sont destinés, par la nature, à s’unir ».

N’en déplaise au président du MEDEF qui rêve d’un retour au contrat de louage de service, débarrassé de toute contrainte, nous allons organiser la riposte par la grève et tout mettre en oeuvre pour obtenir le retrait du texte scélérat.

Avec le Comité Confédéral National de la CGT-Force Ouvrière réuni la semaine dernière*, nous invitons tous les militants à préparer la journée de grève interprofessionnelle du 28 avril, en organisant des assemblées générales communes dans les entreprises et administrations et en décidant de « la poursuite de l’action, en particulier par la grève », jusqu’au retrait du projet de loi.

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* Résolution du CCN du 14 avril 2016 à lire ci-dessous