Centre hospitalier universitaire - Néonatalogie - Soins Intensifs
Face à des conditions de travail dégradées et une mise en danger grandissante des patients, les soignants du CHU de Nantes ont mené une mobilisation acharnée pour obtenir des créations de postes dans les services de Néonatalogie et de Soins Intensifs de Néonatalogie.
Vous avez annoncé la création de 8,5 postes dans les services de Néonatalogie et de Soins Intensifs de Néonatalogie, comment cela s’est-il passé ?
Tony : Ces postes ont été arrachés après plusieurs mois de grève et de mobilisation des soignantes qui ont tenu bon malgré le mutisme de la direction. En décembre dernier, les agents de ces services nous ont sollicités pour dénoncer les conditions de travail et d’accueil des patients de plus en plus dégradées et qui mettaient en péril la santé des nouveaux nés. Elles revendiquaient des créations de postes pour répondre à la charge en soins qui a considérablement augmenté ces dernières années.
Jérémy : Dans ces services normés, le nombre de soignants fixé par décret n’était plus en adéquation avec cette charge en soins, ce qui a provoqué un épuisement des équipes et une mise en danger des patients. Si la direction a consenti à nous recevoir avec les équipes une première fois pour les négociations dans le cadre du préavis, elle est ensuite restée muette aux revendications des collègues qui s’épuisaient de plus en plus.
Tony : L’équipe subissait même des pressions par rapport aux affiches « en grève » apposées dans le service et à cause des articles de presse qui faisaient état de la mise en danger des patients.
Comment la situation s’est-elle débloquée ?
Tony : Malgré ces pressions, 30 soignantes se sont mobilisées en janvier avec FO devant le CHU pour alerter la population sur les risques engendrés par le manque de moyens pour les nouveaux nés. Ensemble, nous avons réalisé une diffusion massive de tracts et nous avons fait signer une pétition qui a recueilli 250 signatures en moins d’une heure. J’ai aussi profité de mon mandat au Conseil de Surveillance du CHU pour dénoncer le mutisme de la direction et les dangers de sa politique tant sur les hospitaliers que sur les patients.
Jérémy : Ces alertes ont obligé la direction à fermer des lits pour respecter les décrets. Ces fermetures démontraient malheureusement le manque de personnels. Malgré tout, cela n’a pas suffi à les faire basculer. Ce qui a mis le feu aux poudres, ce sont les annonces sur les 2 millions d’excédent budgétaire réalisés par la direction. Travailler dans des conditions de mise en danger permanentes de patients et découvrir de tels bénéfices dont le directeur général se félicitait, cela a été insupportable pour les collègues. La goutte d’eau ! Le jeudi 20 mars, nous avons donc organisé un rassemblement devant le CHU. Les 30 collègues qui ont pu répondre à l’appel étaient déterminées à obtenir les réponses et ont décidé d’envahir les bureaux de la direction.
Comment a réagi la direction face à cette mobilisation soudaine ?
Jérémy : Le DRH était surpris mais il a accepté de nous recevoir au pied levé et a été obligé d’écouter les équipes qui ont pu réaffirmer la nécessité de satisfaire les revendications pour éviter les drames.
Tony : Parce qu’on est monté d’un cran dans la mobilisation, la direction a accepté la réouverture de négociations. Il y a eu une réunion puis de nouvelles alertes et pour finir, nous avons été reçus par notre directeur général le 22 avril. C’est à ce moment qu’ils nous ont annoncé la création de ces 8,5 postes. 1,5 poste immédiatement et 7 pour janvier 2026.
Comment les équipes ont-elles accueilli cette nouvelle ?
Jérémy : Les collègues étaient trop impactées par la multiplication des arrêts et la charge de soins était toujours trop importante. Elles ont donc décidé de maintenir la pression et ont maintenu la grève afin d’obtenir la création immédiate d’au moins deux postes supplémentaires.
Tony : Alors que de nouvelles actions étaient en préparation, la direction a cédé le 30 avril en annonçant la création des deux postes. C’est ce qui a permis aux soignantes qui ont mené un combat difficile d’entrevoir les perspectives d’une véritable amélioration.
D’autres actions ou bien d’autres mobilisations sont-elles prévues ?
Jérémy : Nous allons continuer de soutenir ces équipes parce que tout n’est pas réglé. Nous allons maintenir la pression et faire connaître ce combat qui prouve que la grève fait gagner sur les revendications ! Sur un tract, nous appelons l’ensemble des services à établir leur cahier de revendications et à déposer des préavis de grève avec FO.
Tony : Nous accompagnons d’ores et déjà le service d’Hôpital de Jour d’Oncologie qui a déposé un préavis de grève avec FO. Les collègues dénoncent eux aussi l’augmentation de la charge en soins. Aujourd’hui, les délais d’attente pour les patients pour une chimio atteignent parfois sept semaines. Les médecins sont obligés de trier les patients. Au CHU, nous subissons en direct la barbarie imposée par l’austérité imposée par Macron. L’annonce de nouvelles coupes de 40 milliards sur le budget 2026 en plus des 52 est une véritable provocation. Attention à la prochaine goutte d’eau…
Nous le savons, c’est le rapport de force qui pourra modifier la situation à l’image de la détermination de ces deux équipes. Nos camarades se battent également dans la région comme au Mans, à Laval ou au CHU d’Angers où 1046 hospitaliers s’adressent à la directrice générale pour faire valoir leurs revendications. Nous allons donc continuer à nous organiser plus largement. Le 27 mai, nous allons nous réunir au plan régional avec les secrétaires des Unions départementales afin de décider des suites.
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- Article paru dans L'Ouest-Syndicaliste n°756
- Permanences des Syndicats FO en Loire Atlantique