Quand l'Inspection d'Académie demande aux anciens profs de jouer les «casseurs de grève»....
L’Inspecteur d’académie du Maine-et-Loire a demandé aux enseignants en retraite de remplacer les grévistes le 29 janvier, lors de la grève interprofessionnelle.
Cette initiative met en cause le droit de grève et manifeste une volonté d’opposer les retraités aux actifs, voulant même les indemniser sur les retenues sur salaires de leurs collègues grévistes.
Elle révèle en même temps les difficultés à faire passer dans les faits la loi sur le « service minimum d’accueil dans les écoles. »
L’Inspecteur d’académie du Maine-et-Loire a demandé aux enseignants en retraite de remplacer les grévistes le 29 janvier, lors de la grève interprofessionnelle.
Cette initiative met en cause le droit de grève et manifeste une volonté d’opposer les retraités aux actifs, voulant même les indemniser sur les retenues sur salaires de leurs collègues grévistes.
Elle révèle en même temps les difficultés à faire passer dans les faits la loi sur le « service minimum d’accueil dans les écoles. »
Manque de pot pour l'Inspection d'Académie, une des demandes fut adressée à Paul BARBIER, ancien Secrétaire général du SNUDI FORCE OUVRIERE. Vous pourrez lire, à la suite, la réponse de notre camarade.
Madame l’Inspectrice d’Académie
Directrice des Services Départementaux
de l’Education Nationale de Maine et Loire
Directrice des Services Départementaux
de l’Education Nationale de Maine et Loire
Madame l’Inspectrice,
Dans votre courrier en date du 16 janvier 2009. vous sollicitez mon concours pour la mise en œuvre du droit d’accueil dans certaines petites communes les jours de grève des enseignants.
L’effet de surprise passé, j’ai été saisi d’un sentiment de malaise devant une telle démarche.
Si je comprends bien, vous me demandez de servir de supplétif au Ministre de l’Education nationale qui rencontre les plus grandes difficultés dans la mise en œuvre de sa loi sur le service minimum d’accueil dans les écoles qui, pour la majorité de mes collègues, s’apparente, dans les faits, à une tentative de remise en cause de leur droit à faire grève.
Vous ajoutez que si je souhaite m’engager dans ce cadre, les municipalités me communiqueront tous les documents administratifs nécessaires.
Si je me réfère à la loi et aux textes d’application, les documents administratifs auxquels vous faites référence doivent correspondre aux documents à remplir pour que je puisse être indemnisé sur les fonds constitués par les retenues sur salaire des enseignants grévistes…
Pour parler clair, vous me demandez d’être ce qu’on appelle communément un « jaune ».
Bien sûr, vous allez me répondre qu’il ne s’agit pas de cela mais de venir en aide aux familles qui ont des difficultés à faire garder leurs enfants les jours de grève.
Madame l’Inspectrice d’Académie,
Permettez-moi de réfuter un tel argument qui n’est qu’un prétexte.
D’abord, parce qu’avant la loi, et vous le savez comme moi, les choses se passaient globalement bien.
D’ailleurs, j’ai eu l’occasion, alors que j’occupais des responsabilités syndicales au niveau national, de rappeler à Monsieur le Ministre que les enseignants, qui sont des gens responsables, prenaient toujours les dispositions nécessaires en cas de grève pour prévenir les parents suffisamment tôt afin d’éviter les problèmes. Ce dont Monsieur DARCOS avait convenu.
Et puis surtout, je n’accepte pas qu’on évoque le «bien être » des élèves alors que toute la politique ministérielle en matière scolaire va à l’encontre de cet objectif.
Je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler l’ensemble des mesures prises contre l’enseignement pubic, en particulier ces derniers mois.
Madame l’Inspectrice d’Académie,
Vous l’aurez compris : non seulement je ne suis pas « disponible pour assurer ce travail », mais je m’oppose fermement à cette initiative qui, si j’en crois mes informations, émane du ministère.
Et puis, parce que pour moi la solidarité entre les salariés (qu’ils soient actifs chômeurs ou retraités) n’est pas un vain mot, je vous informe que le 29 janvier, je serai au côté de mes collègues qui seront en grève et qui manifesteront.
Persuadé que vous comprendrez le sens de ma démarche, je vous prie de croire, Madame l’Inspectrice d’Académie, en ma fidélité à l’école publique laïque (dont j’ai été l’un des maîtres pendant 38 ans et que j’entend bien continuer à servir) mais aussi en mon attachement au droit de grève inscrit dans la Constitution de notre pays et dans les Conventions de l’Organisation Internationale du Travail que la France a ratifiées.
Paul BARBIER
Instituteur honoraire
Ancien Secrétaire général du SNUDI FORCE OUVRIERE