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12 décembre 2012

Édito: LE SPARADRAP DU CAPITAINE HADDOCK

L'Éditorial de Jean-Claude Mailly

De conflits en promesses et déclarations, le dossier ArcelorMittal de Florange dure depuis dix-huit mois.
En jeu, l’avenir d’un site industriel sidérurgique alliant deux filières: la chaude (les hauts-fourneaux) et la froide (le laminage). Donc l’avenir également des emplois concernés.

Un industriel, Mittal, lourdement endetté et dont les résultats financiers priment sur l’activité industrielle. Il faut d’ailleurs noter ici que lorsque les hauts-fourneaux ne fonctionnent pas, Mittal gagne de l’argent sur les marchés financiers en revendant les quotas de CO2 non utilisés! Un industriel peu réputé par ailleurs pour tenir ses engagements et qui raisonne mondialement, au-delà des gouvernements qui ne semblent guère l’impressionner.

Ainsi, quand il a fermé Gandrange, il s’était engagé à investir 320 millions d’euros sur Florange, ce qui n’a pas été fait.

Il y a moins d’un mois, à l’occasion d’un déplacement en Moselle, je m’étais prononcé, en accord avec la Fédération des Métaux, l’Union départementale et notre syndicat, pour une réquisition du site. En effet, Mittal ne veut plus des hauts-fourneaux mais veut conserver la filière froide, et les repreneurs éventuels sont intéressés par l’ensemble du site.

Nous rappelions, ce faisant, que la loi annoncée comme pouvant obliger un industriel à vendre un site et non à le fermer était toujours attendue. Il est vrai que le projet était prêt, mais que l’ex-Secrétaire général de la CFDT voulait le négocier avec le patronat!

Aussi, lorsque le ministre du Redressement productif annonce une nationalisation temporaire et l’existence d’un repreneur pour l’ensemble du site, nous appuyons publiquement ce choix.

Soyons clairs: nous ne pouvons penser un seul instant que cette annonce ne soit qu’une déclaration sur un coup de tête. Elle a été travaillée financièrement et juridiquement compte tenu du contexte, un dossier était prêt. Il s’agit là d’une réponse stratégique et industrielle relevant du rôle des pouvoirs publics s’ils veulent effectivement reprendre la main sur les marchés. D’où l’espoir qu’elle a suscité chez les salariés concernés.

Ajoutons encore que pour qu’une telle annonce soit faite, on suppose aisément qu’aucun feu rouge n’avait été allumé ou brandi «au-dessus» du ministère concerné. Patatras! Matignon annonce qu’il n’y aura pas de nationalisation temporaire et qu’un accord a été trouvé, vite fait bien fait, avec Mittal.

Un accord qui fut rendu difficilement public et qui a reçu une volée de bois vert de la part des salariés et des syndicats notamment, dont Force Ouvrière, le secrétaire du syndicat et Walter Broccoli l’ayant qualifié, en disant que c’était du vent, de coquille vide.

De fait, Mittal a obtenu ce qu’il voulait, c’est «Mittal gagnant», comme le disent les Guignols de l’info.

Les hauts-fourneaux ne redémarrent pas, le projet Ulcos est repoussé, les sommes annoncées correspondent pour l’essentiel à de l’entretien, d’autres sites sont touchés, tel Basse-Indre.

Si le gouvernement pense que, ce faisant, il échappera à d’autres demandes de nationalisation, il se trompe.

Le choix gouvernemental est une erreur.

Que représente le 1 milliard d’euros annoncé par rapport aux 20 milliards d’euros accordés aux entreprises sans contrepartie?

Pour toutes ces raisons, nous considérons que le dossier est loin d’être clos, ainsi que la nationalisation temporaire. Le fait qu’il n’y ait pas de plan social, mais des départs en retraite et des départs «volontaires», est loin d’être suffisant.

Une stratégie industrielle publique, indispensable, implique une volonté publique et des actes. Ce qui n’est pas le cas et cela risque d’être, pour le gouvernement, le sparadrap du capitaine Haddock, celui dont on n’arrive pas à se débarrasser. La vigilance, comme la résistance s’imposent donc.

C’est aussi, par exemple, le cas sur un autre dossier industriel, celui d’EADS, où le gouvernement vient d’accepter de réduire le poids de l’État français de 15% à 12% à la demande du gouvernement allemand, EADS devenant de fait plus dépendante des marchés financiers.

Nous aurons l’occasion d’y revenir.
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ARCELOR-MITTAL FLORANGE : LES LIMITES DU GOUVERNEMENT