InFOrmation syndicale

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12 décembre 2009

SOYONS MODERNES, NATIONALISONS !

La crise serait paraît-il finie ! Même Dominique Strauss-Kahn le dit !

Faut dire que l’actuel directeur du FMI, candidat putatif aux prochaines élections présidentielles, n’a aucune raison personnelle de s’inquiéter.

Avec un salaire annuel net et non imposable d’environ 500 000 dollars, à l’abri du besoin, il est quand même normal qu’il fasse son travail.

« Urbi et Orbi », il répand donc la bonne nouvelle : la crise est finie ! Prudent, il précise tout de même que de mauvaises surprises sont encore possibles, certaines banques pouvant encore camoufler des « fonds pourris » , et qu’en conséquence on n’est pas totalement à l’abri de défaillances.

N’empêche, la crise est finie !

Et pourtant, vendredi matin, patatrac, c’est Dubaï qui annonce un « défaut de paiement » de 80 milliards de dollars. Selon le Figaro du 25 novembre, l’émirat lui-même serait au bord de la faillite.

Nous savons de même qu’en Allemagne le gouvernement a été obligé de « recapitaliser » une banque régionale en difficulté. Egalement que plusieurs pays d’Europe de l’Est, en particulier l’Ukraine et les Pays Baltes, devront être "soutenus".

La crise est finie !

Mais en octobre, « Pôle-Emploi » a enregistré 52 400 chômeurs de plus en catégorie A, ce qui fait 2 627 300 inscrits dans cette catégorie. 3 788 200 chômeurs, si l’on compte les catégories A B et C; et, si l’on ajoute ceux qui sont en CRP (convention de reclassement personnalisé) et CTP (100 000 Contrats de transition professionnelle), plus ceux qui sont en formation (150 000), on arrive à plus de 4 millions de chômeurs.

Une fois encore, il est vérifié que les discours lénifiants, à un moment ou un autre, se heurtent aux réalités.

Non seulement la crise n’est pas finie, mais malheureusement, le plus probable, est qu’elle risque de produire ses effets désastreux pendant encore longtemps.


Toutes les informations que nous pouvons recueillir au plan local confirment cette appréciation. Pour l’instant les entreprises ne voient pas « le bout du tunnel ». Bien au contraire, beaucoup d’entre elles ont épuisé toutes les solutions permettant de « réduire la voilure », ce qui se traduit par l’augmentation du chômage. Nombre d’entre elles se sont efforcées de maintenir les effectifs à un niveau suffisant pour pouvoir faire face à une reprise réelle. Il faut même reconnaître que ce niveau d’emploi est parfois supérieur aux stricts besoins, compte tenu de la faiblesse des carnets de commande.

Il est donc évident que si la crise se prolonge, les licenciements risquent de se multiplier dramatiquement.

Peut-être sommes nous à la veille du pire.

C’est dans ce contexte que Sarkozy et Thibault co-organisent « les Etats généraux de l’industrie ». C’est à en pleurer… de rage !

Au moment où des centaines de milliers de salariés se retrouvent avec leurs familles jetés à la rue, on nous propose de collocuter, de bavarder sur l’accompagnement de la crise.

Cherchant à associer les organisations syndicales à la gestion des licenciements, voilà que l’on nous ressort cette idée éculée, maintes fois condamnée par notre Confédération, « d’un pacte économique et social ».

Ces « empactés » ne doutent de rien, ils pensent même qu’ils vont réussir à nous compromettre dans leurs viles tentatives d’asservissement.

Naturellement, les partisans du syndicalisme étatisé et verticalisé, les signataires de la "Position commune" s’engouffrent avec délectation dans cette mystification.

Pour notre part, fidèles à nos origines, nous continuons à défendre les intérêts particuliers de la classe ouvrière. C’est pourquoi nous écrivons au Préfet , à la fois pour décliner son invitation aux « Etats généraux » , et aussi pour lui demander de recevoir une délégation de notre organisation.

Face à la catastrophe qui vient, nous voulons dire au représentant de l’Etat qu’il est urgent, comme le demande notre organisation, de décider d’un moratoire sur les licenciements. Comment peut-on relancer l’économie si l’on continue à licencier en masse, alors que le gouvernement et le patronat continuent à dégrader le pouvoir d’achat des salariés, et, petit à petit, détruire notre protection sociale ? Comment accepter, par exemple, que les plus fragiles, les travailleurs handicapés, soient licenciés ? Nous dirons au Préfet qu’il n’est pas acceptable qu’une association, EARTA, employant des handicapés et financée à hauteur de 55 % par des subventions publiques, soit conduite à licencier 30 salariés.

Nous dirons aussi que nous n’acceptons pas que les Chantiers de l’Atlantique (STX), dernier chantier naval d’ampleur de notre pays, soient conduits à petit feu à la fermeture.

Avec 2 600 salariés, bientôt 2 300 après le plan de départs volontaires en cours, « les Chantiers » arrivent au seuil critique.

Selon les anciens directeurs, en dessous de 2 000 salariés, il ne sera plus possible de construire les grands paquebots qui, tels « Le France » ou plus récemment le « Queen Mary II », ont fait la réputation des Chantiers de St-Nazaire. Une délégation de notre Union locale de St-Nazaire a été reçue par le Sous-Préfet. Elle a demandé que l’Etat prenne ses responsabilités. C’est sur injonction de l’Union européenne que le groupe Alstom a « vendu » à prix d’ami les chantiers à Aker Yards, qui, un an plus tard, a fait une formidable plus-value en revendant ses actions aux coréens STX.

Aujourd’hui, l’Etat est propriétaire de 33,4 % des actions, STX de 50,1%.

Pendant que d’autres bavardent dans des « Etats généraux », nous dirons au Préfet que notre Union départementale n’acceptera pas que les « Chantiers » soient liquidés. Nous exigeons que l’Etat, nonobstant les oukases de l’Union européenne, prenne ses responsabilités.

Conformément au mandat de notre Congrès confédéral, de notre Union départementale, et de notre Union locale, nous demanderons la nationalisation des « Chantiers ».

Nous demanderons à être reçus par le Premier Ministre, qui par ailleurs est l’ancien Président de la Région des Pays-de-la-Loire ; et, tranquillement, mais avec persévérance, nous imposerons que chacun prenne ses responsabilités.

Contre les néo-archéos, contre les bigots de la « loi » de Maastricht, qui palabrent dans les "Etats généraux", dévotement soumis au dogme de la « concurrence libre et non faussée » dont les conséquences funestes ont précédé la crise, soyons modernes : refusons la fatalité de la désindustrialisation et des délocalisations. Nationalisons, (re)nationalisons !

Contre les "accompagnateurs", contre ceux qui, pleins de larmes de crocodile, liquident notre industrie et nos emplois, avec la classe ouvrière, avec les démocrates, et avec tous les gens honnêtes qui veulent se battre, nous défendrons "les Chantiers".

Parce qu’ils méritent d’exister.

Mais aussi parce que, au-delà même du département, ils sont l'un des symboles de l’industrie qu'il faut sauver pour préserver nos emplois.

Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique