Organismes sociaux
La suppression continue des effectifs au sein des organismes de Sécurité sociale et la mise en place de logiciels qui dysfonctionnent entraînent des retards de paiement conséquents pour les assurés. La hausse considérable de l'activité, les injonctions contradictoires, l'absence de réponse à hauteur des enjeux de la Direction, ainsi que le désarroi et la colère des assurés qui s'expriment sur le terrain se répercutent sur les conditions de travail des agents de la Sécurité sociale.
FO a notamment été partie prenante d'un droit d'alerte exercé au sein de la Carsat Pays de la Loire... tout cela dans un contexte où le gouvernement bloque toute perspective de revalorisation des salaires à hauteur de l'inflation.
Interview de Erwan Lever, délégué syndical FO CARSAT et élu titulaire FO au CSE et Delphine Rivière, élue titulaire FO au CSE - Article paru dans L'Ouest Syndicaliste n°730
Différents titres de presse ont rendu compte durant l'été de la situation alarmante des organismes de Sécurité sociale. Qu’en est-il au sein de la Carsat Pays de la Loire ?
EL – A l’exception des phases de recrutement au début des années 2000, nous connaissons une baisse constante des effectifs depuis la mise en place en 1996 des conventions d’objectifs et de gestion (COG). Un départ à la retraite sur 3 n’a pas été remplacé. L’activité est quant à elle en constante progression.
DR – En même temps que nous subissons cette situation de sous-effectif, la direction a mis en place au niveau national deux nouveaux outils informatiques qui ne fonctionnent pas. à partir de ce moment-là, nous avons commencé à perdre totalement pied. Des dossiers sont bloqués, sans que nous ne puissions rien faire. Des retards de paiement s’accumulent, allant parfois jusqu’à quatre mois à partir de la date d’effet du droit, particulièrement pour les salariés passés par le régime des indépendants. Rien n’est prévu pour débloquer les paiements.
EL – Comme si cela ne suffisait pas, nous dénonçons également les injonctions contradictoires, les orientations changeantes auxquelles il faut s’habituer, la fuite en avant de la direction qui fait appel aux heures supplémentaires pour les révisions des liquidations provisoires sans rien résoudre sur le fond.
Comment les usagers réagissent-ils à cette situation ?
DR – Les pensionnés réclament leurs dus. Privés de revenus, certains se retrouvent dans des situations dramatiques, avec des risques d’expulsion de leurs logements. En plus de tout ce que nous avons décrit jusqu'à présent, les personnels doivent également faire face à la multiplication des réclamations écrites ou orales. Sur les temps d’accueil physique, nous entendons des cris, des plaintes, des pleurs, voire des menaces de suicides... Tout cela est devenu intolérable.
Est-ce la raison pour laquelle FO est partie prenante d’un droit d’alerte exercé fin juin ?
DR – Tout à fait. Fin juin, dans un cadre intersyndical, les élus CSE ont exercé leur droit d’alerte pour mettre la direction face à ses responsabilités quant au mal être qu’expriment les personnels, qui se traduit notamment par une augmentation significative des problématiques médicales, des arrêts longs, des symptômes dépressifs et des tensions entre les collègues. Ce droit d’alerte nous a permis de mener une enquête auprès des 465 agents des services concernés. Le taux de participation a été de 76 % et les retours ont totalement confirmé les alertes syndicales.
EL – Une fois encore cependant, les réponses de la direction ne sont pas à la hauteur : rien sur les effectifs, rien sur les outils, rien sur la reconnaissance salariale, rien sur les solutions pour les dossiers bloqués. Fin juillet, la direction a seulement mis en œuvre un numéro vert vers un psychologue. Notre direction a depuis rencontré la direction de la Caisse nationale de l’assurance vieillesse (CNAV) ce vendredi 2 septembre.
Qu'est-il ressorti de cette rencontre ?
EL – La CNAV refuse le retrait de l'outil et, à ce jour, aucune enveloppe complémentaire n'est envisagée pour des embauches supplémentaires.
La main est à laisser à l'UCANSS pour la revalorisation du point d'indice. Au niveau local, toujours pas d'enveloppe complémentaire pour des points bonus ou la création de parcours dans les différents secteurs. La Direction veut se calquer sur l’augmentation générale du point d’indice à 3,5 %, soit la moitié de l’inflation. Nous revendiquons a minima 7 %. Nous avons tenu une assemblée générale des personnels ce mardi 13 septembre réunissant une soixantaine de salariés. La prochaine date de négociation nationale sur les salaires étant fixée le 20 septembre prochain, l'assemblée générale a décidé d'un rendez-vous sur la place Bretagne, pour tout le personnel de la Carsat sur la pause déjeuner, qui s'étendra sur un débrayage jusqu'à 14h55. L'idée est de se montrer et d'influer sur les négociations nationales au moment où elles auront lieu, mais aussi d'en profiter pour alerter et informer les assurés de notre situation, ainsi que de l'impact qu'elle a sur le service qui leur est rendu (et vice versa). Nous espérons cette mobilisation massive, et pourquoi pas être rejoints par les autres organismes de sécurité sociale qui subissent sensiblement les mêmes problèmes dans leurs organismes, ainsi que par les retraités.
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- Alerte sur le paiement des retraites | CARSAT Pays de la Loire