InFOrmation syndicale

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24 septembre 2010

CINETIC : INTERVIEW DE NICOLAS JANNEAU


Quiconque déplaît au patron n'aura plus droit aux
"augmentations générales". CFDT et CGC cautionnent !


Nicolas Jeanneau, délégué syndical,
secrétaire de la section FO de CINETIC

- L'Ouest Syndicaliste : La section FO de CINETIC vient, à trois occasions en l'espace de quelques mois, de démontrer l'efficacité de la pratique contractuelle du syndicalisme indépendant. Et aussi sa différence avec la CFDT et la CFE-CGC, que l'attrait pour la co-gouvernance de l'entreprise conduit à traquer "les salariés ayant une contribution insuffisante dans le cadre de leur fonction".

Pourrais-tu donc nous faire le point de la situation sociale et syndicale chez CINETIC ?

Nicolas Jeanneau : Pour prendre les choses dans l'ordre chronologique, je parlerai d'abord de la conclusion de l'accord sur les "déplacements" que FO, majoritaire dans l'entreprise, est parvenue à arracher en mai dernier après 8 mois de négociation.

Les machines que nous produisons à destination de l'industrie automobile sont exportées sur tous les continents : Union européenne, Russie, Amériques du Nord et du Sud, Chine, Inde, etc.

Elles sont installées là-bas par nos techniciens ; et pour eux évidemment l'enjeu des conditions et frais de déplacement n'est pas une mince affaire.

Or, jusqu'en 2009, les règles de calcul des frais de mission, rafistolées au fil des années, constituaient une usine à gaz où nul ne se retrouvait : pas plus les salariés que la direction elle-même.

Celle-ci nous a donc proposé, en octobre dernier, et nous avons été d'accord, de tout remettre à plat au profit de critères plus transparents. A charge pour la direction d'établir ses propositions, et pour les syndicats de lister leurs demandes précises.

Mais quand les propositions des uns et des autres ont été sur la table, le document FO, exhaustif, faisait 6 pages, et celui de la direction se réduisait à un quart de page au contenu des plus flous. Du vide intégral sur tout: de l'hébergement hôtelier à la modulation du temps de travail au retour des missions.

La direction nous donnait un mois pour conclure... sur ce vide. Nous avons refusé et obtenu la constitution d'un groupe de travail chargé de tout examiner en détail. La discussion point par point a finalement duré 8 mois; et comme FO avait bétonné ses demandes, nous avons réussi à tout faire passer.

Mais alors que tout était pratiquement bouclé, la direction a fait, à notre insu, une modification "technique" du projet.

Modification d'apparence anodine. Mais nous nous sommes rendu compte que la nouvelle variable subrepticement introduite faisait perdre de l'argent aux salariés.

FO est donc remontée au créneau ; et 15 jours plus tard la direction remballait sa proposition-piège.

Du coup, fin mai 2010, nous avons pu signer un accord aujourd'hui salué par tous les salariés concernés par les déplacements.

- O.S. : Un mois plus tard, en juin, le patron a accepté de lâcher, comme le revendiquait FO pour la NAO 2010, 2% d'augmentation,... alors que les "enveloppes" revendicatives de la CFDT et de la CFE-CGC tournaient elles seulement autour de 1,5%.

Comment se fait-il dans ces conditions que CFDT et CGC se retrouvent signataires de l'accord, et pas FO ?

N. Jeanneau : Nous revendiquions 1,5% d'AG et 0,5% d'AI. La direction a cédé à la revendication FO sur le total AI-AG de 2%, mais sur la base 1% d'AG et 1% d'AI.

Notre non-signature de l'accord NAO 2010 ne vient pas de cette répartition patronale à égalité des AI et des AG. On peut toujours négocier et transiger sur la part respective des augmentations générale et individuelles.

Si nous avons refusé de signer, c'est pour une raison d'une toute autre nature : la direction a assorti cet accord salarial à 2% d'une clause que toute organisation syndicale digne de ce nom ne saurait accepter : la suppression du bénéfice de "l'augmentation générale" à tout "salarié ayant eu une contribution insuffisante dans le cadre de (sa) fonction" .

La CFDT et la CFE-CGC, elles, n'ont pas eu d'états d'âme. Elles ont signé l'accord... et la clause inadmissible qui va avec.

Je pose la question aux signataires : est-ce là la mission d'une organisation syndicale que de se transformer en co-gestionnaire de l'entreprise, discutant avec le patron du tri entre salariés méritants et non méritants? N'est-ce pas là vider de leur objet les accords collectifs que d' "individualiser" les augmentations "générales" ? N'est-ce pas là offrir au patronat l'arbitraire d'une nouvelle férule : quelle que soit l'inflation, salaire bloqué pour quiconque est dans la mire de son supérieur hiérarchique, de celle de la direction... et/ou des co-gestionnaires syndicaux de service ?

- O.S. : La direction a-t-elle expérimenté sa férule ?

N. Jeanneau : Oui. Avec, pour reprendre certaine imagerie militaire, un fusillé pour l'exemple.

- O.S. : Quelle a été la réaction de FO ?

N. Jeanneau : Nous avons immédiatement défendu ce collègue. Avec le mandat de la section, j'ai déposé à la direction une lettre l'avertissant de notre appel à un débrayage de solidarité le 15 septembre dernier.

Le lendemain même du dépôt de ce courrier, la direction a senti le vent du boulet. Une réunion, à laquelle je participais, a été organisée avec tout le personnel et l'encadrement du service où le salarié sanctionné était en poste. Il en est ressorti que... ce salarié méritait les 1% d'AG. Et du coup le débrayage n'avait plus lieu d'être.

C'est là le troisième acquis depuis mai 2010 de Force Ouvrière à CINETIC : après la revalorisation des déplacements, puis les 2% d'augmentation obtenus quand CFDT et CGC se satisfaisaient de 1,5, nous avons fait échec à l'application la clause inadmissible précitée, avalisée par les mêmes CFDT et CGC.

Inutile de préciser dans ces conditions que la direction serait bien inspirée de ne pas tenter de nous refourguer ladite clause lors de la prochaine NAO.

Dans la tradition de notre confédération, la section FO de CINETIC demeure viscéralement attachée à la pratique contractuelle, et donc à la négociation d'accords donnant, pour reprendre l'expression d'André Bergeron, du "grain à moudre" aux salariés.

Mais nous ne sommes pas la CFDT. Les choses sont claires pour tout le monde.

Paru dans L'Ouest-Syndicaliste