Contre "la stratégie de l'axe CGT-CFDT", multiplication des appels intersyndicaux au "retrait"
C'était prévisible, ou plus exactement plié d'avance: Lors de la rencontre intersyndicale du 23 août dernier en vue d'une plate-forme nationale commune d'appel au 7 septembre, les représentants de la CGT et de la CFDT sont montés au créneau pour qu'en aucun cas ne figure dans le texte l'exigence du "Retrait" du projet gouvernemental sur les retraites.
Il ont opposé une fin de non-recevoir à Michelle Biaggi, qui au nom de notre confédération, proposait au contraire de faire du "retrait" l'axe d'attaque commun.
Comme FO, la FSU et Solidaires se disent aussi, un peu mollement il est vrai, pour le "retrait". Et la mollesse de l'exigence explique que Solidaires et la FSU n'ont pas eu trop de mal à se faire une douce violence pour apposer leur signature sur un texte d'où les termes "retrait" ou "abandon" étaient bannis.
La CGT-Force Ouvrière se trouve donc être au niveau national la seule organisation syndicale à appeler au 7 septembre sur la base du retrait. Seule, mais pas, et de moins en moins, isolée. Elle a pour elle, comme face au plan Juppé-CFDT de 1995 et face à la réforme des retraites Fillon-CFDT version 2003, la force de l'indépendance. Elle parle clair, elle exprime la revendication profonde des travailleurs, et par là même ce que nombre de militants (et même de responsables) des autres organisations syndicales aimeraient entendre de leurs dirigeants nationaux.
Jean-Claude Mailly, notre secrétaire général, pose la vraie question de l'heure dans son dernier éditorial de FO-Hebdo : "Il faut être sans ambiguïté. Quand un projet ne convient pas du tout et qu'il n'est pas amendable, il faut revoir entièrement la copie. Quand un plat est raté et toxique, il faut mieux le jeter (...) Car ce n'est pas en ajoutant une pincée de sel ou une cuillère d'huile qu'on changera la donne".
Il est donc nullement étonnant que, plus on approche du 7 septembre, se multiplient sur le terrain les appels intersyndicaux au "retrait", ou, formule synonyme, à "l'abandon" du projet gouvernemental.
En dépit des consignes de Thibault, allègrement enfreintes par nombre de syndicats CGT, le mouvement avait commencé dès le printemps... Et il n'a pas connu de trêve estivale. Bien au contraire, les choses se sont accélérées ; et à l'heure où nous bouclons ce numéro (lundi 30 août), le phénomène pourrait même mettre le "turbo". Non seulement dans les quelques jours qui nous séparent du 7 septembre, mais aussi et plus encore lorsque se posera la question inévitable des suites à donner au 7 septembre. C'est désormais par centaines que se comptent dans les entreprises, les administrations, les localités, etc. , les appels intersyndicaux au "retrait". Et d'ores et déjà on enregistre un développement des appels intersyndicaux au niveau, cette fois, des Unions Départementales.
Parmi les derniers en date, celui des UD Force Ouvrière et CGT des Hauts-de-Seine, également signé de la FSU et de Solidaires 92.
En Loire-Atlantique (http://fo44.blogspot.com/2010/08/declaration-fo-fsu-solidaire-greve.html), un appel de ce type avait été rendu public par l'UD-FO, la FSU et Solidaires 44 le 9 juillet dernier. Il fut suivi d'une conférence de presse commune le 16, où, interrogés par les journalistes sur les raisons de leur engagement local avec FO, les représentants de Solidaires et de la FSU exposèrent que le choix était entre la capitulation devant le syndicalisme d'accompagnement ou le procès de "la stratégie de l'axe CGT-CFDT".
Hélas, par un paradoxal chassé-croisé, au moment même où se multiplient, à quelques jours du 7 septembre, les appels locaux et départementaux FO-CGT-FSU-Solidaires au retrait d'un texte "ni amendable ni négociable", Solidaires 44 et la FSU 44, cédant sans doute à de bien hautes et influentes pressions, viennent de nous faire savoir que le tourbillon de "l'axe CGT-CFDT" avait fini par les rattraper et les happer.
... Ce qui n'empêchera pas FO, avant comme après le 7 septembre, de continuer à se battre, sans exclusive et à tous niveaux en Loire-Atlantique comme ailleurs, pour l'unité intersyndicale sur la base du "retrait".