InFOrmation syndicale

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18 juin 2013

RETRAITES: «FO MOBILISERA SI LES PISTES DU RAPPORT MOREAU SONT RETENUES» (+ interview de JC Mailly aux Échos)

Le rapport de la Commission MOREAU remis au gouvernement, sur une commande de ce dernier, s’inscrit dans la logique d’austérité « recommandée » par la Commission européenne. 
La plupart des mesures listées pénalisent les actifs et les retraités et stigmatisent les fonctionnaires. Elles repoussent, pour les générations les plus jeunes, l’âge de départ pour une retraite à taux plein en allongeant encore la durée de cotisations, déjà trop longue. 
Ces propositions inscrivent le social et la retraite comme variables d’ajustement d’une politique économique rigide et restrictive. Si elles devaient être retenues par le gouvernement, elles seraient écrasantes et inacceptables.


Interview accordée aux Échos par Jean-Claude Mailly le 17 juin 2013

Le secrétaire général de Force Ouvrière réagit dans «Les Echos» aux propos de François Hollande sur les retraites dimanche soir. Le ton de la deuxième conférence sociale en fin de semaine «sera plus dur que l’an passé», estime-t-il.

Comment réagissez-vous au rapport Moreau et aux déclarations de François Hollande sur les retraites?
On verra ce qu’il en restera, mais les pistes du rapport Moreau sont lourdes, écrasantes. Elles ne sont pas acceptables. La durée de cotisation progresserait plus vite encore qu’avec la réforme Fillon de 2003. On va demander aux seniors de travailler plus longtemps alors qu’une personne sur deux liquidant sa retraite est déjà au chômage. On veut aussi mettre les retraités à contribution alors que, en période de crise, ils sont déjà de plus en plus sollicités par leurs propres familles. Quant aux fonctionnaires, le rapport Moreau écrit noir sur blanc que le calcul de leur pension n’est pas plus avantageux que celui du privé. Pourquoi alors préconise-t-il de le modifier ? On nous parle de lisibilité, mais qu’est-ce que cela cache vraiment ? Si l’objectif, comme je le crains, est de remettre en cause plus globalement le statut des fonctionnaires, il faut le dire !

Que préconisez-vous?
Avant tout de changer de politique économique. Tout part de l’acceptation du Pacte européen de stabilité budgétaire, qui nous enferme dans la logique suicidaire de l’austérité. Faute de se laisser des marges de manœuvre budgétaires, on va tout chercher dans le social. Les retraites ont avant tout un problème de financement. Le déficit des régimes est en bonne partie conjoncturel : relançons la croissance, et une partie du problème sera réglée. Par ailleurs, FO ne ferme pas la porte à des hausses des cotisations retraite, y compris pour les salariés.

La CGT évoque une mobilisation dès septembre. Y participerez-vous?
Chaque chose en son temps. Je ne fais pas de procès d’intention au gouvernement, mais je le préviens sans fard que le sujet est ultrasensible. Si les pistes retenues ne vont pas dans le bon sens, nous n’hésiterons aucunement à mobiliser, ni à appeler à des grèves.

Pierre Gattaz va devenir président du Medef. Craignez-vous un durcissement du patronat?
Il faudra là aussi juger aux actes. Je l’ai rencontré, à sa demande, il y a plus d’un mois, et le contact a été cordial. En période de crise, il est évidemment possible que le dialogue social se tende. Le patronat a d’ailleurs déjà commencé à durcir le ton avec l’accord sur la sécurisation de l’emploi, dont les salariés vont désormais commencer à comprendre à leurs dépens la portée réelle.
Regardez la décision du Conseil constitutionnel sur les mutuelles complémentaires. Les députés avaient essayé de réparer les choses tant l’accord est mal écrit, mais, voilà, on y est : la porte est ouverte aux géants de l’assurance. La liberté de concurrence écrase la liberté de négocier, c’est cela la philosophie du Conseil constitutionnel!

Que retiendrez-vous de la présidence de Parisot?
C’est une libérale, mais avec une vraie fibre sociétale. Après des débuts compliqués, nous avons développé des relations franches. C’est appréciable. Nous avons eu d’importants désaccords, sur la représentativité ou l’emploi, mais nous avons pu déboucher sur de nombreux accords.

Qu’attendez-vous de la conférence sociale de jeudi et vendredi?
Le ton sera plus dur que l’an passé. Un an après, le gouvernement ne peut plus rejeter la faute sur son prédécesseur. La signature du pacte budgétaire européen, c’est lui. Je note aussi qu’aucune table ronde n’est consacrée au pouvoir d’achat alors que c’est un sujet essentiel, économiquement et socialement. FO aborde ce rendez-vous fermement décidé à défendre ses positions : le consensus ne se décrète pas. Il faudra que les débats permettent de déboucher vite sur du concret, notamment sur l’emploi.

Comment ? Vous demandez une rallonge des contrats aidés ?
On ne réglera pas le problème du chômage avec les contrats aidés. Ils ont leur utilité, mais gare aux effets pervers. Il nous remonte par exemple que, mis sous pression par les préfets, des établissements renoncent à des CDD pour signer des emplois d’avenir. FO propose que sur les 20 milliards d’euros d’aide annuelle (Cice) promis aux entreprises dans le pacte de compétitivité, 1,5 milliard soient finalement redéployés vers les programmes nationaux en faveur de l’emploi et de la formation. Le gouvernement doit aussi lutter contre la directive européenne sur les salariés détachés.

Par leurs divisions, les syndicats ne se sont-ils pas placés en position de faiblesse ?
L’accord sur l’emploi a mis en lumière des désaccords de fond, mais nous savons faire la part des choses. Les relations ne sont rompues avec personne, mais FO entend rester libre de son comportement.

Reste que les résultats de la réforme de la représentativité, en dégageant un pôle CFDT-CFTC-CGC majoritaire, laissent FO en situation délicate…
Nous allons contester devant la justice ces résultats. J’en ai personnellement informé Michel Sapin, le ministre du Travail. Les résultats des élections de certaines entreprises n’ont pas été pris en compte sans que l’on sache pourquoi. Ce n’est pas anodin, loin de là.

Votre mandat à FO s’achève en 2015. Est-ce le dernier?
J’ai encore le temps d’y réfléchir. Je note que de nombreux camarades veulent que je me représente, mais je n’ai encore rien décidé.
« Nous allons attaquer les résultats de la réforme de la représentativité. Des élections n’ont pas été prises en compte sans raison. Cela n’est pas anodin. »

Écrit par Derek PERROTTE - dperrotte@lesechos.fr