par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique
C’est un véritable budget de guerre contre la classe ouvrière qui est discuté en ce moment à l’Assemblée nationale. Près de 7 milliards de plus pour la guerre, autant en moins pour la santé, bien au-delà des 5,5 milliards de coupes budgétaires prévues par Bayrou au mois de juillet dernier.
300 000 étudiants vont voir amputer leur aide au logement de 100 à 150 €, 1,3 million de personnes en situation de handicap vont subir la dégradation de leurs conditions d’existence compte tenu du gel de l’Allocation Adulte Handicapé. De la même manière, 1,8 million de Français au RSA vont être privés d’une partie de leur pouvoir d’achat. Le gouvernement s’en prend même à la prime de Noël pour les bénéficiaires du RSA sans enfant afin de réaliser 200 millions d’économies.Pour les milliardaires, c’est le jackpot ! Ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles, continuer à percevoir leurs dividendes et profiter des 211 milliards d’aides de l’État et d’exonérations des cotisations sociales.
À ce sujet, la propagande insiste sur les 23 milliards de « trou » de la Sécurité sociale. Mais que pèsent ces 23 milliards à côté des 80 milliards d’exonérations de la Sécurité sociale ? Comment tout cela est-il possible ?
Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu sont au plus bas dans les sondages d’opinion. Ils ne tiennent qu’à un fil et pourtant, ils continuent de « cogner comme des sourds » contre les plus démunis. Sans l’appui de certaines forces politiques, rien ne serait possible.
Le PS a décidé de soutenir Sébastien Lecornu en promettant une inflexion de la politique gouvernementale.
Ils ont crié victoire lorsque le Premier ministre a annoncé la « suspension » de la réforme des retraites, suspension qui est en fait un simple décalage d’une année de la mise en place de la réforme des retraites, que des millions de salariés ont combattue. Une duperie, avec à la clé, le gel des pensions en 2026 et un tour de vis supplémentaire en 2027 (revalorisation de 0,4 % avec une inflation prévue à 1,75 %) (1).
Cette « duperie » a permis au Premier ministre d’échapper à la motion de censure. En saluant la suspension comme étant « une première avancée » (20 octobre dernier), les organisations syndicales ont, à leur façon, donné une certaine légitimité à cette opération. Pour ma part, je le déplore.
N’oublions pas que la CFDT déclarait, une semaine avant, que la suspension était « une vraie victoire » et qu’elle ouvrait la porte à un « débat sur l’avenir des retraites », un débat, non plus pour obtenir l’abrogation de la réforme des retraites, mais pour obtenir une réforme universelle par points.
Ce n’est donc pas un hasard, si le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou se prononce pour la reprise de discussions autour d’un système à points pour le régime de base et d’une part de « capitalisation ». Il annonçait le 21 octobre : « Le moment est venu d’ouvrir tranquillement un débat serein [...] sur les régimes. [...] Le régime par répartition, c’est le grand régime historique français, c’est celui que nous connaissons depuis l’après-guerre [...]. D’autres alternatives sont possibles, elles ont été explorées il n’y a pas très longtemps. »
Et pour nous faire avaler tout cela, Sébastien Lecornu nous refait le coup du dialogue social auquel personne ne croit plus.
Ainsi, il appelle les organisations syndicales et patronales à venir discuter « travail et retraites » dans une énième conférence sociale. L’objectif est de nous associer à la casse de notre Sécurité sociale et de nos retraites. Il voudrait aussi que nous l’aidions à « moderniser le marché du travail », c’est-à-dire à adopter une loi travail bis dans le prolongement de la loi El Khomri et des ordonnances Macron pour imposer de nouvelles attaques contre le Code du Travail et ainsi abaisser encore le coût du travail.
Notre confédération a refusé de participer au premier conclave au printemps dernier, ce n’est pas pour participer aujourd’hui à une nouvelle tartufferie. Comme l’a exprimé notre secrétaire général Frédéric Souillot en début de semaine : « je ferme la porte sur la retraite à points ».
(1)Bien entendu, avec le RN de l’autre côté de l’échiquier politique, ce n’est pas mieux. Ceux qui considèrent que les immigrés sont responsables du déficit public, car ils coûtent trop chers, militent pour un durcissement de l’Aide Médicale d’État pour exclure un tiers des travailleurs immigrés – considérés comme du bétail – de tous soins. Nous savons que derrière cette offensive raciste, c’est la Sécurité sociale qui est visée, celle qui dans l’ordonnance du 19 octobre 1945 stipule : « Les travailleurs étrangers sont assurés dans les mêmes conditions que les travailleurs français. Lesdits travailleurs et leurs ayants droit bénéficient des prestations sociales s’ils ont leur résidence en France. Les mêmes dispositions s’appliquent aux étrangers ayant leur lieu de résidence à l’étranger et leur lieu de travail permanent en France ». Ce sont les mêmes députés, décidemment très éloignés des préoccupations sociales, qui ont voté cette semaine une forte réduction de la taxe sur les holdings !
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- Les gouvernements passent, les revendications restent !
- Retraites : Communiqué de Presse intersyndical des Confédérations & Communiqué du Bureau de l'UD FO
