Aujourd’hui, sous prétexte d’ouverture de plateaux ambulatoires, et afin de lancer son programme de suppression de 500 postes (cf. information du CTE du 30 septembre) accompagnant la disparition de 300 lits sur l’Ile de Nantes (1), la Direction nous refait le coup de la MAPE (2) (Mise à Plat des Effectifs) ! Mais quasiment en catimini.
Les équipes certes sont informées. Elles ont même reçu leur fiche de vœux pour de nouvelles affectations.
Mais la réorganisation des services n’a pas été inscrite à l’ordre du jour des CTE et CHS-CT des 30 septembre et 4 octobre.
Cependant un CTE extraordinaire (programmé le 17 octobre) aura lieu... le 12 décembre. Quelques jours avant la trêve des confiseurs !… La Direction craindrait-elle une mobilisation des salariés ?
Les unités de médecine sont restructurées sur la base de 32 lits, en diminuant à nouveau l’effectif en infirmiers diplômés d'Etat et agents des services hospitaliers. Ce qui se traduit par une diminution du ratio soignants/patients.
Plus c’est gros, mieux ça passe !
La Direction «vend» sa brillante décision en l’accompagnant de la mise en place de logisticiens et de préparateurs en pharmacie dans les unités de soins.
Mais ça sent le réchauffé ! En effet, c’était déjà une promesse antérieure... non tenue. Et la Direction s’appuie sur sa nouvelle promesse pour supprimer à nouveau des postes ! Plus c’est gros, mieux ça passe !
Sans remettre en cause la plus-value de ces métiers (un poste de logisticien existe sur des unités de l’Institut du thorax, un poste de préparateur sur l’ostéoarticulaire: les salariés des unités en sont plutôt satisfaits), ces fonctions déployées sur plusieurs unités ne remplaceront pas les postes d’infirmiers et agents des services manquants ou supprimés.
Des maquettes directoriales fondées sur des critères comptables
Ces maquettes établissent un nombre déterminé de personnels pour la prise en charge des patients... non en fonction de la charge de travail correspondant aux besoins, mais selon les moyens financiers dont la direction déclare disposer.
Tous les professionnels sensés savent que ces maquettes ne sont pas viables pour une prise en charge correcte des patients. En effet, elles ne prennent pas en compte entre autres :
- la moyenne d’âge très élevée des hospitalisés,
- l’état de démence d’un grand nombre de patients ayant donc besoin d’une surveillance supplémentaire du fait de leur désorientation,
- les effectifs déjà insuffisants,
- l’obligation réglementaire de se former pour les soignants (DPC : développement personnel continu).
Par conséquent, les maquettes ne pourront que dégrader encore davantage les conditions de travail des hospitaliers.
Rappelons pour mémoire que ce type de maquettes imposées dans un autre centre hospitalier de la région a conduit à une augmentation de l’absentéisme de 43 %. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sera le cas au CHU de Nantes (alors que la "productivité" y a augmenté de 16,3 % en 5 ans).
Qui plus est, la Direction multiplie à sa guise les journées de 4 heures, de 9 h 30, sans l’accord des salariés, ainsi que les passages en 12 heures ... en ayant pris soin d'oublier de préciser qu'il s'agirait de 12 heures payées 11 heures 30 !
Nantes n'est pas une exception.
Le problème est national. Notre riposte doit l'être aussi !
Le personnel hospitalier du CHU (tous grades et secteurs d’activités confondus) le déclare de plus en plus souvent : « Ras l’bol. On n’est pas assez ! Il faut faire quelque chose ! Mais tous les hôpitaux ensemble, ce serait bien. »
Force Ouvrière est d’accord avec cette analyse.
En 2013, 4000 emplois ont été supprimés dans les hôpitaux, qui affichent par ailleurs plus de 900 millions de «déficit».
Ce n’est donc malheureusement pas qu’un problème nantais! Des centaines d’établissements sont concernés.
La Ministre de la Santé impose à nouveau 440 millions d’économies en 2014 dans les hôpitaux (l’équivalent de 12 000 postes), comme elle impose des baisses de tarifs.
Cette politique, qui s’inscrit dans la réduction des dépenses publiques impulsée par les instances européennes et la règle d’or budgétaire, est la responsable de la dégradation des conditions de travail des hospitaliers.
Il faut rompre avec cette politique qui étrangle les hôpitaux, casse les personnels (qui devraient en plus travailler 43 ans!), et remet en cause droits et statuts. Nos gouvernants ont la possibilité de faire d’autres choix !
Les seuls combats que nous sommes sûrs de perdre sont ceux que nous ne menons pas.
En 2011 déjà, la Direction du CHU affirmait que les blocs avaient suffisamment de postes, que tout était une question d’organisation. Avec Force Ouvrière la grève massive des hospitaliers des blocs (en moyenne 60 % et jusqu’à plus de 87 %) permit la création de 13 postes.
La nouvelle MAPE annoncée par la direction pourrait donc bien être l’étincelle qui allumera le feu.
Alors, nous le réaffirmons :
Avec les hospitaliers qui refusent de nouvelles dégradations tant de leurs conditions de travail que de la prise en charge des patients,
Force Ouvrière veut préparer le rapport de force pour gagner."
1- L'ex-ministre de la Santé, Mme Bachelot, avait conditionné son accord pour le transfert du Centre Hospitalier sur l'Ile de Nantes à la suppression de 300 lits.
Condition maintenue par l'actuelle ministre de la santé, avec (cf. information "complémentaire" communiquée le 30 septembre), suppression concomitante de 500 postes, que le développement de la chirurgie et de la médecine ambulatoires serait censé justifier.
2- MAPE : La MAPE (mise à plat des effectifs) date de fin 2010. Elle est la conséquence d'un plan de retour à l'équilibre, avec suppression d'emplois et redéploiement d'effectifs.