Dans son allocution de bienvenue, Patrick Hébert a rappelé la tradition de solidarité internationale de notre union départementale, se manifestant par des actions concrètes. Ces échanges profitent bien sûr aux militants des deux pays.
Indiquant qu’en tant qu’avocat il défendait en ce moment des ouvrières licenciées pour fait de grève, M. Meng précisa que si la grève n’était pas illégale en Chine, elle n’était pas non plus légale (le droit de grève a été rayé de la Constitution en 1982), ce qui permet aux patrons, en particulier du secteur privé, de se débarrasser des gêneurs. «A Shenzhen, on voit éclater des grèves tous les jours à propos de modifications du contrat de travail», dit-il.
Lors du séminaire, la discussion sur les délégués syndicaux, du personnel et les prud’hommes permit des explications détaillées, d’où il ressort qu’en Chine les délégués du personnel ne sont pas élus mais désignés par le haut, c’est-à-dire par le syndicat officiel ACFTU, le seul légalement reconnu en Chine. Mais, du fait que le syndicat ne joue pas vraiment son rôle, expliqua M. Meng, on voit de plus en plus souvent des délégués élus ou choisis par les travailleurs pour porter les revendications et être les organisateurs des actions de grève ou des manifestations. En particulier depuis la grève chez Honda en mai 2010.
L’histoire de la CGT et la Charte d’Amiens de 1906 avec son libellé «abolition du salariat et du patronat» suscita un grand intérêt. Elle permit de préciser la place du syndicat qui ne peut dépendre d’un parti, contrairement à ce qui est le cas en Chine.
Quant à la grande question des négociations et accords collectifs, M. Meng précisa que son pays n’en était qu’au tout début et que souvent les négociations «officielles» se menaient sans tenir compte des revendications réelles. Généralement, les avocats qui se consacrent au droit du travail ne peuvent demander qu’une compensation financière pour les travailleurs dont les droits légaux n’avaient pas été respectés.
Aussi fut-il très intéressé par les négociations (NAO) qui se menaient à ce moment-là chez Manitou à Ancenis, où il rencontra les délégués du personnel et syndicaux de la CGT-Force Ouvrière, majoritaires dans cette usine de 1500 salariés.
Les revendications y sont décidées, puis votées par l’AG des syndiqués à la majorité, et transmises à la direction.
– Et si la direction refuse les revendications, il peut y avoir grève ?, demanda M. Meng.
– Oui, le syndicat peut appeler à la grève, ou les ouvriers peuvent la décider…
– Vous devez informer une structure, une organisation ?
– Non, nous décidons. Mais le droit de grève ne mène pas à la multiplication des grèves. L’année dernière, il n’y eut qu’une seule grève ici. On aboutit la plupart du temps à des accords.
Au cours de ces rencontres fut également présentée aux syndicalistes présents une brochure en français de documents chinois récents sur ces questions (*), parmi lesquels des contributions de militants et collègues de M. Meng.
Ces échanges fructueux aident à mieux comprendre les besoins des travailleurs d’autres pays et à tisser des liens pour la grande cause de l’émancipation des travailleurs.
(*) Pour l'obtention de cette brochure, envoyez un mail à : comenchine@wanadoo.fr