InFOrmation syndicale

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23 juin 2015

Le vol noir des sept corbeaux

par Michel Le Roc’h

En ce mois de juin, et à quelques jours des congés d’été, une vague de grèves secoue le pays.
C’est le cas à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), dans les collèges, mais également dans de nombreuses administrations et entreprises de Loire-Atlantique, à la mairie de Nantes pour le déroulement de carrière, à Manitou pour l’obtention d’une augmentation générale des salaires de 1,8%, à la CAF pour le maintien des accords « RTT » et des congés pour évènements exceptionnels ou enfin à Orvault où la grève victorieuse a permis de maintenir 10 postes d’Atsem.

A l’AP-HP, 15000 agents ont fait grève et manifesté jeudi dernier, pour la 3ème fois, pour demander le retrait du plan Hirsch. Comme dans de nombreux hôpitaux contraints à des économies drastiques, le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, a rouvert le dossier des trente-cinq heures, avec l’objectif de réduire le nombre de jours de «RTT» des agents. Devant la menace d’un embrasement total, ce dernier, acculé et esseulé, propose aujourd’hui de reprendre «la négociation à zéro». Mais à nouveau, comme au lendemain de la grève du 28 mai, il annonce déjà qu’il ne renoncera pas à réorganiser le travail dans les 37 hôpitaux de l’AP-HP pour préserver «les 4000 emplois menacés par les économies à réaliser» qu’il fixe à 30 millions d’euros. Chassé par la porte, il tente de rentrer par la fenêtre.

C’est décidément « la marque de fabrique » des fidèles et zélés serviteurs en France de la Troïka et de la finance, avec à leur tête François Hollande et Manuel Valls comme chefs d’orchestre. Pour eux, la démocratie, c’est «cause toujours» ! Les syndicats de l’AP-HP avaient demandé à être reçus par le Président de la République. Après une heure et demie d’attente, les forces de police n’ont pas hésité à utiliser les gaz lacrymogènes, matraques et lances à eau contre les manifestants, avant qu’une délégation ne soit enfin reçue par le secrétaire général- adjoint de l’Élysée.

La grève des territoriaux de Nantes pour des augmentations de salaires a pris soudainement son envol la semaine dernière. Comme dans les hôpitaux où le gouvernement compte économiser trois milliards d’euros d’ici à 2017, la réforme territoriale conduit à une réduction de la dotation de fonctionnement des collectivités locales de 11 milliards d’ici 2017, avec toutes les conséquences sur le service public de proximité, les droits statutaires des agents et leur déroulement de carrière. N’acceptant pas cette situation, plus de 1000 agents ont manifesté dans les rues de Nantes le 8 juin pour demander l’ouverture de négociations sur les avancements de grade. Jeudi dernier, 500 agents réunis en assemblée générale avec leurs organisations syndicales ont adopté à l’unanimité le cahier de revendications, exigeant 600 promotions de grade supplémentaires (de 400 à 1000) pour les catégories B et C, au titre de 2015. Ils seront à nouveau en grève le vendredi 19 juin à l’occasion du conseil municipal et manifesteront devant les grilles de la mairie de Nantes. L’assemblée générale a décidé de relever le défi de réunir 2000 manifestants au moins, condition fixée semble t-il par un responsable de la mairie pour l’ouverture de négociations ! C’est dans ce contexte de grèves et d’actions revendicatives tous azimuts, que les 7 dirigeants de la CFDT, CGC, CFTC, CGT, FSU, Solidaires et UNSA ont décidé de publier un document de huit pages à faire pâlir les plus acharnés partisans de la collaboration de classes. Ils se sont vus cinq fois « dans l’ombre et sans médiateur ». Le texte commun « Après le 11 janvier, vivre ensemble, travailler ensemble » est inspiré par « l’esprit du 11 janvier ». Il est présenté par la presse comme historique. Sans aucun doute, ce document l’est ! Pas un mot de la politique du gouvernement et de la Troïka, pas un mot du pacte de responsabilité, pas un mot des projets de loi Macron, Rebsamen ou Touraine et de la réforme du collège, pas un mot sur les exonérations versées au patronat qui mettent en danger la sécurité sociale, pas un mot sur les juteux dividendes versés aux actionnaires. Pour les signataires de ce texte, la nécessité de « barrer la route au populisme » est prioritaire, quitte à accepter de ne plus revendiquer.

La journée du 11 janvier a été celle d’une manipulation que l’on peut véritablement qualifier d’historique. D’un côté, un million et demi de manifestants, saisis par l’émotion, réprouvant la barbarie ; de l’autre une brochette de 44 chefs d’État, pour la plupart va-t-en guerre et ennemis des libertés. Au coude à coude derrière François Hollande, les Junker (commission européenne) et autres chefs d’État européens, les représentants du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui financent les « groupes extrémistes », le président ukrainien qui fait la part belle dans son gouvernement aux représentants des organisations « néo-nazies », ou encore le bourreau de Gaza, Netanyahou, accompagné de deux ministres d’extrême droite, dont l’un connu pour avoir déclaré : «J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie et je n’ai aucun problème avec cela.» Que pensent de tout cela les 7 signataires du texte commun du 5 juin ?

Au lendemain du 11 janvier, surfant sur l’émotion, le président de la République a tenté au nom du « vivre ensemble » de nous entraîner dans l’union sacrée. En vain ! N’en déplaise aux signataires du texte commun, à Berger de la CFDT, qui défilait ce jour là, bras dessus, bras dessous, avec Pierre Gattaz, président du Medef, la société reste plus que jamais divisée en classes sociales aux intérêts opposés.

La grève interprofessionnelle du 9 avril, les grèves massives actuelles -bien souvent avec la présence des sections locales UNSA et CFDT comme à l’AP-HP ou à la mairie de Nantes- confirment que la classe ouvrière est à l’offensive. Malgré ces avertissements, le gouvernement continue à mettre en oeuvre sa politique ultra réactionnaire. Face au gouvernement, au patronat et à leurs collaborateurs, il nous faut renforcer l’axe de la résistance et ainsi bloquer le Pacte de responsabilité ainsi que leur volonté d’aller plus loin dans le démantèlement des garanties collectives. C’est ce que nous avons fait en manifestant le 12 juin, en commun avec les UD CGT, FSU et Solidaires, à l’occasion de la venue de Hollande, Gattaz et Berger à Nantes et à La Baule.


«Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux dans la plaine (...)» (Chant des partisans)