Il est encore temps de vous souhaiter une belle et heureuse année solidaire et revendicative.
Puisque j'évoque les voeux, je ne peux m'empêcher de souligner la posture médiatique prise par le Secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, qui a fait savoir qu'il boude les voeux présidentiels.
Bravo ! C'est un joli coup médiatique puisque tous les médias s'en sont servi pour faire ainsi la promotion de la CGT. Une CGT va-t-en guerre évidemment ! Et puis, cela a aussi la vertu de réconforter la base des adhérents et des militants un peu chamboulée sur la question des retraites. Pensez-donc, le guerrier Thibault boude le Président Sarkozy ! C'est-y pas fort ? C'est-y pas une belle bataille syndicale ?
Mais, cher Bernard Thibault, c'était voici quelques mois maintenant qu'il fallait la faire la grève, la vraie, la grève générale pour gagner sur le dossier des retraites et pas la grève des voeux républicains en ce début 2011 !
Allez, encore un petit effort et peut-être que la CGT y viendra si la situation sociale s'aggrave encore... Car il faut bien regarder les choses en face, les propos du Président de la République lors de ses voeux n'ont rien de rassurant.
Il a souhaité se poser en Président des "réformes courageuses" en rappelant son action sur le dossier des retraites. Action dont on connaît la portée : une "réforme" injuste et qui ne garantit en rien l'avenir financier de nos retraites.
Autre "réforme courageuse" et emblématique de son action de "Président protecteur de tous les Français", celle annoncée de la dépendance.
Voilà un vrai sujet tout à fait dans l'axe des fondamentaux républicains de notre pays : accompagner chaque citoyen pour une fin de vie digne et décente.
Nous pouvons marquer notre satisfaction que ce thème soit pris politiquement en considération, et qu'il fasse d'abord l'objet d'un vaste débat avant toute prise de décision.
Mais, il faut aussi être prudent car ce dossier, qui implique la Sécurité Sociale, peut être aussi l'occasion d'affaiblir encore plus notre système de protection sociale public et égalitaire en confiant au secteur privé ce marché gigantesque.
L'année 2010 a été celle du dossier emblématique des retraites. L'année 2011 sera celle du dossier de la dépendance et du financement de la protection sociale de notre pays. Le gouvernement en profitera-t-il pour favoriser les assurances privées ? Dans cette éventualité, il faut nous tenir mobilisés et être prêts à réagir, tout d'abord en faisant part de nos réflexions et de nos pistes de solutions, mais aussi en envisageant le rapport de force si nécessaire.
Enfin, comme s'il fallait "amuser la galerie" et occuper le terrain médiatique, le couple Copé et Valls ont fait du dossier 35 heures, la provocation de ce début 2011.
Pour tous les salariés qui en bénéficient, les 35 heures ont été instaurées parfois dans la douleur, souvent au prix d'un gel des salaires, et il est donc inenvisageable de les remettre en cause aujourd'hui. D'autant que les diverses mesures gouvernementales, notamment sur les heures supplémentaires, ont en partie gommé l'effet baisse du temps de travail.
Par contre, qu'il y ait enfin un réel débat sur l'ensemble des exonérations de cotisations sociales patronales, d'aides diverses et de défiscalisation dont bénéficient les entreprises sans aucune contrepartie et sans effet tangible en matière d'emploi ; voilà une bonne piste de réflexion en lien d'ailleurs avec la remise à plat de la fiscalité.
Pour terminer, je donne rendez-vous à tous nos syndicats au Congrès confédéral qui se déroule à
Montpellier du 14 au 18 février pour un grand moment de démocratie, de convivialité et d'indépendance.
Editorial du Journal mensuel des Employés et Cadres FO - Edition de janvier 2011
Serge LEGAGNOA, Secrétaire général