InFOrmation syndicale

1er MAI "JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE DES TRAVAILLEURS" À 10H30 PLACE DE BRETAGNE AVEC FO CGT FSU SOLIDAIRES --- 22 AU 24 MAI STAGE "JE NÉGOCIE" --- 28 AU 30 MAI STAGE "CONNAÎTRE SES DROITS" --- ...

11 janvier 2013

«EN L'ÉTAT, L'ACCORD N'EST PAS ACCEPTABLE»

Ladepeche.fr du 10 janvier 2013 | Interview de Jean-Claude Mailly

Les négociations sur la réforme du marché du travail reprennent aujourd'hui et demain. En cas d'échec des partenaires sociaux, le gouvernement tranchera par une loi qui sera présentée en Conseil des ministres à la fin du mois de février.


Un accord en 48h est-il encore possible?
Pour Force Ouvrière, je continue à ne pas sentir d'accord pour plusieurs raisons. Dès le départ, on a mis trop de sujets dans la barque. Les avancées sont timides sur la sécurisation alors que les demandes du patronat en matière de flexibilité ne sont pas, en l'état, acceptables pour les salariés.

Qu'est-ce qui bloque encore?
Cette négociation s'articule autour de deux volets. Tout d'abord, la sécurisation de l'emploi qui répond aux demandes des syndicats. Voyez sur ce sujet l'exemple de la complémentaire santé que l'on négocie pour l'ensemble des salariés : le calendrier proposé est bien trop long, les conditions d'application sont complexes. Sur les contrats précaires, nous souhaiterions imposer un taux pivot maximum de 20 % dans les entreprises. Cela signifie qu'une entreprise ne pourrait pas employer, sous forme précaire, plus de 20 % de sa masse salariale. Dans le cas contraire, les cotisations chômage patronales subiraient une aggravation, un malus. Sur cette question, je sens le patronat prêt à avancer mais un tout petit peu.

Et sur le deuxième volet des négociations concernant la flexibilité?
Là, il s'agit des demandes des entreprises. Pour l'instant, elles ne sont pas acceptables. Par exemple, le plafonnement des dommages-intérêts pour un salarié licencié ou la réduction du délai de prescription de cinq ans à trente mois pour poursuivre son employeur n'auront pas notre signature.

Quelle est la position de vos confrères syndicalistes?
La CGT a déjà annoncé qu'elle ne signerait pas. Chez FO nous avons de très fortes réserves. Quant à la position de la CFDT je n'exclus pas l'émergence d'un accord à minima. Quelle que soit l'issue des négociations, il y aura une loi du parlement soit pour transposer l'accord soit pour légiférer en cas d'échec du dialogue.

Selon vous, le Medef a-t-il fait des concessions durant les négociations?
Oui, il y a eu quelques avancées mais à dose homéopathique. Le patronat défend ses intérêts, ses positions. ça ne me choque pas.

Le gouvernement a présenté cette négociation comme historique et permettant de lutter contre le chômage de masse…
C'est faux ! Cette négociation n'a rien d'historique. Si on n'aboutit pas à un accord demain soir, on trouvera un accord une autre fois. Quant à la flexibilité comme arme de lutte contre le chômage c'est encore une erreur. La flexibilité existe déjà en France ce qui n'empêche pas le chômage d'exploser. Cet accord ne fera pas baisser le chômage.

Un échec des négociations montrerait-il qu'encore une fois le dialogue social est impossible en France?
Ce n'est pas vrai ! Les organisations syndicales quelles qu'elles soient ont signé beaucoup d'accords interprofessionnels ces quatre dernières années. Nous discutons en permanence avec les entreprises.

Le gouvernement a-t-il passé aux partenaires sociaux la patate chaude de l'emploi?
D'une certaine manière oui. Corseté par le pacte budgétaire européen qui n'a pas été renégocié, le gouvernement se défausse sur les partenaires sociaux croyant que la flexibilité va tout résoudre.