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11 janvier 2013

INTERVIEW DE BERNARD KUNZ, SECRÉTAIRE NATIONAL DU SNLC : FO EN ORDRE DE BATAILLE CONTRE LA "RÉFORME PEILLON"

Le 5 décembre dernier, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a rendu publics le texte de son projet de «loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école» ainsi que celui de son projet de décret sur les "rythmes scolaires". 
Ces textes confirment l'attaque en règle contre l'enseignement primaire et secondaire dénoncée par FO sitôt dévoilés par le ministre les objectifs de sa (contre) "réforme". FO n'avait d'ailleurs pas attendu que les projets de textes ministériels fussent définitivement "bouclés" pour mobiliser ses adhérents et alerter les personnels.

Lire : CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ÉDUCATION: FO S’OPPOSE AU PROJET DE LOI DE REFONDATION DE L’ÉCOLE



L'Ouest Syndicaliste : Vincent Peillon vient de dévoiler son projet de loi de programmation pour «refonder l’école». Quelles orientations faut-il en déduire de la part du ministre ?

Bernard Kunz : Si le terme d'"école du socle" n'est pas employé, le socle fondamental de connaissances et de compétences imposé par la Loi Fillon de 2005 demeure, auquel on a rajouté le terme de "culture". En réalité, il s’agit toujours de regrouper l’école primaire et le collège, (du CP à la classe de 3ème), dans la mesure où ces deux structures scolarisent l’ensemble de la classe d’âge.

Une politique de cycles sera mise en place, en liant, par exemple le CM2 à la classe de sixième. Au nom des "enseignements communs", les professeurs des écoles pourraient assurer certains enseignements au collège, tandis que les professeurs du secondaire pourraient intervenir à l’école primaire.

Le projet implique la création d’un "conseil école-collège" au sein des établissements. Il s’inscrit clairement dans la territorialisation de l’école qui devrait voir le jour avec l’acte III de la décentralisation.

L'O.S. : Pourrais-tu préciser ici en quoi la loi Peillon aggravera la loi Fillon ?

Bernard Kunz : La loi d’orientation telle qu’on nous la présente se situe dans le droit fil des réformes antérieures, en les amplifiant. Si, au départ, le socle était présenté comme adossé aux programmes et aux champs disciplinaires traditionnels, il devient, un ensemble de compétences vagues, qui visent progressivement à détacher les enseignements de la transmission du savoir.

Cela risque de se traduire –et c’est probablement un objectif– par l’abandon de la notation chiffrée et la fin des programmes tels que nous les connaissons, puisque ces derniers cesseront d'être définis dans le cadre de l'année scolaire. Cela ne saurait se réaliser qu’au détriment de nos élèves…

Quant aux professeurs, il est bien évident que les évolutions sous-jacentes ne manqueront pas de mettre à mal leur statut. Les obligations de service risquent de se voir annualisées pour s’adapter aux impératifs des nouvelles structures. La bivalence, voire la polyvalence, pourraient se voir imposées, au motif d’une meilleur adaptation aux élèves.

Naturellement, l’ensemble ne manquera pas de s’accompagner, outre la dénaturation de la mission des enseignants, d’une augmentation massive de leur charge de travail et d’un allongement de leur temps de présence au sein des établissements. Tout cela entraînera la disparition de la liberté pédagogique individuelle… Bref, il s’agirait de la négation totale de la fonction pour laquelle nous avons été recrutés, par le biais de concours disciplinaires de haut niveau.

L'O.S. : Les conséquences de cette réforme se limiteront-elles au seul collège ?

Bernard Kunz : Certes non, car le socle et sa nouvelle définition entraîneront la déconstruction progressive de toute l’architecture du système éducatif français. A travers la territorialisation, tout d'abord : le transfert de l'orientation et de la carte des formations professionnelles en témoignent. L'école organisée par et autour du socle se répercutera, ensuite, sur le lycée, qui devra s'adapter à l'accueil d'élèves issus de la nouvelle structure. Bien sûr, le baccalauréat sera affecté. Plusieurs "spécialistes" ont d'ores et déjà parlé de "lycée à la carte". Le statut des personnels, enfin, se verra là aussi menacé, puisqu'il s'agira, progressivement, de relier les dernières années du lycée aux deux premières années d'université, voire à la troisième... On distingue bien, derrière les projets ministériels tels qu'ils se présentent à travers le projet de loi de "refondation", une volonté de rompre avec le modèle scolaire républicain, fondé sur les savoirs disciplinaires et la volonté de les transmettre à tous.

Cette démarche aboutira à remplacer le savoir par un simple "kit de survie", sorte de smic culturel fondé sur des "compétences" floues adaptées aux exigences du marché, purement utilitaires et conformes aux exigences de la mondialisation.

Le combat ne fait que commencer !
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L'Ouest-Syndicaliste : http://www.fo44.org/p/louest-syndicaliste.html