Notre Confédération n’a jamais accepté la politique d’austérité imposée par la Troïka et appliquée en France et dans l’Union européenne par tous les gouvernements, avec le soutien de tous les austéritaires de «droite» comme de «gauche» et aussi syndicaux.
Nous condamnons cette politique, parce que, sur un plan économique, elle ne fait qu’aggraver les choses, comme nous pouvons le constater en Grèce, en Espagne ou au Portugal.
Notons d’ailleurs que ce point de vue est de plus en plus partagé. Même le FMI s’inquiète aujourd’hui des conséquences de cette politique !
Mais nous combattons l’austérité aussi et surtout parce qu’elle est contraire à la défense des intérêts des salariés dont nous avons la charge.
Cette précision peut sembler banale, mais pourtant il nous faut sans cesse rappeler qu’il n’y a pas de démocratie sans organisations syndicales libres et indépendantes chargées de la défense des intérêts particuliers des salariés.
Il est tout aussi logique que les patrons cherchent à défendre leurs propres intérêts. Notons d’ailleurs que, depuis de nombreuses années, les organisations syndicales d’employeurs, souvent avec l’appui des gouvernements, ont plutôt marqué des points.
A cette conception de la démocratie fondée sur la libre expression des intérêts contradictoires, voire antagoniques, certains opposent une toute autre vision des choses. Dans une histoire récente, les corporatistes ont opposé la notion de « Bien commun » censée « transcender » les intérêts particuliers des classes sociales. On sait que cela a conduit au fascisme et au nazisme.
Evidemment, comparaison n’est pas raison, mais aujourd’hui, ceux qui prônent un «compromis historique» ont naturellement tendance à rejeter ceux qui refusent à y consentir.
Le gouvernement a décidé d’aller très loin dans sa logique d’austérité. Le Ministre Sapin, plagiant Fillon, déclare que l’Etat est «totalement en faillite». Il s’agit bien sûr de peser sur l’opinion pour faire accepter de nouvelles mesures.
Par exemple, la Cour des comptes préconise de durcir le système d’assurance chômage en instaurant, entre autres, la dégressivité. De son côté l’inévitable Michel Rocard propose de repousser à nouveau l’âge de la retraite.
On pourrait rajouter divers projets à propos de la sécurité sociale (branches maladie et famille) ainsi que la poursuite de la RGPP par la MAP. Sans oublier les projets du ministre Peillon, qui vient d'être confronté à une première grève massive des instituteurs de la région parisienne (environ 90% de grévistes).
Bien sûr, ceux qui proposent ou soutiennent ces divers projets ou mesures déjà effectives savent qu’ils risquent de se heurter à la résistance de la classe ouvrière, car malgré toutes les pressions, le «compromis historique» a échoué. Le gouvernement «fait mine» de l’ignorer. Il se félicite de la signature du dernier accord interprofessionnel par la CFDT, la CFTC et la CGC, tout en minimisant la portée de la non-signature de la CGT et de notre Confédération.
Mais cet aveuglement volontaire a ses limites.
En réalité, personne n’est dupe. Imposer la flexibilité et toutes les autres mesures d’austérité avec l’appui de la seule CFDT est chose pour le moins risquée.
Dans un article titré : «Force ouvrière au bord du Rubicon», Michel Noblecourt s’inquiète : «la violence de la charge oblige à se poser la question : FO a-t-elle basculé dans l’opposition?" Cette question n’a bien sûr pas de sens, puisque le problème ne se pose pas en termes de majorité ou d’opposition. Pour autant l’interrogation de Michel Noblecourt correspond à une véritable inquiétude.
La politique d’austérité est rejetée par la majorité des salariés. Il n’est pas question que nous entrions dans un petit jeu politique du type droite-gauche. Pour autant, nous nous opposons à cette politique, parce qu’elle est contraire aux intérêts des salariés.
Nous nous opposons de toutes nos forces, en n’hésitant pas à utiliser tous les moyens d’action à notre disposition.
N'en déplaise à M. Moscovici, qui avait "appelé la CGT et Force Ouvrière à bien réfléchir. Il ne faut pas lutter contre cet accord...", nous avons commencé et allons continuer un travail d’information et d’explication auprès des salariés.
Nous allons alerter les parlementaires sur les dangers de l’accord signé par le MEDEF et la CFDT.
Et puis nous n'hésiterons pas à mobiliser dans la rue avec ceux qui, comme nous, n’acceptent pas cette politique.
Avec la confédération, nous n'hésiterons pas à prendre nos responsabilités, notamment en appelant à manifester lorsque le gouvernement voudra transcrire dans la loi cet accord réactionnaire.
En bref, nous ferons feu de tout bois, en n’excluant aucun moyen d’action.
A l'occasion de notre meeting confédéral, très réussi, du 24 janvier, Jean-Claude Mailly, plagiant ironiquement François Hollande, a mis les points sur les "i" et pris date: «Moi secrétaire général de FO, je pense qu'il appartient aux travailleurs et à leurs organisations syndicales de combattre l'austérité par tous les moyens, y compris la grève quand il le faut».