Il en va de même avec Mme Fioraso pour l'université qu'avec M. Peillon dans l'enseignement primaire et secondaire, ou qu'avec M. Sapin pour la transposition de l'ANI: l'heure est en tous points à la poursuite, et même à l'aggravation, des contre-réformes héritées du et des précédents gouvernements.
Pour cela, ceux qui nous gouvernent cherchent à se prévaloir d'un consensus syndical autour de leurs projets. D'aucuns, jusqu'à l'Elysée, allant même, dans un moment d'égarement, jusqu'à rêver de "compromis historiques". Les réveils sont alors brutaux.
Car, en guise de "compromis historique", ils ne trouvent pour offrir leurs béquilles subsidiaires usées que les professionnels CFDT et UNSA de la compromission permanente. En effet, la réalité de la lutte des classes aujourd'hui fait que, par les temps qui courent, ceux des dirigeants des autres organisations syndicales qu'hérisse l'exigence de "retrait" des contre-réformes se trouvent bousculés, voire débordés par les troupes.
Du coup, les ministres en charge des "dossiers sensibles" n'ont d'autre solution que le passage direct en force de leurs projets de loi au Parlement, où là le nécessaire est fait pour faire appliquer la discipline de vote exigée de la "majorité présidentielle".
Comme d'autres de ses collègues ministres, c'est aux exercices inhérents à cette situation que se livre depuis des mois Mme Fioraso.
Loin de remettre en cause la loi LRU (Pécresse) à l'origine de la crise actuelle (d'abord financière) des universités, le projet de loi de la nouvelle ministre vient l'aggraver par diverses dispositions, notamment la territorialisation.
Mme Fioraso visait, pour faire avaler la pilule, à obtenir le "consensus" de la "communauté universitaire" sur son projet... mais n'a trouvé finalement au garde-à-vous que le tandem CFDT-UNSA, flanqué des actuels chevau-légers de l'UNEF, le syndicat étudiant "historique" aujourd'hui dégénéré en pépinière de jeunes carriéristes politiques.
Conséquence : Mme Fioraso n'a pu se prévaloir du vote favorable qu'elle visait dans les instances consultatives universitaires. Ce qui, bien sûr, ne l'a pas empêchée de soumettre le 20 mars dernier son texte au Conseil des ministres. Lequel a donné le feu vert au coup d'envoi de la procédure législative.
Mais les semaines de cursus entre le ficelage gouvernemental d'un projet de loi explosif et son adoption parlementaire sont politiquement et socialement "à risques".
Il pourrait de ce point de vue en aller pour le projet Fioraso comme pour le projet Sapin de transposition de l'ANI.
Signe des temps. En Loire-Atlantique, le Syndicat des Etudiants Nantais (issu d'une scission de l'UNEF) appelait avec FO, la CGT, la FSU et SUD à la manifestation nantaise contre l'ANI du 5 mars.
Et sitôt terminée la manifestation anti-ANI, les responsables universitaires de ces organisations se sont rencontrés pour aborder le "sujet Fioraso" dans la foulée de l'ANI.
Force est de reconnaître que depuis les plus actifs sur le terrain ont été les étudiants et qu'ils sont les initiateurs des assemblées et manifestations ayant eu lieu sur le campus.
Une chose est sûre : pour que la partie soit gagnée, il faut que les enseignants aussi mettent à suivre.
La grève et la manifestation par délégation n'ont jamais été un levier pour bouger le curseur des rapports de forces. ... Et c'est une règle qui vaut aussi pour la "communauté universitaire".
A suivre...