Extrait de l’interview réalisée le 9 juin 2015
L’Ouest Syndicaliste a rencontré Erwan Kérivel, secrétaire du syndicat
FO des cheminots de Nantes et lui a demandé d’expliquer les conditions
dans lesquelles s’était déroulée la récente grève en gare de Nantes.
L’Os : Peux-tu nous expliquer ce qui a
motivé la mobilisation du syndicat ?
E.K. : La direction a annoncé en octobre
dernier, le transfert des missions
de sécurité pour le départ des
trains dans les gares de Nantes, Angers
et Le Mans. Ces missions devaient
être dévolues aux personnels
roulants à la place des chefs de service,
formés aux missions de sécurité
ferroviaires.
L’Os : Pourquoi de telles réorganisations
et quelles en sont les conséquences
?
E.K. : La direction invoque un souci
de «réduction de la facture aux transporteurs
» car ces tâches «n’apporteraient
aucune valeur ajoutée aux
clients !». Or, un ordre de départ de
train signifie que toutes les mesures
de sécurité ont été vérifiées. La suppression
d’agents qualifiés et le transfert
de leurs missions aux roulants
n’est donc pas acceptable pour notre
syndicat, car pour des motifs d’économies,
la direction sacrifie la qualité
de service et la sécurité des usagers.
L’Os : Comment le syndicat a-t-il
réagi ?
E.K. : Après un tract et une pétition
intersyndicale FO, CGT, SUD et
CFDT ayant recueilli près de 350 signatures,
nous avons fait 6 journées
de grève, suivies le plus souvent par
90% des collègues.
L’Os : Qu’a proposé la direction ?
E.K. : La direction a fait des propositions
significatives, dont 5 recrutements
sur la région, le report du
transfert de l’autorisation de départ
au printemps 2017 pour Nantes (initialement
prévu à mi-octobre 2015),
sans suppression de poste, et avec engagement
de formation longue durée
aux agents.
L’Os : Quel enseignement tires-tu de
cette grève ?
E.K : Notre syndicat, malgré notre
non représentativité régionale, a été
reconnu comme le fer de lance de la
grève sur l’Escale de la gare de Nantes.
Nous sommes conscients du rapport
de force que nous avons établi localement,
et qui nécessiterait une mobilisation
nationale. La Fédération FO a
d’ailleurs proposé une réunion rapide
de toutes les fédérations (représentatives
ou pas) sur ce sujet.
Nous avons estimé que ce premier
recul pourrait être un encouragement
pour les autres escales en France,
confrontées à ces mêmes décisions.
Avec le soutien de la Fédération,
nous sortons renforcés de ce combat,
enregistrant des adhésions de jeunes
cheminot(e)s.
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L'Ouest Syndicaliste : http://www.fo44.org/p/louest-syndicaliste.html