par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique
N’en déplaise à François Hollande, l’accord sur les retraites
complémentaires, signé vendredi dernier, conduit inévitablement
à reculer l’âge de départ à la retraite
d’un an pour tous les salariés du privé
, et prépare ainsi, au nom de « l’équité », une nouvelle « réforme » qui touchera l’ensemble des salariés et fonctionnaires.
Une fois de plus, le MEDEF a obtenu
ce qu’il voulait. Soutenu par le gouvernement et conforté par une frange
« syndicale » de plus en plus collaborationniste, le patronat se sent décidément pousser des ailes.
La CFDT
est à nouveau montée en première
ligne pour justifier l’inacceptable. Il
est vrai que cette organisation revendique « un changement culturel »
fondé non plus sur la défense des
salariés, mais sur la participation à
la gouvernance des entreprises, des
collectivités et de l’État.
« Boostés » par toutes ces attaques
contre les garanties collectives de la
classe ouvrière, les représentants les
plus zélés des « partis institutionnels » de gauche comme de droite
se relaient dans la presse et sur les
ondes pour dénoncer les « sacro-saints droits acquis, destructeurs
d’emplois et de croissance ». Ils rêvent tous, avec Denis Kessler, de voir
balayer toutes les conquêtes sociales
issues de 1936 et de l’après-guerre.
Oui mais voilà, à force de « cogner »
et de désigner l’action syndicale à la
vindicte populaire, ces fanatiques
partisans d’un retour au 19ème siècle
et au contrat de louage de service,
qui se présentent sans
scrupule comme des
amoureux du modernisme, renforcent
l’exaspération qui
monte dans le pays.
La mésaventure du
DRH d’Air France est
révélatrice de cette situation où le désespoir
laisse place à la colère
et à la révolte. L’interpellation, au petit
matin du 12 octobre,
de plusieurs syndicalistes à leur domicile,
placés en garde à vue, puis déférés devant
le parquet a provoqué une vague d’indignation chez tous
les travailleurs. Nous appuyons sans
réserve l’appel des syndicats d’Air
France, sans la CFDT, à manifester le
22 octobre devant l’Assemblée Nationale, au côté des cinq salariés « mis à
pied sans solde », pour dire non aux
licenciements, non à la répression
anti-syndicale et à la « violence patronale ».
Les « voyous » à Air France, ce sont
ceux qui organisent licenciements
et sacrifices pour la majorité et provisionnent 150 millions pour les
retraites « chapeaux » d’une minorité de dirigeants.
Alexandre De Juniac,
PDG d’Air France, n’a
sans doute rien à envier à Denis Kessler.
Son discours provocateur sur les acquis sociaux, sur le travail des
enfants et sur les grévistes que son « collègue du Qatar aurait
vite fait de mettre en
prison » mérite le détour.
Certains commentateurs avisés s’inquiètent à juste raison
de cette tension qui
règne dans le pays.
La cote de popularité
du président de la République est
au plus bas et les leaders politiques
d’opposition n’ont pas non plus le
vent en poupe, ce qui fait craindre
une forte abstention à l’occasion des
prochaines élections régionales. Le
mécontentement touche maintenant tous les secteurs. Au gouvernement l’inquiétude est palpable et
la ministre des transports propose
même de suspendre le plan de 2 900
licenciements à Air France pour « reprendre le dialogue ».
Le premier ministre n’a par contre
aucun état d’âme et encourage ses
ministres à la plus grande fermeté
dans la mise en œuvre du pacte de
responsabilité et des « réformes nécessaires ». La ministre de l’Éducation Nationale s’entête par exemple
à maintenir sa réforme du collège,
rejetée par la majorité, et refuse de
recevoir les organisations syndicales,
en raison de « contraintes dans son
agenda » !
Dans ce contexte, nous n’avons pas
d’autre issue que de cultiver l’axe de
la résistance initié le 9 avril dernier
et de préparer, au niveau interprofessionnel, les conditions d’une riposte
d’ampleur, pour bloquer cette offensive. C’est ce qu’a décidé le Comité
Confédéral National réuni les 7 et 8
octobre derniers. Si nous ne le faisons pas, si nous ne prenons pas nos
responsabilités, la colère qui monte
dans le pays, et bien au-delà des seuls
salariés, prendra des formes que personne ne pourra maîtriser.