Interview parue dans L'OS n°662
Entrevue avec Emmanuelle Huguet, Déléguée Syndicale Force Ouvrière à NGE.
Emmanuelle, tu es déléguée syndicale FO au sein de Nantes Gestion Équipement (NGE). Ta section dépend du syndicat FO des Garages, peux-tu nous la présenter ?
La section FO s'est constituée fin des années 90 à NGE, qui était un bastion historique de la CFDT. Le syndicat s'est implanté peu de temps avant la signature par la CFDT et la CGT (issue d’une scission dans la CFDT) de l'accord RTT, qui actait des inégalités entre les salariés de la société. En 2008, nous avons quant à nous mis en place un avenant à cet accord qui a permis de réduire ces disparités entre exploitations.
Quel poids a la section FO au sein de l’entreprise ?
Lors de sa création, le syndicat était ultra-minoritaire. Depuis, nous comptons beaucoup de sympathisants et nos listes ont remporté 35,8 % aux dernières élections professionnelles.
Peux-tu nous parler de l’entreprise ?
NGE est une société d'économie mixte qui existe depuis 40 ans. Elle compte aujourd'hui 160 salariés. Auparavant, NGE fonctionnait exclusivement en délégation de service public. Désormais, en application du code des marchés publics et des directives européennes en la matière, NGE répond à des appels d'offres. La société est donc en concurrence avec des sociétés comme Vinci ou Effia...
On imagine aisément les conséquences d'une telle évolution...
La pression sur les salariés de l’entreprise et les organisations syndicales est énorme. Exiger de NGE qu'elle s'aligne sur des « géants » comme Effia ou Vinci, cela reviendra nécessairement à remettre en cause les accords d'entreprise, notamment le principal d’entre eux, l'accord RTT de 1999 et ses avenants...
Quel rôle jouent la Ville de Nantes et Nantes Métropole dans cette situation, c'est-à-dire Johanna Rolland ?
La Ville de Nantes n'a aucun état d'âme à donner des parts de marché à Effia ou Vinci. D'ailleurs, le 8 décembre dernier, lors d'un conseil d'administration, les représentants de la Ville de Nantes et de la Métropole ont indiqué, la larme à l’œil, avoir conscience des difficultés de NGE... Mais ils ont immédiatement enjoint la direction de l'entreprise à poursuivre ses « économies » et à améliorer sa « performance économique ». En clair, cela signifie maintenir la politique de non-remplacement des départs (retraite ou départs volontaires) et aligner nos salaires et nos conditions de travail sur les concurrents, donc à la baisse...
Et la direction ?
Elle n’a pas attendu l’injonction de nos délégants pour accentuer sa pression. Utilisant le renouvellement du marché des horodateurs, dont dépendent directement 8 salariés, elle a soufflé le chaud et le froid durant tout l’automne. Elle a laissé planer le doute dans l’esprit des collègues sur l’issue de l’appel d’offres et distillé des informations invérifiables...
A qui ce marché a-t-il finalement été attribué ?
Ce marché n’a pas été attribué à un concurrent... Mais il n’a pas non plus été renouvelé à NGE ! Un avenant a été adopté, qui proroge l’actuel marché de six mois. Cela étant, le 17 décembre dernier, la direction s’est empressée de rappeler aux élus du comité d’entreprise que, selon elle, la « faiblesse » de NGE résidait dans son organisation interne et dans son accord RTT qu’il fallait renégocier… Par ailleurs, la direction a fait état d’un possible changement de statut de NGE, qui pourrait devenir une société publique locale (SPL) ou bien un groupement d’intérêt économique (GIE)…
Dans ces conditions, l’action commune avec les autres syndicats est-elle envisageable ?
Ce n’est pas si simple… Lors de la réunion des trois délégués syndicaux, le représentant CGT a expliqué qu’il avait une totale confiance dans les politiques… Quant au représentant CFDT, celui-ci a déclaré : « On ne va quand même pas continuer à travailler 32h40, alors que la boîte coule… » !
Chaque organisation syndicale a obtenu plus de 30 % aux dernières élections professionnelles et peut donc signer seule un accord avec la direction...
Que va faire la section FO ?
Soyons clairs, si nous sommes par principe ouverts à la négociation, nous refuserons de « solder » un accord auquel les salariés sont très majoritairement attachés.