par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique
Depuis plusieurs semaines maintenant, le gouvernement organise une véritable campagne contre les organisations syndicales et leurs services d’ordre, qui assurent la sécurité de ceux qui manifestent de manière pacifique dans les cortèges. Au soir de la formidable mobilisation du 14 juin, un cran supplémentaire a été franchi. En accusant les syndicats d’être complices des « casseurs », soi-disant venus avec l’objectif de « tuer » (sic) des policiers et en brandissant la menace d’interdiction des manifestations, menace désormais mise à exécution, le gouvernement s’engage dans une spirale dangereuse contre les libertés syndicales et démocratiques.
Cette campagne haineuse contre le mouvement ouvrier n’est pas sans rappeler les périodes sombres de notre histoire. Le gouvernement basculerait-il dans le corporatisme et le totalitarisme ?
En tout état de cause, il utilise les exactions des « casseurs » pour jeter le discrédit sur la mobilisation en cours contre le projet de loi travail. De nombreux policiers, victimes eux aussi de cette violence organisée en marge de nos manifestations, s’interrogent sur les consignes données en haut lieu. Parfaitement identifiés, ces individus vandalisent sans retenue et souvent en toute impunité. Le gouvernement ne trouve t-il pas là des alliés de circonstance ?
Mais qui sont-ils ? Un noyau de plusieurs dizaines de militants se réclamant de « l’insurrection qui vient » rédigé en 2007 par « un comité invisible » (sic). Voici quelques morceaux choisis de cet essai si particulier : «(…) Tout mouvement social rencontre comme premier obstacle, bien avant la police proprement dite, les forces syndicales (...) » et « (…) la notion de travail a toujours recouvert deux dimensions contradictoires : une dimension d’exploitation et une dimension de participation. Exploitation de la force de travail individuelle et collective par l’appropriation privée ou sociale de la plus-value; participation à une œuvre commune par les liens qui se tissent entre ceux qui coopèrent au sein de l’univers de la production. Ces deux dimensions sont vicieusement confondues dans la notion de travail, ce qui explique l’indifférence des travailleurs, en fin de compte, à la rhétorique marxiste, qui dénie la dimension de participation, comme à rhétorique managériale, qui dénie la dimension d’exploitation. »
Est-il nécessaire de commenter ? Le « comité invisible » se réclame clairement de la doctrine sociale de l’église qui, tout en soulignant les excès du capitalisme, invite les ouvriers au calme et à la nécessité de s’unir à la classe capitaliste au nom de la nécessité du « bien commun ». Ces « militants casseurs » participent pleinement de la campagne ouverte contre le mouvement ouvrier, n’hésitant pas à vandaliser il y a quelques semaines les vitres et portes des locaux des Unions Départementales Cgt, Cgt-FO et FSU de Loire-Atlantique. Tels sont les faits.
Bien entendu, l’essentiel n’est pas là. La grève et la manifestation du 14 juin ont été un puissant mouvement de mobilisation de la classe ouvrière, réunissant dans un même élan fraternel un million de travailleurs, autour de leurs organisations syndicales, tous unis sur l’axe du retrait du projet de loi Travail. Le 14 juin, face à un gouvernement isolé, la volonté de la majorité s’est exprimée.
Et en refusant de répondre aux légitimes revendications de cette majorité, en ayant recours au 49-3, en interdisant maintenant les manifestations syndicales, le gouvernement et le Président de la République s’engagent sur la voie du totalitarisme. Ils s’appuient tout naturellement à la fois sur le Medef, la Cfdt et la commission européenne. Alors pour préserver les libertés syndicales et obtenir le retrait du projet de loi Travail, organisons la grève et les manifestations du 28 juin. Nous ne lâcherons rien, la trêve des congés d’été n’entamera en rien notre détermination.