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15 mars 2017

[Interview] FO s’oppose à la fermeture des bureaux de poste

Interview de Stéphane Rivasseau, Secrétaire adjoint du syndicat FO-COM44 (partie réseau)

La Direction régionale 44/85 de La Poste a annoncé par voie de presse la fermeture de 9 à 14 bureaux de poste sur Nantes Métropole, sans indiquer les sites concernés.
L’administration de Nantes Métropole confirme simplement cet ordre de grandeur.
Pour Force ouvrière, la saignée pourrait être plus importante encore : à terme, 18 bureaux de poste seraient fermés et 45 postes d’agent supprimés.

A suivre, l'interview, parue dans L'ouest Syndicaliste n°675


=> Peux-tu nous donner des éléments de contexte concernant l’évolution de La Poste ?
En 2004, la « métiérisation » a constitué la première étape du démantèlement de La Poste. Quatre branches ont été constituées, autonomes, avec des objectifs propres : colis, courrier, réseau, numérique. Dans le même temps, La Poste est passée d’une organisation départementale à une sectorisation du réseau, qui a eu pour conséquence de supprimer des bureaux de poste ruraux. Ensuite, des fusions ont été opérées – notamment des directions départementales. C’est la réorganisation permanente.
En 2010, La Poste a pris la forme juridique d’une société anonyme à capitaux publics. Même si l’état détient 73,8% du capital et la Caisse des dépôts et consignations 26,32%, La Poste est définitivement entrée dans une logique de rentabilité, incompatible avec le service public. Seuls 46 % des agents de La Poste sont aujourd’hui des fonctionnaires contre 54 % de collègues recrutés en CDD ou en CDI de droit privé.
Il faut noter que la loi oblige La Poste à honorer quatre grandes missions de service public (Service universel postal, Contribution à l’aménagement du territoire, Transport et distribution de la presse et Accessibilité bancaire). Mais l’état, qui verse une soulte à La Poste  pour qu’elle assume ces missions, ne contribue pas à hauteur de ce qu’il devrait.

=> Quel est le résultat d’une telle politique ?
Le résultat est catastrophique : fermeture de bureaux de Poste, qualité de service en baisse et suppressions massives d’emplois… Nous assistons au démantèlement progressif de la Poste : la partie Courrier d’un côté et la banque de l’autre.
Après les campagnes, c’est maintenant dans les villes que sont fermés les bureaux de poste. Ces derniers sont supplantés par des « relais poste urbains » chez des commerçants, qui touchent chacun 350 € par mois hors commissionnement pour effectuer le travail des postiers. La direction vante les amplitudes horaires de ce dispositif, mais en réalité la qualité du service se dégrade. Et ce sont les populations les plus fragiles qui en pâtissent le plus…

=> Cela ne doit pas beaucoup émouvoir la direction de la Poste…
Disons que cela n’émeut pas la Cour des comptes, qui exige d’accélérer encore la fermeture des bureaux de poste. Ni la direction de la Poste, qui s’exécute en allant très vite. Ni le gouvernement, qui avalise tout. L’objectif est double. D’une part, il s’agit de continuer de tailler dans la masse salariale : nous sommes passés en huit ans de 300 000 à 235 000 agents… D’autre part, il y a les logiques immobilières : les ventes de locaux peuvent représenter des millions d’euros de plus-values. à contrario, la direction veut se délester des charges qu’ils représentent…
La direction régionale 44/85 de La Poste a indiqué dans la presse qu’il y aurait 9 à 14 fermetures de bureaux de poste sur Nantes métropole. Tu penses qu’il pourrait y en avoir 18. Peux-tu nous en dire plus ?
Le calcul est malheureusement assez simple. D’une manière globale, La Poste a la volonté de fermer un tiers de ses bureaux de poste dans les grandes agglomérations. Par exemple, à Rennes intra-muros, on est passé en six mois de 21 bureaux de poste à 14.
Sur l’ensemble de Nantes Métropole, on compte 54 bureaux de poste. Un tiers de 54, ça fait 18. On sait d’ores et déjà que pour Nantes intra-muros, qui compte 24 bureaux, 7 à 8 noms de sites circulent : Saint-Donatien, Saint-Joseph de Porterie, Champ-de-Mars, Longchamp, Rollin, Decré ou Talensac, Chantenay. On sait par ailleurs que la Direction veut supprimer les bureaux dits« agent seul », où un seul agent effectue toutes les opérations postales. Sont notamment concernés, dans les communes limitrophes : Sucé-sur-Erdre, Orvault Bourg, Basse-Goulaine, Vertou Beautour, Bouguenais les Couëts, Couëron La Chabossière, Indre…

=> Qu’en est-il des suppressions de poste liées à ces fermetures ?
La direction indique qu’il y aura 30 suppressions de poste, par le simple transfert de l’activité aux commerçants. Je pense que la direction sous-estime l’hémorragie et que nous serons à 45 postes supprimés. Les bureaux de Décré ou de Talensac comptent chacun à eux seuls 15 agents ! Rollin, c’est 7 à 8 agents…
Cette situation est inacceptable. Force ouvrière est la seule organisation syndicale qui, pour l’instant, s’est clairement positionnée dans la bataille revendicative. Pour nous, il ne doit y avoir aucune fermeture de bureau de poste, ni aucune suppression de poste. Il s’agit de défendre le service public, c’est-à-dire la proximité à l’usager et l’égalité républicaine.