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04 mai 2020

Des masques de qualité, des tests systématiques !

L’incurie du gouvernement doit cesser - Article paru dans L'Ouest Syndicaliste n°708

Les hôpitaux et les établissements de soins, asphyxiés par plus de trente ans de politique d’austérité, ne sont pas en mesure de faire face à la vague annoncée. Macron et son premier ministre ont décidé de prolonger le confinement de quinze jours. Dans le même temps, ils accentuent la pression pour que les ouvriers reprennent le chemin des ateliers - y compris quand leurs entreprises n’exercent pas une activité essentielle. Cela met en danger la santé de dizaines de milliers de salariés, de leurs proches, mais aussi des médecins et des soignants, qui manquent déjà de tout (de masques, de respirateurs, de tests de dépistage...). 
L’annonce d’un milliard de masques commandés à la Chine est bien faible pour une population de 67 millions d’habitants. C’est un milliard de masques par semaine qu’il faut pour endiguer l’épidémie ! Et on apprend déjà que les masques chirurgicaux débarqués de Chine sont d’une qualité déplorable (trop petits, trop fins, trop fragiles). Cela ne suffisant pas, le gouvernement arme le patronat d’une ordonnance qui leur permettra de déroger aux dispositions du code du travail sur les congés, les RTT, le temps de travail... Contre qui le gouvernement pointe-t-il réellement ses canons ?

CH de Saint-Nazaire et CHU de Nantes, Gaël Leturque - secrétaire du syndicat FO des hospitaliers de Saint-Nazaire

Quelle est la situation de l’hôpital de Saint-Nazaire?
Au 30 mars, la direction annonce 4 décès de patients infectés par le Covid-19. 9 patients sont en réanimation, 15 sont confirmés en unité Covid, 8 autres en gériatrie et 13 sont en attente de confirmation. 170 lits sont disponibles dans cette unité.

De quels moyens de protection disposez-vous ?
Nous pensions avoir compensé notre retard en masques et gel hydroalcoolique, et encore grâce aux dons d’entreprises... sauf une d’entre elles, qui nous a vendu le masque un euro ! Dans les faits, nous allons sûrement en manquer très rapidement pour les soignants. Les collègues du service technique, qui se déplacent dans tout l’hôpital, en sont déjà dépourvus. C’est le prix de l’amateurisme du gouvernement : dans certains hôpitaux, on est contraints de trier les patients ; ici, on sélectionne les personnels qui peuvent être protégés. Nous manquons également de surblouses : l’hôpital est contraint de solliciter les MacDo, Burger King et Quick du secteur...

Qu’en est-il des 29 000 tests journaliers annoncés par Emmanuel Macron ?
Tous les soignants présentant des symptômes sont censés être testés, alors que pour bien faire il faudrait tester tout le monde. Dans les faits, l’hôpital n’est pas en capacité de réaliser tous les prélèvements. Nous attendons par ailleurs des consignes ministérielles claires.

Quel est l’état d’esprit des agents ?
Il existe une inquiétude naturelle, car on ne sait pas à quoi nous allons être confrontés, ni sur quelle durée. Serons-nous en mesure de prendre en charge les patients qui vont se présenter ? Sur le papier, l’hôpital a mis en place tout ce qu’il était en mesure de faire. Mais cela suffira-t-il ? Nous payons les trente années de suppressions de postes et de lits.

Que penser de ce que nous traversons ?
Il faut préparer l’heure des comptes. D’un côté, le gouvernement a constitué des stocks de lacrymo et de LBD - qu’il a utilisés contre les blouses blanches ; de l’autre, nous manquons de tout. Le gouvernement appelle à l’unité nationale, parlent des soignants en héros, mais il continue ses attaques contre nos garanties collectives. Tout est résumé là. Le syndicat est d’ailleurs sollicité tous les jou


Sylvie Moisan - secrétaire du syndicat FO

Combien de patients infectés par le Covid-19 sont actuellement hospitalisés au CHU de Nantes ?
A la date du 30 mars, 35 patients sont en réanimation, tandis que 61 sont en hospitalisation conventionnelle. 12 patients sont décédés depuis le début de l’épidémie, mais 36 sont tout de même sortis d’hospitalisation. 119 lits sont disponibles dans les unités HC CoViD-19 activées à ce jour.  130 lits de réanimation peuvent être activés. Il pourrait y en avoir plus si les respirateurs commandés étaient livrés, mais il n’existe aucune usine de fabrication en France.

Vous avez récemment publié un tract intitulé «C’est scientifiquement prouvé : être hospitalier ne protège pas du Covid-19 !». Peux-tu nous en parler?
L’apparition à la télévision du président Macron et de hauts gradés portant un masque dans un hôpital militaire a été la goutte d’eau. Ils n’étaient pas en contact direct avec des malades, mais ils donnaient l’exemple devant des millions de téléspectateurs ! La vie d’un hospitalier n’est pas moins précieuse que celle de ces gens-là.

Que revendique Force Ouvrière au CHU de Nantes ?
Nous exigeons des masques chirurgicaux pour l’ensemble des hospitaliers, ainsi que des masques FFP2 dès lors qu’un hospitalier doit s’occuper d’un patient atteint du Covid-19 ou susceptible de l’être. Nous exigeons que tout hospitalier présentant des symptômes évocateurs du Covid-19 soit dépisté, ainsi que les collègues qui l’entourent si le test est positif.

Comment la direction gère-t-elle cette pénurie de masques ?
Des masques ont été livrés au CHU. Nous avons à ce jour 7 jours de stock. Nous avons obtenu, enfin, que chaque hospitalier puisse porter un masque s’il le souhaite.  Les hospitaliers sont des professionnels lucides, qui veulent être protégés pour exercer leur métier. Ils ne veulent pas contaminer leur entourage. Il ne suffit pas de les remercier, les féliciter, les applaudir... La direction doit respecter ses obligations en matière de sécurité et de santé au travail. Elle doit fournir les équipements dont les hospitaliers ont besoin. Des actes, assez de bla bla.

***

« Le gouvernement fait-il vraiment la guerre au coronavirus ? »
Extraits de la lettre ouverte de médecins
Alors que nous manquons déjà de lits de réanimation, de masques, de respirateurs, de bras,... la loi d’urgence sanitaire prise par le gouvernement ce mercredi 18 mars donne tous les droits aux préfets et aux employeurs pour remettre en cause le code du travail et les statuts de la fonction publique.
Était-ce réellement l’urgence ?
Mais rien sur les usines réquisitionnées pour fabriquer masques, respirateurs...
Rien sur la réouverture des lits nécessaires
Rien sur le dépistage systématique qui a fait ses preuves en Allemagne et en Corée du Sud.
[...]
Nous, médecins, refusons de devoir choisir entre un malade grave que nous allons soigner et un très grave que nous allons laisser mourir. [...]
Nous faisons nôtres ces propos d’une collègue cheffe de service le 14 mars 2020 après une réunion à l’ARS et nous nous souviendrons quand viendra l’heure de la reconstruction des hôpitaux que nous n’avons pas pu compter sur vous messieurs et mesdames du gouvernement :
« Madame la Directrice Générale du CHU,  Monsieur le Directeur Général de l’ARS Auvergne Rhône Alpes, je veux bien après cette réunion de crise retourner dans mon hôpital organiser les services différemment pour accueillir la médecine à la place de la chirurgie, fabriquer un service de 10 lits de réanimation de toute pièce et en urgence, nous avons d’ailleurs déjà commencé depuis vendredi. Je veux bien risquer ma vie et celle de mes équipes en soignant tous ces malades qui vont arriver. Jamais je ne vous ai attendus pour prendre une telle décision. Mais, s’il vous plaît, ne me parlez pas d’union nationale, ne me parlez pas de votre efficacité, ne parlez pas de vos responsabilités, ni de l’implication des ministres qui ont fermé tous ces lits et laissé périmer tous ces masques. »
À grands coups de : « il y a trop de lits hospitaliers en France... la télémédecine va résoudre les problèmes des déserts médicaux... Le tout ambulatoire et les filières de soins régleront le problème de l’engorgement... il faut choisir entre les malades et tenir compte du rapport coût/bénéfice... », ils ont considérablement détruit notre système hospitalier depuis des années et des années.
Nous ne pouvons pas attendre la fin de l’épidémie, c’est maintenant, tout de suite qu’il faut prendre les mesures pour le rétablir. Et pour cela on ne peut compter que sur la mobilisation en direction du gouvernement.
120 signataires au 28 mars 2020
Pour obtenir la totalité de la lettre ouverte, contactez le Dr Venet Cyrille - Mail : venet_cyrille@yahoo.fr