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30 mars 2023

FO signe l'accord salarial chez Aplix

 INTERVIEW - Véronique Bréger, salariée d’Aplix et déléguée syndicale Force Ouvrière

Véronique Bréger, salariée d’Aplix et déléguée syndicale Force Ouvrière dans cette entreprise, élue du personnel et secrétaire du CSE, participant par ailleurs régulièrement aux négociations nationales de la convention collective de la chimie, nous a accordé une interview suite à la signature d’un accord salarial dans son entreprise Aplix.


Interview parue dans L'Ouest-Syndicaliste n° 734/735

En tout début d’année tu as raconté au bureau de l’Union départementale FO 44 dont tu es membre, comment chez Aplix, les salariés, avec Force Ouvrière, ont obtenu une augmentation significative des rémunérations. Mais pour commencer, peux-tu en quelques mots nous restituer le contexte de l’entreprise ?

Tout d’abord Aplix, qui est une entreprise familiale, est aujourd’hui un groupe international (des implantations aux États- Unis, Brésil, Chine…), l’un des leaders mondiaux de fabriquant de systèmes de fixations- fermetures auto-agrippants textile ou plastique (type "Velcro" la marque concurrente d'Aplix, plus connue…). Aplix, qui dépend donc du secteur de la chimie, compte environ 1 000 salariés à travers le monde. Depuis 2018, la Directrice (petite fille du fondateur) tente d’impulser une nouvelle orientation moins familiale à la gestion de l’entreprise, couplée à une recherche de « profitabilité » accrue. Des ouvriers et des employés, mais aussi des cadres ont été malmenés et certains écartés sans ménagement, certaines procédures judiciaires sont encore en cours d’ailleurs. L’organisation de la production a été profondément modifiée, le travail en 5/8 en grande partie abandonné.


Et donc, quelle situation en 2022 pour les salariés, en termes d’emploi et de salaire ?

Encore 500 en 2021 sur les 2 sites en France au Cellier et à Pontchâteau (le Cellier étant le plus important et le siège social) et alors que l’entreprise continue à se développer, à fin 2022 nous ne sommes plus que 454. La Direction est à la peine dans la recherche de nouvelles recrues, à n’en pas douter le niveau de rémunération proposé, avec des horaires de travail décalés, n’y sont forcément pas pour rien.


Et fin 2022 s’engagent des négociations salariales...

Oui, particulièrement à la demande de Force Ouvrière (65% des voix aux élections professionnelles en 2019) soutenue par la CGT. Étonnamment, la Direction, qui pourtant « pleure » régulièrement au CSE sur ses difficultés à faire face à la conjoncture, ne vient pas les mains vides. D’ailleurs, au regard, et de ses problèmes de recrutement, et de l’inflation galopante, peut-elle se le permettre ? D’autant que, grâce notamment aux informations que nous diffusons régulièrement, les salariés revendiquent. Comme partout, c’est légitime. Pour autant la section Force Ouvrière considère que les propositions de la Direction ne sont pas suffisantes. N’oublions pas que suite à la quasi suppression des 5/8, nombre d’entre eux ont perdu également les primes afférentes. Avec l’inflation, c’est la double peine sur leur pouvoir d’achat, et le SMIC a rattrapé les 6 premiers niveaux de rémunérations conventionnelles ! Or, la médiane des salaires dans les ateliers, c’est justement le 7ème niveau… donc 5 centimes de l’heure au-dessus du SMIC.


Alors la section décide de ne pas signer ?

Oui, mais d’abord il nous faut savoir s’il est possible d’engager le rapport de force. Et comme pour les élections, nous décidons d’aller voir chaque salarié, avec une question simple et directe : « Êtes-vous prêt à la grève sur cette question des salaires ? ». Se lever à 3 h du matin pour aller voir les collègues, c’est vraiment pas un problème. Les horaires décalés, on connaît, moi-même j’ai pratiqué tous les jours pendant des années même si aujourd’hui mes responsabilités syndicales m’en exonèrent régulièrement. En 2 ou 3 jours, tous les collègues ont été vus ou presque, et la réponse à la question est très majoritaire et sans ambiguïté : OUI.


Vous vous armez donc pour engager le bras de fer ?

Et oui, résolus et déterminés, nous retournons autour de la table des négociations dans les heures qui suivent pour revendiquer des augmentations à hauteur de l’inflation galopante qui met les salariés dans des situations financières compliquées. La Direction lâche alors 0,5% de plus, donc 4,5% en moyenne. Non sans un certain mépris, elle assortit sa proposition d’un chantage on ne peut plus mal venu. Elle précise en effet que si nous n’acceptons pas son projet d’accord, elle reviendra à sa proposition initiale de 3,5%...
N’empêche, la Direction a-t-elle elle-même mené son enquête sur une possible grève à Aplix ? A-t-elle eu vent des résultats de notre propre enquête ? Toujours est-il qu’au final, c’est 4,5% d’augmentation des salaires de base pour les Ouvriers/Employés, 4% pour les Tam, et des rallonges pour les enveloppes des augmentations individuelles. Les primes paniers progressent de 6%, la prime transport progresse également comme celle d’astreinte, la mutuelle jusqu’ici prise en charge à 70% par l’employeur, le sera maintenant à 80% pour les non cadres... et l’accord porte les rémunérations au-dessus du SMIC dès le niveau 1 !
Dès lors, le 5 janvier, FO et CGT qui auront travaillé ensemble dans cette période, sortent un tract qui souligne que « L’ensemble des propositions représentent une augmentation de 6%... »
Après consultation des salariés, FO et CGT ont décidé de signer l’accord. »


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