InFOrmation syndicale

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10 novembre 2014

Beaucoup moins drôle que le slogan publicitaire, "La Vie Auchan"

Extraits de l'interview donné par Philippe Fraud, délégué syndical FO à l'hypermarché Auchan de Trignac/St-Nazaire à ULFONZ.
Echos des syndicats et sections syndicales de l'Union Locale FO de St-Nazaire et région - n° d'octobre


- ULFONZ : Quel est le poids économique du secteur agro-alimentaire en France ?

Philippe Fraud : En 2010, avec 159 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le secteur de l’industrie agroalimentaire réalise 19 % du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière.
La part des exportations dans le chiffre d’affaires du secteur agroalimentaire est relativement faible (18 %), principalement en raison de l’industrie alimentaire qui exporte peu (16 %). Le secteur compte dans son ensemble presque 60 000 sociétés et emploie 512 000 salariés en équivalent temps plein, soit environ 19 % des effectifs salariés de l’industrie manufacturière.

- ULFONZ : Peux-tu nous donner quelques repères économiques sur le groupe Auchan ?

P. Fraud : Le groupe Auchan appartient à la famille Mulliez (en tête du classement des 100 français les plus riches que vient de publier Capital, bien devant Liliane Bettencourt propriétaire de l’Oréal ...).
Il emploie plus de 300 000 salariés dans 16 pays et compte 1657 hypers et supermarchés, pour un chiffre d’affaires de 62 milliards d’€, en augmentation de 16,1 % au 30 juin 2014 …
Il faut signaler que, comme toute la grande distribution, le groupe Auchan subit les conséquences de la baisse du pouvoir d’achat, et donc de la consommation des ménages en France et en Europe.
Si le secteur alimentaire marche plutôt bien (indice du CA base 100 en 2010, 106,6 en août 2014), le non-alimentaire est sinistré (indice 89,9 en août 2014). L’activité globale en France est donc en baisse.
Au 30 juin 2014, le CA a baissé de 1,9 % en France, et de 5,5 % en Europe occidentale.

- ULFONZ : Dans ce contexte, comment se passe la négociation salariale à Auchan ?

P. Fraud : La négociation salariale se passe au niveau national, et chaque organisation syndicale représentative y a 5 délégués. Pour 2014 elle va débuter le mois prochain.
FO-Auchan n’a signé aucun accord salarial depuis une dizaine d’années. En 2013, la Direction n’a octroyé que 0,5 % d’augmentation générale.
Il faut dire aussi que la Direction ajoute à chaque fois un catalogue de mesures, parmi lesquelles on trouve toujours des régressions. C’est ainsi par exemple, que les premières catégories A et B ont vu rogner leur PVI (prime variable individuelle).
Selon les résultats du magasin d’une part, de l’entreprise d’autre part, il est possible de bénéficier d’une prime de progrès trimestrielle et d’une prime de participation. Mais ces primes baissent maintenant d’année en année, et sont de moins en moins intéressantes pour les salariés d’Auchan.
Gros employeurs de bas salaires, les entreprises de la grande distribution – dont Auchan – sont, avec le BTP, les grandes gagnantes du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi). L'enveloppe atteint 3 milliards au total, selon les chiffres de Bercy : un pur effet d’aubaine.

- ULFONZ : L’actualité revendicative pour FO-Auchan ?

- P. Fraud : Les deux priorités sont la bagarre pour préserver l’emploi et la défense des conditions de travail.

- ULFONZ : Où en est l'implantation de FO à Auchan et dans la grande distribution en région naziairienne ?

P. Fraud : Notre syndicat est présent dans les entreprises comme : Auchan (la moitié de nos syndiqués), la laiterie de Port-Saint-Père, AGIS à Herbignac, Carrefour-Market à St Nazaire, le Centre équestre de la Baule … etc. Nous organisons aussi des syndiqués isolés du secteur agroalimentaire.

Depuis 2011 nous sommes la première organisation à Auchan St-Nazaire (environ 400 salariés en CDI ou CDD), devant la CFDT et la CFTC.
Pour la petite histoire, la section FO d’Auchan a été créée en 1999 par une scission de la CFTC, suite à un désaccord sur la négociation de l’accord 35 heures. Nous avons alors opté pour un syndicat où seul comptait l’intérêt des salariés, sans religion ni politique.