InFOrmation syndicale

1er MAI "JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE DES TRAVAILLEURS" À 10H30 PLACE DE BRETAGNE AVEC FO CGT FSU SOLIDAIRES --- 22 AU 24 MAI STAGE "JE NÉGOCIE" --- 28 AU 30 MAI STAGE "CONNAÎTRE SES DROITS" --- ...

07 février 2009

: LA RÉVOLUTION DES CASSEROLES (1)


Drôle d’ambiance. Le 29 janvier, les manifestations ont été très importantes et la grève bien suivie. Cette mobilisation confirme que la classe ouvrière est prête à se mobiliser dès que les conditions sont réunies. Pourtant tout le monde sait très bien qu’une ou plusieurs manifestations ne suffi(sen)t pas pour faire reculer le gouvernement et obtenir satisfaction à nos revendications. Nous savons aussi que nous ne sommes qu’au début des conséquences de la crise du système capitaliste.

Avec 45 000 chômeurs de plus en décembre, l’année 2008 se termine à 2 113 500 "chômeurs reconnus" soit 216 000 supplémentaires. 2009 sera certainement pire. On ne compte plus les entreprises, petites ou grandes, actuellement en chômage partiel et qui attendent une hypothétique relance avant de licencier.

La Ministre Christine Lagarde annonce la récession pour 2009. A Davos, elle s’inquiète et craint des "troubles sociaux" ; et M. Fillon déclare : "rien ne serait pire qu’un changement de cap".

On est avertis. Déjà, en 2003, le même François Fillon, à l’époque "simple ministre", avait déclaré que des manifestations, même massives, ne le feraient pas reculer, et que seule une grève générale le ferait renoncer.


Le gouvernement et le patronat devraient se méfier. Après la Grèce, les grèves et les manifestations se sont multipliées en Lettonie, en Bulgarie.

En Islande les spéculateurs, appelés les "nouveaux Vikings" sont tombés : c’est la "révolution des casseroles".

Au Royaume Uni, selon le Figaro : "des milliers d’ouvriers britanniques font grève pour protester contre des emplois réservés à des travailleurs étrangers dans une raffinerie Total…"

Mercredi dernier, l’arrêt de travail surprise de quelques centaines d’ouvriers… n’a inquiété personne. Trois jours après, le mouvement a pris une ampleur inattendue, provoquant des grèves spontanées de soutien dans une dizaine de raffineries, de terminaux gaziers, et de centrales électriques sur l’ensemble du Royaume Uni. Au point d’obliger le gouvernement de Gordon Brown à tenir une réunion de crise pour tenter d’éviter que l’épisode ne fasse tache d’huile. Notons que ce mouvement est illégal au regard des lois votées par le gouvernement de Mme Thatcher il y a plus de vingt ans (2).

Et puis, il y a la Guadeloupe. Depuis le 20 janvier, c’est la grève générale. A l’appel du "Comité contre l’exploitation outrancière", les travailleurs guadeloupéens exigent satisfaction à leur cahier de revendications comportant 146 points. Contre la vie chère, ils demandent entre autres une augmentation de 200 €uros des bas salaires, retraites et minima sociaux.


Dans ce contexte, il n’est pas certain que M. Fillon parvienne à garder le cap. Dans cette ambiance bizarre, tout peut arriver. On sent bien qu’un événement, voire un incident quelconque, peut "mettre le feu aux poudres".

C’est toute la politique dictée par l’Union européenne qui s’effondre. Depuis 1982 et la politique de rigueur imposée par le gouvernement de MM. Delors et Mauroy, nous avons combattu souvent à contre-courant. Nous avons subi les sarcasmes des modernistes, des Notat et Chérèque, mais aussi des Thibault. Pourtant les faits démontrent aujourd’hui que nous avons eu raison de combattre contre l’abaissement du coût du travail.

Notre résistance a permis de "limiter les dégâts". Même si nous avons subi des revers, on mesure combien la Sécurité sociale, nos retraites, nos conventions collectives, nos statuts constituent autant de garde-fous contre la déchéance totale.

Alors n’ayons aucun complexe. N’hésitons pas à exiger une augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux.

Alors que des milliards sont dépensés pour les banques, demandons l’annulation des franchises médicales et le retour à la Sécurité sociale de 1945.

Contre les licenciements exigeons un moratoire, mais aussi de revenir à la retraite après 37,5 années de cotisations, calculée sur les dix meilleures années.

Demandons aussi les préretraites quand c’est nécessaire. Mobilisons nous de même pour le retrait de la RGPP et de ses 30 000 suppressions de postes dans la fonction publique, pour le retrait du projet de loi Bachelot.

Exigeons l’annulation de tous les projets de privatisation, et quand nos emplois sont menacés, demandons la renationalisation.

Enfin la préservation de la démocratie est une des conditions de l’action syndicale. C’est pourquoi nous devons aussi dire, même si cela doit perturber les relations intersyndicales, que la loi du 20 août issue de la "position commune" signée par le MEDEF, la CGT et la CFDT est une loi liberticide. En conséquence nous en demandons l’abrogation et le retour à la libre désignation des délégués syndicaux.

Voilà parmi tant d’autres, quelques revendications indispensables.

Pour les faire aboutir, il est évident que la classe ouvrière devra se mobiliser. La CGT et la CFDT cherchent à l’entraîner dans une série de manifestations processionnaires. Nous devons dire clairement que l’heure n’est pas aux défilés. Comme en Guadeloupe, si le gouvernement ne veut rien entendre, il faudra la grève (3). C’est une vérité de bon sens, alors disons là tranquillement mais fermement.



(1) A Reykjavik, les islandais manifestent bruyamment avec tambours, casseroles et bidons.
(2) Au moment où les travailleurs anglais sont en train d’en finir avec vingt ans de thatchérisme, M. Sarkozy, qui tente à son tour de réglementer le droit de grève, a vingt ans de retard.
(3) A l'heure où nous mettons sous presse (lundi 2 février), des dépêches d'agences indiquent que 45% des enseignants-chercheurs ont adhéré au mouvement de grève des universités déclenchée le jour même. Des étudiants, réunis en assemblées générales (un millier à Rennes) ont aussi voté la grève.


Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique