InFOrmation syndicale

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02 juillet 2009

THIBAULT-SARKO, UNE RELATION PARTICULIÈRE


En France, 60 % des électeurs ont refusé de voter le 7 juin à l’occasion de l’élection du parlement européen : ils se sont abstenus !

A l’échelle de l’Europe, l’abstention atteint un nouveau record avec 56, 45 %.

Au-delà des résultats obtenus par chaque liste en présence, l’augmentation du nombre d'abstentionnistes est sans aucun doute la principale leçon de ce scrutin. Les travailleurs s’abstiennent comme ils se sont abstenus largement de participer aux manifestations diverses et variées organisées le 26 mai. Pourtant le scénario mis en place par le gouvernement, Thibault et Chérèque continue à se dérouler. Avec un art consommé, le "trio infernal" (Fillon, Thibault, Chérèque) tente d’organiser la démobilisation de la classe ouvrière. De ce point de vue le bide spectaculaire du 26 mai était sans aucun doute "organisé", même si cet échec programmé a été au-delà de ce que voulaient les organisateurs.

En effet cet échec, par son caractère excessif provoque nombre d’interrogations chez les militants.


La classe ouvrière n’est ni stupide, ni amnésique, les militants non plus. Si le souvenir est diffus, 2003 reste dans les mémoires. Le même trio infernal avait organisé (dans un jeu de rôle différent) l’échec de la mobilisation contre la loi Fillon. Déjà Thibault nous avait imposé le système des manifestations "saute-mouton", déjà il avait refusé d’appeler à la grève, alors que le ministre Fillon avait clairement annoncé que seule une grève pourrait le faire reculer.

Pourtant Thibault et Chérèque ont décidé d’aller jusqu’au bout de leur stratégie. Ils appellent maintenant les "familles" à défiler le 13 juin : un samedi. On est bien loin de l’action syndicale. Pas question de faire grève, cela ressemble plutôt à une procession. Juin, c’est aussi le mois des kermesses de fin d’année scolaire, la concurrence est rude, c’est pourquoi les organisateurs de ces festivités redoublent d’imagination pour dans chaque département trouver des initiatives "originales".

Évidemment, le gouvernement ne peut que se féliciter d’être parvenu à canaliser les mécontentements dans une période où pourtant se sont multipliées les difficultés, en particulier les plans de licenciements et les fermetures d’entreprises. Incontestablement, il a "gagné du temps", ce qui n’est pas secondaire car nous savons que le temps est une matière première essentielle de l’action politique.

Ce "temps gagné", il le doit d’abord à l’action de Bernard Thibault. C’est donc à juste titre qu’il bénéficie des félicitations du Président de la République.

Ainsi, le Journal du Dimanche du 24 mai titre : "Thibault, syndicaliste favori de Sarkozy". On apprend que "le patron de la CGT est devenu l’interlocuteur préféré du chef de l'État au détriment de François Chérèque". La CFDT "doublée sur sa droite" ! Fallait le faire. "Nicolas Sarkozy a changé les rapports de force en raison d’une relation particulière avec Bernard Thibault (…)". "Ils se téléphonent au moins une fois par mois" témoigne un patron du CAC 40. Le conseiller du Président de la République minimise mais confirme : "cela me paraît très exagéré". Pourtant, celui-ci a pris régulièrement des nouvelles de la santé du dos de Bernard Thibault qui de son côté "a conseillé à Sarkozy de se ménager … politiquement".

Bien sûr, il faut sauvegarder les apparences pour "ne pas désespérer" les militants de la CGT : "ni l’Elysée, ni la CGT ne souhaitent donner l’image d’une trop grande proximité. Bernard Thibault n’épargne jamais le Chef de l'État de ses attaques publiques".

Compte tenu des éminents services rendus par le secrétaire général de la CGT, il est somme toute logique que le gouvernement lui "renvoie l’ascenseur". C’est certainement ce type de relations qui explique l’adoption de la loi du 20 août 2008 sur la représentativité syndicale. On se souvient que cette loi est la reprise pure et simple d’une "déclaration commune" entre le MEDEF, la CGT et la CFDT. "Les petits cadeaux" entretiennent l’amitié, c’est bien connu.

Mais cette mécanique bien huilée risque de se gripper. On sait qu’il suffit parfois d’un simple grain de sable...
Au mois de septembre, la situation risque de s’aggraver encore. Nombre d’entreprises ont différé leurs plans de licenciements et plusieurs centaines de milliers de jeunes vont venir grossir les rangs des chômeurs.

Il est probable que dans ce contexte tendu, "les gentils organisateurs" rencontrent plus de difficultés à entraîner leurs troupes dans une nouvelle phase de festivités.

Par de multiples canaux, il nous revient que de nombreux militants, en particulier dans la CGT, mais aussi dans les autres organisations, sont fatigués de ces marches touristiques et aspirent à des actions efficaces. Souvent ces militants partagent notre analyse. Bien sûr, et c’est compréhensible, ils sont attachés à leur organisation. C’est pourquoi leurs désaccords ne s’expriment pas toujours publiquement, pour autant nous savons qu’ils sont bien réels.

Pour notre part avec notre confédération nous avons toujours condamné les manifestations saute-mouton. Nous n’avons cessé d’affirmer qu’il n’y a pas d’autre issue pour obtenir satisfactions à nos revendications que le recours à la grève. L’exemple récent de la Guadeloupe est là pour nous conforter dans cette conviction.

Depuis un an bientôt nous proposons aux autres organisations d’appeler à une journée de "grève franche" et de réunir ce jour-là les salariés afin qu’ils définissent leurs revendications et les moyens à mettre en œuvre pour les faire aboutir. La Commission Exécutive de notre confédération réunie le 29 mai (page 2) a réaffirmé cette proposition et aussi notre condamnation des actions "stériles ou inefficaces". Il est donc parfaitement clair que la CGT et la CFDT ne pourront pas compter sur nous pour, en septembre poursuivre sur la voie actuelle.

Cette ré affirmation de notre indépendance est nécessaire. Il faut que la classe ouvrière sache qu’il existe des réponses possibles pour gagner. Ce faisant, notre confédération ouvre des perspectives mais aussi préserve peut-être le mouvement syndical de la désespérance des salariés.

En clair une fois encore, notre confédération relève le flambeau de l’indépendance. Elle prend ses responsabilités. L’Unicité, par nature, est antidémocratique. La démocratie suppose la libre expression des points de vue et surtout la possibilité de s’organiser librement tant sur le plan politique que sur le plan syndical.
Défendre la classe ouvrière, c’est défendre son droit à construire ses propres organisations et à désigner librement ses délégués. C’est donc combattre la CGT et la CFDT qui par la "position commune" prétendent avec le MEDEF et le gouvernement remettre en cause cette liberté fondamentale.

C’est aussi, même seuls, prendre, en toute circonstance, librement et fièrement ses responsabilités, en passant si nécessaire par-dessus la tête des "liberticides" pour directement s’adresser à la classe ouvrière.




Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique