InFOrmation syndicale

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21 novembre 2009

TONNERRE DE BREST


Pour défendre la démocratie nos prédécesseurs ont fondé la "CGT Force Ouvrière". A la fin de la guerre et malgré la défaite des régimes fascistes et pétainiste, il fallait encore combattre contre les menaces totalitaires du Parti communiste stalinien.

Nous savons que la démocratie suppose le pluralisme politique et syndical, mais aussi l’indépendance, en particulier vis-à-vis de l’Etat. Partis et syndicats, lorsque ces conditions sont remplies, participent ainsi, chacun sur leur terrain respectif, à un certain équilibre.

Pour vivre et financer leurs activités, partis et syndicats disposent des cotisations de leurs adhérents. Mais nous savons que ces ressources n’ont jamais été suffisantes. La présidentialisation du système à partir de 1958 a entraîné les partis politiques dans des campagnes électorales de plus en plus coûteuses.

Au plan syndical, dans de moindres proportions certes, il a fallu trouver aussi d’autres ressources pour financer la multiplication des activités provoquées par une incontestable institutionnalisation de nos organisations et aussi par la tendance à nous transformer en machines électorales.

Sous des formes diverses, les organismes paritaires, mais aussi l’Etat, ont contribué au financement des organisations syndicales. Les collectivités locales et les administrations ont également apporté leurs contributions, souvent sous la forme de "mise à disposition" de militants.

De leur côté, les partis politiques, on le sait maintenant, ont eu recours à des subterfuges bien sûr, discutables. D’autant plus contestables quand certains en profitaient pour s’en mettre personnellement plein la poche.

Mais ces cas particuliers restent exceptionnels, et l’essentiel de l’argent ainsi "récolté" allait bien au financement de l’activité politique.

Ces choses là étaient bien connues, même si elles restaient discrètes. Chacun fermait les yeux. C’était en quelque sorte "le prix de la démocratie".

A la suite de quelques scandales, méticuleusement orchestrés, les gouvernements ont décidé de mettre fin à ces pratiques.

Ainsi un nouveau système s’est mis en place. Désormais, les partis politiques sont pour l’essentiel financés par l’Etat en fonction du nombre de voix obtenues à l’occasion de certaines élections. Exit les adhérents.

Allant jusqu’au bout de cette logique, le Parti socialiste, après les adhésions à 20 euros par an, envisage maintenant de se passer purement et simplement d’adhérents, en organisant des "primaires" pour désigner son futur candidat à l’élection présidentielle.

Sur le plan syndical, l’offensive des "moralistes" a été un peu plus tardive.

C’est le MEDEF qui a déclenché les hostilités, avec comme complices la CFDT et la CGT. Le 9 avril 2008, ils signent la "Position commune". Dès le 3 juin, le Président de la République annonce une loi. Le 20 août, la loi est votée.

Cette loi, comme pour les partis politiques, prévoit que désormais ce sont les électeurs, et non plus les adhérents, qui déterminent la représentativité des syndicats.

Au prétexte de "transparence", elle oblige aussi les organisations syndicales à rendre publics leurs comptes.

Le but est évident : il s’agit encore une fois de transformer les organisations syndicales en machines électorales, pour les faire financer aussi par l’Etat.

Ainsi, au nom de la morale, on étatise les syndicats.

Petit à petit, insidieusement, c’est un nouvel ordre moral qui se constitue, un régime totalitaire d’autant plus dangereux qu’il n’en a aucune des formes brutales habituelles. Du moins pour l’instant.

Pour construire cet "ordre nouveau", il est naturel de retrouver la CFDT et la CGT. Ils ont déjà l’expérience. Le courant chrétien social, que représente aujourd’hui la CFDT, s’était, dans sa plus grande partie, retrouvé identifié au régime vichyste du Maréchal Pétain.

La CGT, pour sa part dirigée par le PCF, n’a jamais renié son passé stalinien. Il suffit de voir comment se prépare leur congrès confédéral qui aura lieu à Nantes début décembre, pour comprendre qu’ils n’ont pas changé.

Incontestablement, la démocratie est en danger. Les discours du gouvernement, et aussi de certains au Parti socialiste à propos de « la terre qui ne ment pas » , rappellent fâcheusement feu le Maréchal.

Fort heureusement, les liberticides sont encore loin d’avoir gagné la partie. La multiplication des procès, dont l’aspect politique est incontestable, commence à en inquiéter plus d’un.


Les Maires et les conseillers généraux de tous bords refusent les réformes en cours. Rappelons simplement que ces projets de réformes des collectivités territoriales visent, sur ordre de l’Union européenne, à supprimer à terme les communes et les départements au profit des régions, dans la perspective de la construction de "l’Europe des régions".

Au plan syndical, c’est bien sûr à notre organisation qu’il revient de mener le combat pour la liberté. Cette bataille, nous devons la mener partout et à tous les niveaux, aussi bien au plan international que dans l’entreprise.

Il faut saluer nos camarades de l’Union départementale du Finistère, à qui revient l’honneur d’avoir porté un premier coup important contre la loi du 20 août 2008. Le jugement de Brest (pp. 6 et 7) ouvre une brèche.

Bien sûr, le gouvernement et la CFDT ont annoncé immédiatement qu’ils feraient appel. Ce n’est pas surprenant.

Il nous faut continuer la bagarre. Chaque victoire, petite ou grande, ouvre une nouvelle voie d’eau. La classe ouvrière a besoin d’organisations syndicales libres et indépendantes. Elle les a construites pour défendre ses intérêts. Elle saura les défendre, et au besoin les reconstruire.

Alors pas d’hésitation, menons hardiment l’offensive contre les liberticides, et déclenchons d’autres "Tonnerres de Brest".


Note:
Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique




Le ++ FO44 :