InFOrmation syndicale

1er MAI "JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE DES TRAVAILLEURS" À 10H30 PLACE DE BRETAGNE AVEC FO CGT FSU SOLIDAIRES --- 22 AU 24 MAI STAGE "JE NÉGOCIE" --- 28 AU 30 MAI STAGE "CONNAÎTRE SES DROITS" --- ...

16 mars 2010

UN TOUT P'TIT OUI


C'est un NON sans appel. A 93% les Islandais ont rejeté par référendum le plan de remboursement de la facture laissée par la faillite de la banque Icesave.

Ce référendum est une première depuis l'indépendance du pays en 1944. Imposé par des manifestations, il se solde par... 1,7% de OUI. Ce n'est plus un fossé entre le "haut" et le "bas", c'est un abîme.

Ce plan voté par le Parlement prétendait faire payer environ 100 euros par mois pendant 8 ans à chaque habitant.

Avec ce NON massif, le peuple islandais affirme clairement que cette dette n'est pas la sienne. C'est aussi une gifle au F.M.I. et à l'Union Européenne qui prétendent faire payer aux salariés les conséquences de leurs politiques et de la crise économique.

En Grèce, le gouvernement «socialiste», cédant aux injonctions de Bruxelles, a décidé d'imposer un plan de super-rigueur, provoquant la colère de la classe ouvrière. Le vendredi 5 mars, une première journée de grève avec manifestations a été massivement suivie. Les organisations syndicales appellent à une seconde grève le 11 mars.

En Espagne, au Portugal, les gouvernements « socialistes », cédant également à l'Union Européenne, imposent des plans qui débouchent aussi sur des grèves et des manifestations. Partout, Bruxelles impose les mêmes mesures contre les travailleurs: baisse des salaires, licenciements, remise en cause des statuts et conventions et des retraites.

En France, le gouvernement "d'ouverture" n'a pas encore dévoilé son plan. Pourtant, on en connaît déjà les grandes lignes. Ce n'est pas une surprise, il ressemblera étrangement à ceux qui sont imposés en Grèce, en Espagne, au Portugal et maintenant en Islande. Le Journal du Dimanche titre : «Grèce : vers un effet domino?» Avec un incroyable mépris, le BAFIN (Organisme de tutelle du secteur financier en Allemagne) traite de « PIIGS » (cochons) le Portugal, l'Islande, l'Italie, la Grèce et l'Espagne (SPAIN en anglais). On est bien loin de l'Union Européenne harmonieuse que certains nous promettaient pour nous faire adopter le Traité de Maastricht.


Les tensions deviennent même inquiétantes. Lors de sa visite à Berlin, le Premier Ministre Grec, Mr. Papandréou a déclaré: « les Grecs n'ont pas la corruption dans les gènes, tout comme les Allemands n'ont pas le nazisme dans les leurs ».

Le Vice-Premier Ministre grec, Théodore Pengalos, de son côté, déclare à la BBC que lors de l'invasion du pays en 1941, les allemands «ont pris les réserves d'or de la Banque de Grèce, ils ont pris l'argent grec et ne l'ont jamais rendu». Bravo l'ambiance !

Ce n'est pas encore la guerre, mais la dureté des plans imposés à la classe ouvrière confirme sans aucun doute que nous sommes en économie de guerre.

L'Union Euro-péenne et le F.M.I. poursuivent leur politique qui a conduit à la crise économique et débouche maintenant sur les plans de rigueur.

Dans ces conditions, nous savons que le gouvernement français va encore intensifier la mise en œuvre de l'austérité.

Selon le ministre Woerth, il faut récupérer 100 milliards. On comprend mieux quand on sait que sur les 300 milliards de dettes de la Grèce (cf.page 8), les banques françaises en détiennent 80 milliards, et les banques allemandes 45 seulement. En ce qui concerne les pays qualifiés de PIIGS par les financiers allemands, la France détient 618 milliards de créances et l'Allemagne 512. Pour une fois, l'Allemagne est battue !

Le JDD n'a pas tort, quand il parle d'effet domino.

Le gouvernement sait que la sévérité des mesures qu'il veut prendre risque, comme en Grèce, de provoquer la colère de la classe ouvrière.

Alors, il cherche à la contenir. Il faut être aveugle pour ne pas voir qu'il dispose, pour cette besogne, de l'appui de Bernard Thibault (1) et de François Chérèque.

Il faut aussi être amnésique, puisque, déjà en 2003, puis en 2009, on nous a joué le même film. Ce film, il commence à fatiguer la classe ouvrière. Il n'est pas certain que cette fois elle accepte les manifestations qui conduisent à l'impasse.

Le 23 mars est certainement pour les dirigeants de la C.G.T. et de la C.F.D.T. le premier acte d'une série de processions identiques à celles de 2009.

Dans la C.G.T., de nombreux syndicats manifestent leur mécontentement. Les militants de la C.G.T., et même ceux de la C.F.D.T., veulent défendre les retraites.

S'ils conservent encore quelques illusions sur les intentions réelles de leurs confédérations, notre rôle n'est certainement pas de les accompagner dans ces errements. Bien au contraire, parce que nous sommes libres et indépendants, nous devons dire clairement qu'il n'y a pas d'autre voie que celle de la grève interprofessionnelle.

C'est pourquoi, la Commission Administrative de notre Union Départementale a décidé, à l'unanimité, de ne pas participer au 23 mars, et d'engager une grande campagne d'information et de mobilisation en multipliant les initiatives et les réunions publiques.

Cette décision correspond à une orientation combative.

Naturellement, il n'est pas question de rester les deux pieds dans le même sabot. Nous savons tous que l'unicité syndicale que cherche à imposer la CGT conduit à la paralysie.

En France, comme en Irlande, en Grèce ou au Portugal, la classe ouvrière est disposée à engager le combat. Ce n'est certainement pas en cédant aux oukases de Thibault que l'on pourra ouvrir une perspective débouchant sur des succès. Au contraire, nous devons nous dresser directement aux salariés, en leur disant la vérité, sans crainte des pressions, notamment des médias.

A juste titre, notre confédération a refusé de signer l'appel intersyndical du 15 février, parce qu'il ne contient aucune des revendications indispensables pour défendre nos retraites. Notre responsabilité, c'est, dans les semaines qui viennent, de préparer l'affrontement inévitable.

En Loire-Atlantique, notre Union départementale a lancé depuis plusieurs mois une campagne pour la nationalisation des Chantiers de l'Atlantique (cf. page 6). C'est parce que nous sommes convaincus qu'il n'y a pas d'autre solution, que, malgré le scepticisme et parfois l'opposition des autres organisations, nous avons poursuivi avec fermeté notre action en nous adressant à tous, bien sûr aux élus, mais surtout aux travailleurs.

Alors certes, cette bataille n'est pas encore gagnée, mais déjà toutes les organisations syndicales du département se sont finalement prononcées pour que l'Etat prenne une participation majoritaire dans le capital de l'entreprise. Une centaine d'élus de tous bords se sont aussi prononcés en ce sens.

Le succès de la manifestation du 3 mars confirme que notre organisation peut s'opposer à l'unicité pour imposer l'action commune.


1- Cette collusion est si évidente que Eric Le Boucher, dans sa chronique des Echos du 26 février, titre : "L'Alliance Sarkozy-CGT".


Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique