Avec un millier de participants, 30 interventions de délégués, notre Congrès a été un succès.
Au lendemain de la mobilisation de la classe ouvrière pour exiger le retrait de la « réforme » des retraites, ce congrès a adopté une résolution qui réaffirme nos revendications et la nécessité de préserver l’indépendance de notre organisation.
Incontestablement, la crise du système capitaliste n’est pas terminée, il est certain qu’elle connaîtra dans les prochains mois de nouveaux développements.
Au plan international, le Fonds Monétaire International (FMI) dirigé par le « socialiste » Dominique Strauss-Kahn entend faire payer aux salariés les conséquences de cette crise. Dans tous les pays, nous voyons fleurir les plans de rigueur. En Europe, après la Grèce, l’Espagne, le Portugal, c’est maintenant au tour de l’Irlande. Dans ce nouvel « El Dorado » montré en exemple pour ses résultats économiques spectaculaires, un plan d’extrême rigueur vient d’être adopté par le gouvernement.
Dans tous ces pays, les travailleurs se mobilisent pour défendre leurs revendications et tout simplement le droit de vivre décemment. Souvent ces combats se heurtent à des directions syndicales qui les conduisent dans des impasses.
Dans les pays de l’Union Européenne, il nous faut bien constater que la Confédération Européenne des Syndicats (CES) joue un rôle majeur pour faire passer tous ces plans.
En effet, alors que la Commission Européenne vient de publier un « Livre vert » qui prône le recul de l’âge de la retraite. Dans une résolution adoptée les 13 et 14 octobre, la CES apporte son soutien à cette orientation : « la réponse pertinente ne peut donc se résumer à se contenter de proposer de reculer l’âge légal de l’ouverture du droit à la pension, cette proposition qui, si elle était généralisée, serait inopportune aujourd’hui. »
Qu’en termes galants ces choses là sont dites !
Alors qu'en France les travailleurs descendaient massivement dans la rue et se mettaient en grève, la CES jugeait «inopportune aujourd'hui» le recul « de l’âge légal de l’ouverture du droit à la pension ».
En clair, la CES approuve les « réformes » de retraites. Comme par hasard, et comme la CFDT et la CGT en France, elle demande que soit pris en compte la pénibilité et que soient développés les « emplois seniors ». Outre le fait que préconiser des « emplois seniors », alors que le chômage ne cesse de progresser, n’est qu’une fumisterie, demander que l’on travaille plus longtemps, c’est tout simplement accompagner les « réformes » en cours.
Mais la CES va jusqu’au bout de sa logique d’accompagnement de l’Union Européenne. De fait elle approuve les fonds de pension, qu’avec beaucoup de pudeur elle appelle des « systèmes privés fondés sur les marchés financiers ».
Toujours aussi hypocrite, la CES, consciente des risques de ces systèmes, fait des propositions pour limiter les dégâts en cas de crise financière : « une des manières de réduire ces risques serait d’introduire des règles de solvabilité pertinentes… ».
Quand on lit cette résolution, on comprend bien pourquoi, la CES reste particulièrement discrète quand les travailleurs, dans toute l’Europe, se mobilisent contre les réformes des retraites et contre les plans de rigueur.
On comprend aussi, les stratégies des directions de la CGT et de la CFDT qui ont conduit en France l’immense mobilisation de la classe ouvrière dans une impasse. Il est donc logique que la CGT et la CFDT, flanquées de leurs subsidiaires FSU, Solidaires et UNSA, appellent à la journée européenne du 15 décembre organisée par la CES.
En réalité, le 15 décembre n’est pas autre chose qu’une journée de soutien aux plans d’austérité. Bien sûr, il ne faudra pas compter sur nous pour y participer.
Dans le monde entier, des travailleurs, des militants, des organisations comprennent qu’il est urgent de s’organiser pour défendre réellement les intérêts de la classe ouvrière.
En France, comme ailleurs, le gouvernement et le patronat veulent imposer leurs plans. Pour survivre, le système capitaliste est prêt à tout. « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée dormante porte l'orage » disait Jean Jaurès.
Dans ce contexte, du 27 au 29 novembre, des représentants d’organisations venant de plus de 60 pays se sont réunis à Alger pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour lutter « contre la guerre et l’exploitation ». Dans la déclaration adoptée à l’issue de ces travaux, il est affirmé que l’indépendance des organisations syndicales, que ce soit en Chine, en Russie, en Amérique du Sud comme du Nord, en Afrique ou en Europe, est une condition nécessaire à la victoire de travailleurs. Les délégués ont aussi constaté que partout les travailleurs se battent et que, comme en France, « un esprit de résistance » s’est emparé de la classe ouvrière.
Le congrès de notre Union départementale, en mettant au centre de sa résolution cette nécessaire indépendance, s’inscrit pleinement dans ce combat que notre prochain Congrès Confédéral réaffirmera.
Edito de Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique, paru dans l'OS