Comme dans toute l'Union européenne, il se prépare à mettre en oeuvre un super plan de rigueur. C'est dans cet objectif que le Président de la République vient de nommer un gouvernement avec le même Premier ministre. Donc pas de surprise à attendre ! M. Fillon a conduit la réforme des retraites en 2003, il vient de conclure celle de 2010. M. Fillon a donc de l'expérience, il est finalement logique qu'il soit reconduit dans ses fonctions. M. Sarkozy a besoin de ses compétences pour affronter la période difficile qui l'attend. le gouvernement et le patronat savent que la classe ouvrière est toujours debout et que même si elle a subi un échec au plan revendicatif, elle n'est ni battue ni abattue ...
Ils savent aussi qu'une fois encore ils ne doivent leur salut qu'à la complicité des dirigeants de la CGT et de la CFDT.
En effet, les dirigeants de l'"intersyndicale" officielle ont sciemment conduit les travailleurs à l'échec.
Déjà en 2003, M. Fillon avait prévenu que seule une grève générale pourrait le faire reculer. Il avait aussi publiquement remercier Chérèque et Thibault pour leur collaboration.
Il avait même précisé que dans le partage des rôles, Thibault avait eu le plus délicat. "Le Monde" du 17 juin 2003 écrivait : François Fillon a d'ailleurs tenu à rendre hommage à la CGT et à son secrétaire général Bernard Thibault pour son "attitude responsable". En soulignant ainsi "l'opposition raisonnable" de la CGT."
"Bis repetita placent", en 2010 nous avons été confrontés à la même sainte alliance, avec les mêmes personnages. Ça en devient lassant !
On dit souvent "jamais deux sans trois". Rien n'est moins sûr car incontestablement les dirigeants de la CGT et de la CFDT ont failli être débordés. Ils avaient tenté de corseter la classe ouvrière en enfermant les organisations syndicales dans une "intersyndicale" qui prétendait tout régenter et canaliser le mouvement.
En refusant de se rendre complice de cette mystification, notre confédération a préservé son indépendance et a ainsi donné un point d'appui à tous les militants qui honnêtement cherchaient les moyens de gagner cette bataille.
En 1851, Auguste Blanqui écrivait : "Pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans la rue, par des plantations d'arbre de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin la mitraille, de la misère toujours."En 2010, Thibault et Chérèque ont multiplié les "promenades ridicules" souvent accompagnées d'initiatives grotesques, des pique-nique, des lâchers de ballons, etc., autant d'initiatives festives dont le seul objet est de tenter de divertir la classe ouvrière.
Pourtant la grève a été massive dans de nombreux secteurs. Elle n'a pas été suffisante pour gagner, mais les travailleurs ne sortent pas découragés de ce combat. Comme l'a écrit notre camarade Jean-Claude Mailly : "l'esprit de résistance et de reconquête acquis par les salariés pendant cette bataille et qui s'est installé pendant ces derniers mois renforce notre détermination à ne pas accepter cette réforme et à continuer à demander son abrogation."Cet "esprit de résistance" dont parle notre camarade J.C. Mailly renforce aussi la détermination de toute la classe ouvrière. Il est certain que des leçons sont tirées. Dans les entreprises, les administrations, les établissements et aussi dans toute la jeunesse, nombreux sont ceux qui s'interrogent et qui demandent des comptes aux organisateurs des "promenades ridicules".
Le gouvernement qui vient d'être désigné va continuer à appliquer servilement les directives européennes. Il est certain que cette politique provoquera de nouveaux heurts.
Certes, les partis politiques ont déjà tous en ligne de mire les élections présidentielles de 2012. Il ne faut se bercer d'aucune illusion, Mme Aubry, en parfait accord avec la CFDT, s'est déjà prononcée pour un nouvel allongement de la durée de cotisation et pour une retraite par points.
Sur un plan syndical, le gouvernement et le patronat, toujours en accord avec la CFDT, veulent nous entraîner dans des négociations sur l'emploi des jeunes et les emplois seniors. Bien sûr, il y a un vrai problème d'emploi, en particulier pour les jeunes, mais en la circonstance, chacun a bien compris qu'il s'agit en réalité d'accompagner la mise en oeuvre de la loi sur les retraites.
Dans ces combats à venir, de nombreux militants auront tirer les leçons de 2003 et de 2010. De leur côté, M. Fillon va continuer avec Bernard Thibault et François Chérèque à mettre en oeuvre leur tentative d'intégration des syndicats.
Ils disposent pour cela de la loi liberticide du 20 août 2008. Mais cette volonté de contrôler toutes les organisations syndicales au travers d'une "intersyndicale" officielle a d'ores et déjà échoué.
Notre confédération dans cette bataille a rempli pleinement son rôle, a tenu toute sa place. Elle n'en est que plus forte et plus unie. Les militants sont fiers de leur organisation.
A quelques mois de notre prochain congrès confédéral, plus que jamais, elle est l'organisation syndicale indépendante dont la classe ouvrière a besoin.
Edito de Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique, paru dans l'OS