Se battre, c'est obtenir des résultats
« Le patronat et le gouvernement utilisent la crise de leur propre système pour remettre en cause les conquêtes de la classe ouvrière. Mais elle résiste ! »
Le 19 janvier à Nantes, Patrick Hébert traduisait ainsi le ton revendicatif du 25e congrès de l'Union départementale FO de Loire-Atlantique, présidé par le Secrétaire général de la confédération FO, Jean-Claude Mailly, et réunissant un millier de militants FO au Parc de la Beaujoire.
«Hasard de calendrier», relevait le Secrétaire général réélu à un cinquième mandat, ce congrès se tient dans le prolongement d'une «bagarre, particulièrement active», dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites initiée par le gouvernement.
«Certes, le rapport de force n'a pas été encore suffisant, mais il y aura d'autres combats», soulignait Patrick Hébert devant les délégués de 126 syndicats FO du département.
«On ne ressort ni battus ni abattus», a insisté le secrétaire de l'UD FO, fustigeant l'attitude de «la CGT et de la CFDT qui avaient décidé de conduire le mouvement dans le mur. Or, seule une grève générale aurait fait reculer le gouvernement et permis le retrait du projet».
126 syndicats représentés
Au cours d'une trentaine d'interventions, les militants FO relaieront cette volonté d'action face à un gouvernement qui détruit notamment les «services publics», soulignait ainsi Armelle Le Mauff (administratifs FO de l'Éducation nationale). De même, «la fermeture du collège Jean-Monnet, dans la banlieue nantaise, a été annoncée le 5 octobre», fulminait Jean-Paul Charaux (Lycées et collèges).
À Saint-Nazaire, expliquait de son côté Rachèle Barrion (secteur hospitalier), le partenariat public-privé dans le cadre de la construction d'une cité sanitaire est même poussé jusqu'à l'absurde. Ainsi, «un service de dialyse s'installera au même étage que celui de la partie hôpital public ! »
Autant de situations qui «confortent nos convictions militantes», soulignait Jean-Jacques Le Blay (caisses de Sécurité sociale). Et «quand on se bat, on obtient des résultats», résumait pour l'UD FO Michel Le Roc'h, citant l'annulation, grâce à FO, de 30 licenciements prévus il y a un an à l'entreprise Earta (110 emplois) aux postes adaptés pour des salariés handicapés.
La détermination porte ses fruits, confirmait Catherine Fouquet (Conseil général, 4 000 agents). «FO est désormais un acteur incontournable. La CFDT, en revanche, a perdu plus de sept points et sa majorité absolue ...»
« Le patronat et le gouvernement utilisent la crise de leur propre système pour remettre en cause les conquêtes de la classe ouvrière. Mais elle résiste ! »
Le 19 janvier à Nantes, Patrick Hébert traduisait ainsi le ton revendicatif du 25e congrès de l'Union départementale FO de Loire-Atlantique, présidé par le Secrétaire général de la confédération FO, Jean-Claude Mailly, et réunissant un millier de militants FO au Parc de la Beaujoire.
«Hasard de calendrier», relevait le Secrétaire général réélu à un cinquième mandat, ce congrès se tient dans le prolongement d'une «bagarre, particulièrement active», dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites initiée par le gouvernement.
«Certes, le rapport de force n'a pas été encore suffisant, mais il y aura d'autres combats», soulignait Patrick Hébert devant les délégués de 126 syndicats FO du département.
«On ne ressort ni battus ni abattus», a insisté le secrétaire de l'UD FO, fustigeant l'attitude de «la CGT et de la CFDT qui avaient décidé de conduire le mouvement dans le mur. Or, seule une grève générale aurait fait reculer le gouvernement et permis le retrait du projet».
126 syndicats représentés
Au cours d'une trentaine d'interventions, les militants FO relaieront cette volonté d'action face à un gouvernement qui détruit notamment les «services publics», soulignait ainsi Armelle Le Mauff (administratifs FO de l'Éducation nationale). De même, «la fermeture du collège Jean-Monnet, dans la banlieue nantaise, a été annoncée le 5 octobre», fulminait Jean-Paul Charaux (Lycées et collèges).
À Saint-Nazaire, expliquait de son côté Rachèle Barrion (secteur hospitalier), le partenariat public-privé dans le cadre de la construction d'une cité sanitaire est même poussé jusqu'à l'absurde. Ainsi, «un service de dialyse s'installera au même étage que celui de la partie hôpital public ! »
Autant de situations qui «confortent nos convictions militantes», soulignait Jean-Jacques Le Blay (caisses de Sécurité sociale). Et «quand on se bat, on obtient des résultats», résumait pour l'UD FO Michel Le Roc'h, citant l'annulation, grâce à FO, de 30 licenciements prévus il y a un an à l'entreprise Earta (110 emplois) aux postes adaptés pour des salariés handicapés.
La détermination porte ses fruits, confirmait Catherine Fouquet (Conseil général, 4 000 agents). «FO est désormais un acteur incontournable. La CFDT, en revanche, a perdu plus de sept points et sa majorité absolue ...»
DOSSIER 25ème CONGRES DE L'UD FO44 |
Extraits du complément au rapport moral présenté par le secrétaire général de l'UD
" Ce congrès, hasard du calendrier se tient à la sortie d'une période particulièrement active au plan syndical : la bagarre pour le retrait du projet de loi sur les retraites afin d'obtenir le maintien de la retraite à 60 ans.
Cette bagarre récente s'inscrit dans un contexte qu'il faut rappeler.
Depuis de nombreuses années au plan national, européen et international, les gouvernements s'évertuent à remettre en cause l'ensemble de nos conquêtes sociales.
S'agissant de la France, vous vous souvenez de cette déclaration à la veille des dernières élections présidentielles, de Denis Kessler, vice-président du Medef, qui disait, je résume : le programme du futur gouvernement est très simple, liquider la totalité des conquêtes sociales des salariés , en particulier celles issues du Conseil National de la Résistance (...) , la Sécurité Sociale et une bonne partie du dispositif sur lequel la classe ouvrière a vécu après la guerre qui a permis de voir progresser de manière significative la situation de la classe ouvrière
(...). Depuis près de trente ans, tous les gouvernements qui se succèdent retirent une pierre de l'édifice qui avait été construit après la guerre. Certes il y a une crise économique depuis 2008. En réalité, c'est une crise du système capitaliste.
Et au prétexte de cette crise, les gouvernements accélèrent la remise en cause de nos conquêtes sociales. avant 2008.
Du plan Juppé-CFDT de 1995 à "L'intersyndicale" de 2010
Cette politique se heurte à la résistance de la classe ouvrière.
Mais il faut être lucide, le rapport de forces depuis une bonne quinzaine d'années, notamment depuis 1995, n'a pas été suffisant pour balayer cette politique et permettre à la classe ouvrière de reprendre sa marche en avant.
En 95 on s'est battu et bien battu; à l'époque déjà contre la CFDT. C'était Nicole Notat qui avait dit OUI au plan Juppé qui déjà remettait en cause notre sécurité sociale et qui déjà prévoyait la remise en cause des retraites (...). Après les décrets Balladur , le plan Fillon de 2003, approuvé par la CFDT, allongeait la durée de cotisation pour obtenir la retraite. Nous sommes confrontés à une politique systématique dont l'objectif est de remettre en cause l'ensemble de nos droits collectifs pour nous réduire à un rapport individuel entre le salarié et son patron, à ce que dans le temps on appelait le contrat individuel de louage de service, parce que bien entendu, seul face au patron, on n'a pas le rapport de force.
Vous le savez parce que vous êtes là, nous n'avons pas d'autre solution que de nous organiser collectivement dans le syndicat pour essayer de négocier des clauses collectives (...) C'est la seule arme dont nous disposons.
(...) Je considère que dans cette bagarre récente, la Confédération Générale du Travail Force Ouvrière, a pris une place essentielle qui nous a permis d'exprimer les intérêts véritables de la classe ouvrière. Je ne peux que m'en féliciter, car au-delà même de la remise en cause de nos conquêtes sociales, se trouve posé un autre problème. Le gouvernement et le patronat n'ont pas les forces de mettre en oeuvre leur politique s'ils ne disposent pas dans la classe ouvrière de complicités leur permettant de casser le mouvement de la classe ouvrière ou en tout cas de le freiner pour faire passer leurs réformes.
Il faut être clair : en 95 c'était directement la CFDT. En 2003 c'était officiellement la CFDT, en réalité CFDT et CGT. Je vous rappelle les propos de Fillon en 2003: il a dit d'une part que seule une grève générale aurait pu le faire reculer . Il a dit aussi, je cite Le Monde du 17 juin 2003 : " François Fillon a tenu à rendre hommage à la CGT et à son secrétaire général Bernard Thibault, pour son attitude responsable en soulignant ainsi l'opposition raisonnable de la CGT". Pour ceux qui s'en souviennent, en 2003 déjà, il est parfaitement clair que c'est la position de la direction de la CGT, Thibault en personne, qui a permis de faire passer le plan Fillon.
Quelques années plus tard, on s'est retrouvé exactement dans la même situation (...). Depuis le début les dirigeants de la CFDT et de la CGT avaient décidé de tout mettre en oeuvre pour faire passer cette nouvelle contre-réforme sur les retraites. C'était évident. Depuis le début notre confédération avait demandé en préalable le retrait du projet puisqu'il n'y avait aucune négociation. (...) On demandait le maintien du système, son amélioration en revenant à ce qu'il était avant 1993 et de négocier pour trouver de nouvelles sources de financement (...). C'est la question de la répartition des richesses. (...) Et pour obtenir le retrait, un seul moyen, Fillon nous l'avait dit, la grève générale (...)
Dès avant l'été, Thibault et Chérèque avaient décidé d'envoyer le mouvement dans le mur et pour cela d'organiser de manière systématique ce qu'Auguste Blanqui appelait les "promenades ridicules". Nous sommes pour les manifestations quand elles sont l'expression publique d'un rapport de force, étant entendu que le rapport de force réel se situe sur le terrain du contrat de travail, quand on arrête de bosser, lorsqu'on bloque la machine économique, lorsqu'on bloque le pays. Mais lorsqu'il n'y a pas grève, la manifestation est un substitut qui permet de tromper les travailleurs et permet au patronat et au gouvernement de faire passer les réformes (...).
Ni battus ni abattus
Le projet est passé. C'est un échec au plan revendicatif. Mais ce n'est pas une débandade. La classe ouvrière s'est battue. Elle a été trompée par les dirigeants de la CGT et de la CFDT. Elle a essayé de déborder Thibault et Chérèque ; ça s'est traduit dans les manifestations et par les grèves qui n'étaient pas prévues (...). Cela n'a pas été suffisant.
Mais de plus en plus de militants notamment dans la CGT prennent conscience du rôle de Thibault. Déjà en 2005, Thibault avait été mis en minorité par 83% de son CCN sur la question du Traité constitutionnel européen. La victoire du NON au référendum exprimait la capacité de résistance de la classe ouvrière que nous retrouvons aujourd'hui en 2010. C'est pourquoi, si la classe ouvrière a subi un échec revendicatif sur cette réforme, elle n'en sort ni battue, ni abattue.
Fiers d'être à FO
(...) Nous avons toutes les raisons d'être fiers de notre confédération et de tout ce que nous avons fait pendant cette période. Dès le départ, notre confédération a dit ne pas accepter le diktat d'une prétendue "intersyndicale" officielle dirigée par CGT et CFDT qui prétend nous dicter ce que nous devons faire. Nous sommes indépendants. La question de l'indépendance n'est pas une coquetterie; c'est une question de principe pour pouvoir défendre les intérêts de la classe ouvrière.
CGT et CFDT ne sont pas indépendants; ils sont liés à l'Union européenne; ils sont liés aux directives européennes. Ils s'échinent à faire passer les plans de l'Union européenne. Et parce que nous, nous sommes indépendants, nous avons dit non à l'intersyndicale officielle. Bien sûr, nous sommes favorables à l'action commune lorsqu'elle est possible. Mais l'action commune ce n'est pas la communion dans la sainte famille. C'est quand nous sommes d'accord sur l'objectif revendicatif et sur les moyens pour le faire aboutir. Il était parfaitement clair que "l'intersyndicale" n'était favorable ni au retrait de la réforme des retraites ni à la grève. Par conséquent, nous avons bien fait de ne pas signer les communiqués de l'intersyndicale.(...)
Les historiens jugeront. Depuis 2008 et la position commune signée entre le MEDEF, CGPME, CGT et CFDT qui s'est traduite dans la loi du 20 août 2008, il y a une tentative de constituer un pôle syndical officiel directement lié au gouvernement et au patronat, chargé des basses besognes (...) Il s'agit au travers de cette "intersyndicale" et de cette loi d'essayer d'imposer un syndicalisme officiel et de faire taire la voix du syndicalisme indépendant.
(...) Lorsqu'à la Libération on a découvert que notre CGT avait été colonisée par le parti stalinien, pour défendre la liberté, l'indépendance et la démocratie, une poignée de militants a résisté et a dit non, on n'accepte pas la main mise des staliniens sur le mouvement syndical français et a fait scission pour créer la CGT-Force Ouvrière. Cet acte fondateur nous a permis encore cette année de défendre l'indépendance syndicale contre les mêmes qui en 1947 voulait imposer leur tutelle. Notre confédération s'est bien battue et nous avons maintenu notre indépendance syndicale, nous avons préservé les conditions pour que demain, à nouveau, lorsque la classe ouvrière se lèvera, elle dispose encore d'une organisation libre et indépendante. (...)
Le discours de Jean-Claude Mailly
"Le dossier retraite est un des éléments du plan d'austérité"
Pour bien comprendre le conflit des retraites, il faut se rappeler qu'en 2008, le Président de la République expliquait qu’il ne mettrait pas en cause les 60 ans, faute de mandat.
Qu’est-ce qui fait que c’est examiné en 2010 ? Simplement le fait qu’il y a eu la crise financière, économique, la crise du système capitaliste.
A cela, trois raisons : la première, c’est la répartition de plus en plus inégalitaire des richesses produites, en France comme ailleurs. Si l'on prend l’évolution depuis 15 ans, chaque année ce sont 4% qui ne vont plus au travail mais au capital. Sur 2 000 milliards d’euros chaque année, ça fait 80 milliards d’euros principalement distribués aux actionnaires sous forme de dividendes, favorisant la spéculation.
Deuxième élément : la situation au niveau international. On a déréglementé, dérégulé. Certaines banques font ce qu’elles veulent malgré les discours pour moraliser le capitalisme. Les 20 pays les plus puissants du monde se sont réunis, il y a un peu plus de 8 jours en Corée. Qu’ont-ils décidé ? Rien !
La troisième raison, ce sont les conditions de la construction européenne. Ces fameux 3% de déficit budgétaire qui ont explosé avec la crise. En France, on est à 7,7%. Ça n’est pas dû à la protection sociale ni aux les salaires ! C'est dû aux dizaines de milliards d’euros investis pour sauver les banques.
C’est pour soutenir les banquiers à l’origine de la crise que l’on a endetté l'État et donc les citoyens. Et que dit l’Union européenne aujourd’hui ? Qu'il faut revenir très vite aux 3% de déficit. En France, on nous dit même 2% en 2014 !
Le dossier retraite est un des éléments de ce plan d’austérité en France qui comporte deux volets
Il y a la réduction des dépenses publiques, la RGPP. Ça veut dire le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part en retraite, fermeture de services publics, privatisations, ...
Le deuxième volet, c’est la réduction des dépenses sociales. C’est là qu’intervient le dossier retraite. Si je simplifie à l’extrême, repousser de deux ans l’âge légal de départ en retraite, ça veut dire que pendant deux ans on fera des économies puisqu’on n’aura pas de retraite à verser.
"Oui, on a besoin d'argent"
Dès le départ, on a dit oui, il y a un problème de financement des retraites. Parce qu’il y a la crise, mais aussi parce le taux de remplacement a tendance à baisser avec le temps. Les retraités le voient bien. Donc on a besoin d’argent. On a mis sur la table une série de propositions qui représentaient annuellement entre 25 et 30 milliards d’euros.
Mais ça conduit à une vraie réforme fiscale, à un soutien sur les salaires, sur ce qui est soumis à cotisations donc à recettes pour la sécurité sociale. Et ça conduit aussi à remettre en cause les exonérations de cotisations sociales patronales. 34 milliards d’euros chaque année dans le budget de l’état pour compenser ces exonérations. Et ça ne compense pas tout. L’année dernière encore, 3 milliards d’euros ont manqué dans les caisses !
Le gouvernement est dans une autre logique : faire des économies pour satisfaire les marchés, répondre aux critères du pacte de stabilité et revenir aux 3% de déficit.
"Pas d'autre solution"
A partir de là, il n’y avait pas d’autre solution que d’exiger le retrait du texte gouvernemental. Réclamer, comme la CGT et la CFDT de réécrire le texte, ça voulait dire qu’on rentrait nous-mêmes dans une logique d’austérité, d’accompagnement du projet gouvernemental.
Et puis on n’est pas amnésique. On se souvient de 2003, de 2009, des manifs à répétition. Il y a certes eu un niveau de mobilisation inédit, jusqu’à 3,5 millions de manifestants. Mais dès le départ, on savait qu’il faudrait un rapport de force puissant pour faire reculer le gouvernement.
Nous avons toujours dit que les confédérations devaient appeler tous les travailleurs à 24h de grève franche. Imaginez par exemple, qu’entre le 12 et le 19 octobre, là où la mobilisation a été la plus forte, un tel mot d’ordre ait été lancé par la quasi totalité des organisations. Si ce jour là le gouvernement ne répondait pas, alors la question de la généralisation était posée. Nous avons été les seuls à le dire. CGT et CFDT s’y sont régulièrement refusé. Je parle bien sûr des directions. Dans les intersyndicales, les dirigeants de la CGT ont dit que jamais ils n’appelleraient à une journée de grève. Bien entendu, la CFDT non plus. On n’est donc pas rentré dans cette mécanique et on a fait notre propre déclaration.
"Nous, on est pour la solidarité et la République, eux ils sont pour l'individuel et le marché"
Pourtant, si on regarde ce que disait chaque organisation avant qu’on examine le projet de loi, on peut considérer qu'on n’était pas très éloigné de la CGT mais à l’opposé de la CFDT, qui voudrait un régime par points ou par comptes notionnels. Un seul régime pour le privé, le public, les régimes spéciaux, voire d’autres.
Si on créée un seul régime de retraites par points, on casse la solidarité, on rentre dans une logique individuelle. Ceux qui ont de l’argent cotiseront dans des compléments de capitalisation et s’arrêteront quand ils voudront, et ceux qui n’ont pas d’argent continueront de travailler jusqu’à la mort.
Quand au système dit des comptes notionnels, mis en place dans les pays nordiques, sans rentrer dans le détail, ce devait être un système soi-disant automatique. En 2009 les pensions ont baissé de 4,5%, et de 3% en 2010 ! Et qui dit mise en place de ces systèmes, dit obligatoirement développement de fonds de pensions. Nous sommes totalement contre.
Nous, on est pour la solidarité et la République. Eux, ils sont pour l’individuel et le marché.
Mais nous n’étions pas très éloignés des positions de la CGT. Alors, qu’est-ce qui fait qu'ils soient collés à la CFDT ? Ça n’a rien à voir avec les retraites ni avec la défense des intérêts des travailleurs, mais tout à voir avec la représentativité syndicale, avec la mise en place d’une évolution telle qu’à la fin il n’y a plus qu’un seul syndicat dans ce pays.
"Il n'y a que trois organisations qui sont sûres de passer le cap de la représentativité en 2013 : nous, la CGT et la CFDT"
Nous sommes attachés à la démocratie donc au pluralisme.
Bernard Thibault explique lui que le pluralisme peut exister dans un seul syndicat avec des tendances, des courants, etc… C’est tout à fait autre chose.
Je ne connais que deux types de pays où il n’y a qu’un seul syndicat : les dictatures, la Chine par exemple, ou alors, des démocraties, type Royaume-Uni où il n’y a qu’une seule confédération qui ne négocie pas, qui joue un rôle de coordination et qui a surtout pour fonction de financer le parti social-démocrate. C’est leur histoire, mais ça n’est pas compatible avec notre conception de la liberté et de l’indépendance ni avec le modèle républicain.
Il n’y a que trois confédérations, nous, CGT et CFDT qui sont sûres de passer le cap de la représentativité de 2013. (Entre nous, on ne négocie pas le nombre d’organisations syndicales avec les patrons). Ils sont pourtant dans cette logique. La direction de la CGT est prête à abandonner les revendications et les intérêts des travailleurs. Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire que les staliniens trahiraient la classe ouvrière pour des questions d’appareil. (...)
Maintenant, ça ne veut pas dire pour autant que le dossier des retraites est enterré. Je reprends la formule de Patrick. : battus mais pas abattus. Il y a un esprit de résistance qui s’est installé chez les travailleurs. On continuera de revendiquer l'abrogation de cette loi, mais on ne pratiquera pas la diversion ni la stratégie de l’épuisement. On connaît la mécanique : on use les salariés et après ce sont eux qui sont responsables parce qu’ils n’ont pas suivi les mobilisations. Il y a eu un gâchis. On n’a pas utilisé tous les moyens pour faire reculer le gouvernement. Alors on ne l’a pas fait reculer cette fois-ci, mais je suis persuadé qu’on le fera reculer demain, que ce soit sur les retraites ou sur un autre dossier. (...)
"500 000 jeunes qui ne trouveront pas de boulot"
Quelques mots rapides encore. J’ai évoqué la réduction des dépenses publiques. Partout c’est le même constat. Diminution des effectifs et privatisation de services. Notre évaluation se monte à 500 000 suppressions de postes en cinq ans. C’est 500 000 jeunes qui ne trouveront pas de boulot.
Nous, nous sommes attachés aux services publics, aux régimes sociaux, mais aussi au fait que dans les services publics il y ait des statuts, que dans le privé, il y ait des conventions collectives nationales.
On entend régulièrement les médias dire qu’en France il y a moins de syndiqués qu’ailleurs.
Ce que l’on oublie de dire c’est que les droits des travailleurs français sont largement comparables aux droits des autres pays. Aujourd’hui encore, la France est le premier pays au monde en terme de couverture conventionnelle ou statutaire des travailleurs. (...)
Le gouvernement, parce qu’il a pris des engagements européens, va continuer à maintenir une politique d’austérité. Face à cela, mes chers camarades, c’est la résistance qu’il faut préserver, pas simplement pour le principe de la résistance, mais pour aller à la reconquête.
Les travailleurs pourront toujours compter sur la seule organisation qui pratique réellement la liberté et l’indépendance.
Vive les syndicats FO de Loire-Atlantique, vive la confédération générale du travail Force Ouvrière !