Fin décembre, s’est tenue au ministère chargé de la Santé, la réunion d’installation officielle du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le CNLE. Force Ouvrière y est représentée par Patrick Brillet, titulaire (secteur protection sociale) et Sophie Tasqué, suppléante (secteur économie).
Réunissant des représentants des assemblées parlementaires, des collectivités territoriales, des organisations syndicales, du monde associatif dans toute sa diversité et des personnalités qualifiées, le CNLE se veut être un lieu de réflexion et de concertation sur toutes les questions touchant aux domaines de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Lors de cette réunion, la nouvelle ministre des Solidarités et de la cohésion sociale a affirmé que la lutte contre la pauvreté était une préoccupation majeure du gouvernement français qui aurait, selon elle, engagé « une vraie politique sociale ». Pour illustrer ses propos, la ministre a indiqué la fixation par Paris d’un objectif de réduction de la pauvreté d’un tiers d’ici 2012 – actuellement la France compte prés de 8 millions de personnes pauvres – et par Bruxelles celui de l’abaisser de 25% d’ici 2020 en Europe.
Au sein d’une assemblée très policée et dont chacune des parties prenantes s’est attachée à présenter sa sensibilité au problème de la pauvreté, Force Ouvrière a fait part de sa grande inquiétude et de son scepticisme sur l’action menée par le gouvernement en la matière, en précisant notamment combien les seuls choix budgétaires opérés par le gouvernement pour l’année qui débute vont dans le sens contraire des orientations affichées par la ministre, qu’il s’agisse par exemple de la baisse des subventions pour le logement social ou pour les structures d’insertion.
La pauvreté est aujourd'hui un fait qui concerne tous les pans de notre société, y compris les salariés du public comme du privé, et dont les effets se rencontrent ainsi à l’occasion de nos combats et revendications.
Ceci tient au fait que la pauvreté a considérablement changé de nature. Parmi ces nouveaux visages, celui de la « pauvreté laborieuse » qui a parti liée avec les mutations du marché du travail. La faiblesse des revenus du travail, le développement des formes atypiques d’emploi et de l’emploi de mauvaise qualité sont parmi les principaux responsables de l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres. Une tendance qu’a encore accentuée la crise et que la faible reprise d’emplois confirme, elle qui se compose pour l’essentiel de CDD et de missions d’intérim1.
Insupportable pour ceux qui la subissent malgré leur participation au marché du travail, la pauvreté l’est encore davantage quand on sait quelles sont ses conséquences sur les enfants issus de ménages pauvres, en particulier sur leurs parcours scolaires, donc sur leur propre situation future. Aussi facilement que la richesse patrimoniale se transmet entre générations, aidée par une fiscalité toujours plus accommodante, la pauvreté, sous toutes ses formes, possède elle aussi un fort pouvoir de transmission.
Pour l’heure, on mesure encore mal les impacts que la crise a et aura en matière de pauvreté. Les chiffres les plus récents de l’INSEE ne permettent pas d’en rendre pas compte car ils s’appuient sur des données collectées en 2008 (et portant sur des ressources de 2007).
S’il reste difficile de quantifier ces impacts, il est absolument certain que la dégradation et la segmentation encore plus nette du marché du travail ainsi que les augmentations de la part des actifs confrontés à des situations de pauvreté et du chômage de longue durée se traduiront par une nouvelle aggravation des phénomènes de pauvreté en France.
Autant de sujets de préoccupations à propos desquels Force Ouvrière fera entendre son point de vue et ses revendications pour les salaires, les salariés, la protection sociale et les services publics lors des prochaines réunions du CNLE.
Pascal PAVAGEAU, Secrétaire confédéral - Jean-Marc BILQUEZ, Secrétaire confédéral - Jean-Claude MAILLY, Secrétaire général
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