InFOrmation syndicale

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21 mars 2011

FO SOUTIENT LES TRAVAILLEURS JAPONAIS

Le Bureau Confédéral de FORCE OUVRIERE adresse à l’ensemble des travailleurs Japonais et leurs familles un message de soutien et de solidarité.

Force Ouvrière souhaite que tout soit mis en œuvre pour venir au secours des salariés et de leurs familles durement éprouvés par cette catastrophe naturelle , dont les conséquences, qu’elles soient sur un plan économique, social, écologique et sanitaire, sont à l’heure actuelle impossibles à mesurer.

Contact : Andrée THOMAS - Tél. 01 40 52 83 30
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Entretien avec Takaaki Sakurada, Conseiller pour les questions internationales de Rengo (RENGO est la plus importante confédération syndicale au Japon avec 6,8 millions de membres) 
FO : Les medias consacrent bien sûr beaucoup de place à la catastrophe que subit le Japon. On s’attend désormais à plusieurs milliers de victimes du tsunami.
Takaaki Sakurada : Ce matin (ndlr 15 mars) on annonce officiellement 11 234 victimes décédées ou disparues. Mais il faut bien comprendre que le Tsunami a dévasté des villages et des villes entièrement, avec tout le réseau administratif et les autorités locales.
L’accès à certaines zones est très difficile. Certaines petites communes avaient fait l’économie de structures de téléphonie satellitaire, et elles sont d’autant plus difficiles à joindre. L’état de la situation est donc très incertain mais il faut malheureusement craindre qu’il y aura plus de 20 000 victimes.
Les régions les plus touchées sont des régions côtières agricoles et de pêche. La côte est y très découpée, avec des baies étroites et profondes, poissonneuses. Mais c’est aussi ce relief qui a accentué l’effet du tsunami en provoquant des vagues plus hautes à ces passages plus étroits.< Le syndicat RENGO disposait de bureaux locaux et régionaux et des syndicats dans les pêcheries notamment et les entreprises agricoles locales.
Au plan national, RENGO à Tokyo a mis en place dès le 14 mars un groupe de travail spécial. Pour le moment la tâche essentielle consiste au recueil d’information afin de dresser un état de la situation et des besoins et à l’organisation ensuite de l’aide proprement dite. Mais il est trop tôt pour agir directement, car la situation est chaotique et nous ne devons rien faire qui ajouterait au chaos. Les moyens d’accès sont très difficiles, la priorité va aux interventions d’urgence. Nous n’aurons pas de difficulté à mobiliser la solidarité. On va s’appuyer sur nos bureaux régionaux (le Japon est organisé en 47 départements) et nos fédérations.
Le Japon a malheureusement une expérience de situations de catastrophes naturelles, mais cette fois nous sommes au-delà de ce que nous avons connu récemment.
FO : On craint maintenant, en plus du drame du tsunami, un accident nucléaire majeur. C’est une entreprise privée, TEPCO, qui gère la centrale de Fukushima. Or, cette entreprise avait fait l’objet de critiques sévères dans le passé sur sa gestion opaque d’accidents dans d’autres centrales.
Takaaki Sakurada : TEPCO n’est pas la seule entreprise, mais c’est la plus importante (ndlr : 38000 employés pour TEPCO elle-même, sans compter les filiales). Elle assure la distribution de la région de Tokyo. Elle ne gère pas seulement des centrales de production, mais la distribution électrique. Le syndicat de cette entreprise est un des syndicats importants de Rengo. Depuis l’explosion des bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki lors de la deuxième guerre mondiale, la question du nucléaire est toujours demeurée très sensible au Japon. Mais, comme la France, le Japon a fait le choix du nucléaire. Jusqu’alors on pensait que la condition d’une sécurité maximale avait toujours été respectée. On croyait que tout était sécurisé. Mais on s’aperçoit que cette histoire n’était pas vraie.
Et c’est vrai qu’il y a eu des problèmes avec TEPCO. Actuellement beaucoup de gens s’interrogent sur les informations qui sont données. La presse, la population se demande si le gouvernement dispose de toutes les informations. Il est encore trop tôt face à l’urgence, mais le débat va venir, sur toutes les questions, sur la totalité de la politique énergétique.
FO : On est parfois frappé par le calme avec lequel réagit la population dans une telle situation. 
Takaaki Sakurada : La population est consciente qu’en cette situation terrible il faut être patient, ne pas créer de désordre supplémentaire. A Tokyo, pour le moment la population n’a pas été touchée directement par le tsunami ni par le risque radioactif, mais le tremblement de terre de 1923 est dans les esprits et chaque nouvelle secousse provoque l’angoisse. Mais la solidarité ne manque pas.
Nous avons des nouvelles de nos camarades de Rengo à Tokyo avec qui nous sommes bien sûr en contact. Ils vont bien.

Entretien réalisé à Genève le 15 mars 2011 à l’occasion de la réunion du Conseil d’administration de l’OIT (Organisation Internationale du Travail)