InFOrmation syndicale

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14 avril 2011

UN CDI PEUR EN CACHER UN AUTRE

Avec 54% d’abstention, le 2ème tour des élections cantonales confirme que les électeurs et en particulier les salariés rejettent massivement la politique que les gouvernements de droite comme de gauche imposent depuis maintenant plusieurs décennies.

En 2004, l’abstention pour ces mêmes élections était de 34% et en 2008, de 45%.

Dans certains départements, ce taux a dépassé les 60% et dans les bureaux de vote des quartiers ouvriers, l’abstention a souvent franchi la barre des 70%.

La classe ouvrière vote avec ses pieds, c’est un fait.

Pourtant, dès le lendemain de ces élections, les choses continuent comme avant. Les principaux partis candidats au pouvoir continuent leurs petites man½uvres avec comme seul objectif, les élections présidentielles de 2012.

Du côté du parti présidentiel, les rats commencent à quitter le navire. Rien de surprenant, c’est la loi du genre.

L’actuelle opposition pour sa part se met à rêver. La place est chaude, elle est à prendre. Les candidats se bousculent, chacun se voit déjà calife à la place du calife …

Voici revenu le temps "des jeux et des ris" !

Pendant que tout ce beau monde s’agite, le FMI et l’Union Européenne cherchent à imposer leur loi. Pour sauver leur système, le système capitaliste, tous les moyens sont bons, y compris la guerre.

Tous les gouvernements européens ont accepté la dictature du « pacte des loups » (1). Les plans d’austérité se multiplient. Au Portugal, le gouvernement socialiste est tombé quand, sur ordre du FMI, il a voulu imposer un 4ème plan de rigueur.

Des milliers de manifestants avaient défilé à Lisbonne. Paradoxe apparent, c’est la droite qui a refusé de suivre le socialiste Socrates.

En Allemagne, le gouvernement de droite de Mme Merkel a subi un échec cinglant aux dernières élections. Le CDU vient de perdre le Bade-Wurtemberg qu’il tenait depuis plus de 60 ans.

En France, malgré ce nouvel échec électoral, tle gouvernement continue à appliquer les directives de l’Union européenne. Dernier exemple, la décision de créer un CDI dans la fonction publique. Nous savons tous que pour "abaisser le coût du travail", il faut liquider toutes les conquêtes de la classe ouvrière. C’est ainsi que depuis des années, les mesures se sont multipliées pour affaiblir notre protection sociale. Il faut aussi casser nos conventions collectives dans le secteur privé et le statut des fonctionnaires.

Pour atteindre cet objectif, les patrons et les gouvernements ont développé avec constance la précarité. Dans le secteur public, alors que le gouvernement supprime les postes de fonctionnaires dans tous les services, la création d’un CDI est évidemment un nouveau coup porté au statut de la fonction publique (voir P.4 Météo sociale).

Le gouvernement prend prétexte de la lutte contre la précarité. C’est tout simplement grotesque. S’il voulait véritablement diminuer les emplois précaires, il lui suffirait de titulariser, au moins partiellement, cette masse de contractuels qu’il utilise, comme les patrons dans le privé, pour peser contre les fonctionnaires.

Que certains d’entre nous se soient laissés berner par cette man½uvre grossière est pour le moins regrettable. Certes, le gouvernement a cherché à nous amadouer en faisant quelques concessions par rapport à son projet initial, mais qu’on le veuille ou non, le CDI est bien une proposition, une "revendication", du gouvernement.

L'encre de cet accord n'était pas encore sèche que le même gouvernement annonçait que le point d'indice, qui sert de base de calcul pour tous les salaires des fonctionnaires, était gelé pour deux années supplémentaires. Travail précaire et salaires gelés ne sont pas des revendications de Force Ouvrière.

Notre revendication, celle adoptée naturellement par tous nos congrès, c’est la défense du statut de la fonction publique et, dans le privé, des conventions collectives, donc la titularisation des contractuels.

Notre revendication, c'est l'augmentation du point d'indice dans la Fonction publique et l'augmentation générale des salaires dans le privé.

Les événements qui se déroulent dans le monde, en particulier en Tunisie, prouvent que la classe ouvrière n’est ni battue, ni abattue. Dans ce contexte, « limiter les dégâts » n’est pas une politique acceptable car le pire serait que les travailleurs perdent confiance dans leur organisation syndicale, comme ils ont perdu confiance dans les partis politiques.

Soyons en certains, la classe ouvrière reprendra le chemin de l’action, car la politique imposée par l’Union Européenne est insupportable.

En Tunisie, les travailleurs se sont retrouvés autour de l’UGTT, renforcée de 100.000 nouveaux adhérents.

En France, la classe ouvrière aura besoin d’une organisation syndicale qui saura se déterminer à partir des revendications légitimes et conservera son indépendance.


Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique
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(1) communiqué de Pascal Pavageau, secrétaire confédéral de la Cgt-Force Ouvrière