En cette rentrée, il est le symbole de la continuité politique des gouvernements de "droite" comme de "gauche" qui se sont succédé depuis le fameux "tournant de la rigueur" pris en 1982 par le tandem Mitterrand-Delors.
Le Traité "Merkozy", le fameux TSCG (1) que le gouvernement Hollande-Ayrault, aux ordres de la "troïka" (2), entend faire adopter à l'Assemblée nationale début octobre, s'ajoute en effet à l'édifice pénitencier qui condamne les peuples du Vieux continent à l'austérité à perpétuité pour tenter - vainement - de sauver le système capitaliste en perdition.
Vainement ? Cela dit, l'Histoire nous apprend que le capitalisme peut toujours se relever d'un inévitable effondrement ... en effaçant tout pour recommencer. Mais cette fois ce serait au prix de désastres infiniment plus importants que ceux cumulés des deux précédentes guerres mondiales.
Par ailleurs, et surtout, il n'est pas dit que l'adoption parlementaire de la "règle d'or", c'est-à-dire du principe de la trique, suffise à nous l'infliger. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Comme le remarque à ce propos le journal des capitalistes français : "Faire un premier pas ne signifie pas avoir course gagnée" ( Les Echos du 25 août)
Tout se jouera donc sur le terrain naturel de la lutte des classes, qui promet d'être chaude...
Car on ne se laissera pas tondre pour renflouer et engraisser les banques au prétexte de "l'équilibre des finances publiques".
Notre Confédération, la première, a fermement condamné ce Traité, ajoutant qu'en cas de référendum, elle appellerait à voter "NON"
(3).
Bien entendu, l'actuel gouvernement ne se risquera pas à demander l'avis des électeurs, assuré d'un résultat qui manifesterait une fois de plus le profond rejet populaire de la
"construction européenne".
Mais de l'aveu même de ses commanditaires, l'adoption éventuelle du TSCG ne réglera rien. Comme le rappelle le même journal
Les Echos : "Les engagements, voire les Constitutions et les Traités, acceptés par les gouvernements ne résistent pas au temps (4). Les "critères de Maastricht" n'ont été respectés dans aucun pays."
C'est peut-être pourquoi, sans attendre la ratification du TSCG, la chancelière allemande propose déjà un nouveau Traité, une sorte de Super-super Maastricht, afin d'aller encore plus loin dans
"l'intégration européenne et la surveillance des budgets nationaux", nous apprend l'hebdomadaire allemand Der Spiegel du 26 août.
Ce qui reste de souveraineté des Etats membres devrait donc être abandonné à la pure et simple dictature des "marchés financiers".
Il serait alors, à nouveau, minuit dans le siècle !
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1- Le TSCG, Traité sur la Stabilité la Coordination et la Gouvernance, dit "Pacte budgétaire" imposant la "règle d'or", doit encore être ratifié.
2- Le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne et l'Union Européenne.
3- De son côté, Bernard Thibault-l'européen a déclaré mercredi 29 août à l'AFP que la CGT«va élaborer un matériel grand public, dont un texte à faire pétitionner dans les entreprises, qui va permettre aux salariés de s’exprimer pour une non-ratification de ce traité».
Celui qui a échoué à empêcher que la CGT appelle à voter NON au Traité constitutionnel en 2005, le tacticien de la dispersion processionnaire opposée à la grève générale contre le réforme des retraites et que l'on dit moribond dans sa confédération, tente encore quelques coups de pieds de l'âne... Pétitions, défilés décentralisés le 8 octobre sans revendications précises, cela suffira-t-il à noyer le poisson ?
4- Traduisez : ne résistent pas ... à la lutte des classes !
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Repères :
- Le TSCG imposerait à la France de limiter à 0,5 % son déficit public sous peine de sanctions financières ( une première amende 2 milliards d'euros ) et de lui infliger un "programme de réformes structurelles" comparable au cauchemar imposé aux grecs par la "troïka": baisse des salaires et des retraites, destruction de la fonction publique, privatisations, matraquage fiscal, chômage massif etc.
- Rappelons que la première cause de l'augmentation des "déficits" n'est pas l'augmentation des dépenses de service public mais le remboursement des intérêts spéculatifs exigés par les banques privées créancières, elles-même provisoirement sauvées de la banqueroute par les fonds publics ...
- Le déficit public de la France a atteint 5,2 % du PIB en 2011 (103 milliards d'euros), loin de la barre des 3 % fixée depuis 1992 par le Traité de Maastricht.
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"(...) Il est indispensable de remettre en cause les traités qui depuis une vingtaine d'années ont ancré l'Europe dans le libéralisme économique, au mépris du progrès et des droits sociaux. La CE confirme, en particulier, la ferme opposition de Force Ouvrière au MES ( Mécanisme européen de stabilité et au TSCG ( Traité de Stabilité de coopération et de gouvernance)."___ __ _
Extrait de la résolution adoptée à l'unanimité par la Commission Exécutive Confédérale de la CGT-Force Ouvrière,le 28 juin 2012
Et la "croissance" ?
Il y a quelques semaines à peine, le candidat Hollande disait ne pas vouloir ajouter l'austérité à l'austérité et promettait d'imposer la renégociation du TSCG. On allait voir ce qu'on allait voir! Et l'on a vu les conclusions du sommet européen des 28 et 29 juin derniers. Non seulement le TSCG n'a pas bougé d'une virgule mais le volet "croissance" que le Président élu s'est targué pour la galerie d'avoir arraché, est ainsi cadenassé : "La stabilité financière est un préalable à la croissance" ("Contribution des politiques européennes à la croissance et à l'emploi", adoptée à l'unanimité au sommet du 29 juin).
A regarder de plus près ce "volet" croissance, on découvre qu'il prône "l'approfondissement du marché unique, par l'élimination des obstacles qui subsistent ... pour la mise en oeuvre de la directive sur les services". Rappelons qu'il s'agit de la fameuse directive "Bolkestein", certes amendée depuis mais qui demeure une machine de dumping social.
On y envisage ensuite des mesures pour soutenir les "micro-entreprises" - autre machine de dumping social - par "la réduction de la charge réglementaire globale".Pire encore, le marché commun de l'énergie doit être complètement achevé en 2014 et "l'administration modernisée" : il s'agit de parachever les privatisations ...
Flexibilité, compétitivité, mobilité, la main d'oeuvre doit se soumettre à ces dogmes, en particulier les jeunes, "l'objectif étant que en l'espace de quelques mois suivant leur sortie de l'école, les jeunes se voient proposer un emploi de bonne qualité, une formation continue, un apprentissage ou un stage".C'est la "relance" de la précarité infligée à la jeunesse depuis trente cinq ans, depuis le "Pacte pour l'emploi des jeunes" de Raymond Barre en 1977... pour aboutir aux actuels "emplois d'avenir", que FO vient de dénoncer.
En effet, cette nouvelle mouture du CPE, anti CDI, outre qu'elle n'est ni un vrai emploi payé à un vrai salaire, produira un effet d'aubaine pour les employeurs privés qui empocheront 35% du coût salarial versés par l'Etat ...
Le volet "croissance" du dernier sommet européen n'est en réalité qu'une nouvelle "relance" des agressions de l'Union européenne contre les droits sociaux et les services publics ...