Avec un budget en hausse de 0,6% en 2013, il n’y aura aucune création de postes statutaires l’année prochaine; ce sont des étudiants qui vont être recrutés.
Sitôt le projet de loi de finances pour 2013 publié, le ministre Vincent Peillon annonçait 43.000 recrutements dans l’Éducation nationale. Et pourtant, comme le souligne Jacques Paris, du Syndicat national FO des Lycées et Collèges, «d’ici à la rentrée 2014, il n’y aura pas plus de profs devant les élèves».
En fait, le budget de ce ministère dit prioritaire devrait augmenter de 0,6% l’an prochain. Y est budgétée la création de 8.781 équivalents temps plein, dont 8 281 serviront à recruter 43.000 étudiants, qui remplaceront les départs à la retraite lors des rentrées de 2013 et 2014.
Sur ces 43.000 étudiants recrutés par concours, 22.100 deviendront professeurs stagiaires au 1er septembre de l’année prochaine: 8.600 pour le premier degré, 13.072 pour le second degré, 930 pour le premier degré privé. En 2013, ces futurs stagiaires connaîtront les mêmes conditions –celles de la masterisation façon Luc Chatel– que ceux de 2012: avoir terminé une deuxième année de master (M2) et se retrouver seuls devant une classe.
Pour l’autre moitié, soit 21.350 étudiants, le ministre a annoncé un nouveau concours, qui serait organisé en juin 2013, «afin de recruter les enseignants destinés à pourvoir les postes libérés par les départs à la retraite à la rentrée 2014». Présenté comme un dispositif transitoire, ce concours s’adressera à des étudiants bac+ 3 (M1), qui seront pendant un an contractuels de droit public, donc hors statut. Travaillant à temps partiel dans le cadre d’un «stage en responsabilité», ils pourront passer l’oral du concours en juin 2014, niveau M2, et accéder au grade de professeurs stagiaires en septembre 2014. Hubert Raguin, secrétaire général de la Fédération FO de l’Enseignement (FNEC FP FO), s’inquiète: «Qu’on le veuille ou non, ces 21.900 postes de contractuels seront des emplois précaires. Quant au dispositif transitoire, il risque de ressembler à une usine à gaz.»
COLLÈGES: «IL FAUT POUSSER LES MURS»
De leur côté, ceux qui se destinent à l’enseignement ont de quoi se décourager: atteindre bac+5, le fameux master, plus une année de stage, soit six ans avant d’être fonctionnaire, c’est long.
À rebours des annonces gouvernementales, il n’y aura aucune création de postes statutaires d’enseignants à la rentrée 2013. «Entre une population scolaire qui croît et un potentiel d’enseignement qui diminue dans les collèges, constate Jacques Paris, il faut pousser les murs.» À l’origine, en effet, les salles étaient conçues pour vingt-quatre collégiens, trente au grand maximum. Aujourd’hui, dès que l’on dépasse ce chiffre, plus personne ne rentre.
Plus globalement, que compte faire M. Peillon de sa «refondation de l’école»? Après trois mois de concertation, un rapport lui a été remis le 5 octobre, qui devait être soumis au Conseil supérieur de l’Éducation le 11. La FNEC FP FO, qui a demandé à rencontrer le ministre, fait savoir: «Il faut aller au-delà du remplacement des départs à la retraite, écrit la FNEC FP FO, il faut une réponse rapide aux classes surchargées, aux contre-réformes toujours en vigueur, aux dérives qui minent le statut.»
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Article paru dans FO Hebdo n°3046