InFOrmation syndicale

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11 octobre 2012

L'EFFICACITÉ DE FO DANS LES TPE : L'EXEMPLE DES PHARMACIES

Se syndiquer pour garantir et améliorer ses droits, même si l'établissement ne compte que 3 ou 4 salariés, voire un seul, c'est une nécessité que perçurent dès la fin du 19ème siècle les préparateurs en pharmacie ayant fait le choix de rejoindre la "vieille CGT".
Héritière de cette tradition syndicaliste, Force Ouvrière est, de longue date, pratiquement la seule organisation syndicale solidement implantée dans la profession, laquelle compte aujourd'hui 120 000 salariés répartis sur 22 000 établissements.


Le syndicat FO de la pharmacie de Loire-Atlantique et Vendée a tenu le 7 juin dernier une réunion d'information à l'Union Départementale FO de Nantes. Une soixantaine de salarié(e)s d'officine y ont assisté, soucieux de s'enquérir tant des garanties collectives d'ores et déjà obtenues par FO, que des revendications de l'heure, salariales et autres, restant à satisfaire.

Pierrick Chaîgne, secrétaire du syndicat "bi-départemental", et David Brousseau, son collègue membre du bureau du syndicat en charge de la Loire-Atlantique, reviennent ci-dessous sur l'apport de Force Ouvrière aux salariés d'un secteur économique constitué à plus de 90% de "Très Petites Entreprises".
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L'Ouest Syndicaliste : FO, selon la formule consacrée, est le syndicat du bas de la feuille de paye ; et c'est le cas dans votre secteur. Mais vous avez fort à faire face à des représentants patronaux considérant le blocage des salaires conventionnels comme un outil de compétitivité...

P. Chaigne : Bien que le secteur pharmaceutique compte parmi les plus lucratifs, de janvier 2009 à novembre 2011, soit près de 3 ans durant, le patronat a imposé un blocage des salaires conventionnels., ce qui a provoqué une déperdition de 3,86% du pouvoir d'achat. Pour 2012, à contrecoeur, nous avons accepté une augmentation de 2,3% des salaires minima, cela uniquement pour tenir compte de l'attente des salariés, qui redoutaient une quatrième année de blocage salarial.

En mars dernier nos employeurs ont signé avec la Sécu une convention qui, aux marges bénéficiaires sur les médicaments délivrés, ajoute au profit des professionnels une rémunération forfaitaire au titre du conseil et du suivi des patients.

En contrepartie de cette nouvelle manne financière de la Sécu tombant dans les caisses de nos employeurs, FO a donc exigé que les salariés des officines retrouvent leur dû salarial. D'autant que, quelques mois plus tard, en juillet 2012, avec la hausse (au demeurant bien insuffisante) du SMIC, ce dernier est venu rattraper les salaires minima conventionnels. Désormais, dans notre branche, les salaires des 8 premiers coefficients (100 à 150 inclus) se trouvent alignés sur le SMIC. De 62,69 euros en janvier 2012, l'écart salarial brut mensuel entre un coefficient 100 (personnel d'entretien) et un préparateur en pharmacie débutant est, de ce fait, tombé à 37,02 euros.

Le 19 septembre dernier la commission paritaire de la pharmacie d'officine était convoquée, pour examiner, entre autres, ces incidences de la revalorisation du SMIC sur la "smicardisation" de nos grilles salariales.

Les représentants patronaux ont alors choisi la solution de la fuite en avant et du coup de force, en différant la négociation au 9 janvier 2013.

Inutile de préciser que nous allons redoubler d'efforts d'ici là pour arracher la revalorisation de la valeur du point.
Plus que jamais FO, dans la pharmacie, va être, pour reprendre ta formule, le syndicat du bas de la feuille de paye.

Mais je le dis à nos trop nombreux collègues qui hésitent à se syndiquer, pour gagner, il faut créer le rapport de forces, et donc renforcer, par l'adhésion et l'action militante, notre organisation syndicale, majoritaire dans la profession.

L'OS : Une organisation qui compte au demeurant à son actif des acquis substantiels, en dépit des difficultés de la pratique contractuelle...

D. Brousseau: Tout à fait. Au cours des quatre dernières années nous avons obtenu des avancées favorables au déroulement de carrière et au pouvoir d'achat de nos collègues :

- en 2008 FO a arraché un accord sur les classifications et de nouveaux coefficients,

- la même année, nous avons obtenu l'institution du Certificat de Qualification Professionnelle de dermocosmétique pharmaceutique. La formation est ouverte aux personnes titulaires du brevet professionnel de préparateur en pharmacie. Les titulaires de la qualification pourront valoriser celle-ci dans les quelque 3000 pharmacies disposant d'un rayon dermo-cosmétique développé.

A la clé de cette qualification: une bonification de rémunération mensuelle d'un montant brut égal à 30 fois la valeur du point conventionnel de salaire,

- en matière de prévoyance, FO a signé en 2010 un accord améliorant les garanties des cadres, et, l'année suivante, un second accord au profit des non-cadres.

L'O.S. : Vos préoccupations et revendications s'ajoutant à celles salariales qui viennent d'être évoquées?

D. Brousseau : Elles portent principalement :

- sur les diplômes et qualifications à faire évoluer, tant pour les pharmaciens-adjoints que les préparateurs. Lesquels demandent que leur formation soit revalorisée de Brevet Professionnel en un diplôme obtenu en 3 ans et reconnu comme diplôme d’Etat, avec reconnaissance des compétences acquises, y compris au niveau de la convention collective. Ceci allant de pair avec un renforcement des dispositifs de formation continue,

- sur la dégradation des conditions de travail. De plus en plus de collègues ont la pression pour "faire du chiffre" (en parapharmacie notamment). Beaucoup travaillent à temps partiel chez plusieurs employeurs.

Les droits des salariés sont parfois mis à mal, d'où le rôle croissant de l'assistance juridique dans notre activité syndicale quotidienne.
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La pharmacie d'officine, c'est :
22 200 établissements, dont 92% de TPE
120 000 salariés dont :
 - 25 000 pharmaciens-adjoints (cadres à 80%),
 - 60 000 préparateurs en pharmacie,
 - 8 000 élèves-préparateurs en formation
 - une moyenne de 5,5 salariés par officine,

Une profession très féminisée : à 67% chez les employeurs, 82% chez les pharmaciens-adjoints, et 85% parmi les préparateurs.

Une inquiétante poussée de la précarisation : 3 400 pharmaciens-adjoints et 6 400 préparateurs au chômage, plus une tendance s'accélérant aux contrats précaires (3 700 en 2010, qui plus est, trop souvent à temps partiel).

Une convention collective et un syndicat majoritaire, FO, pour la faire appliquer et l'améliorer.