L’année s’achève avec, partout dans le monde et particulièrement en France, la poussée des incertitudes...
Les Traités européens d’austérité à perpétuité résisteront-ils au rejet populaire ? La règle d’or qui ordonne que les créanciers-banksters soient servis les premiers au titre de la Dette s’imposera-t-elle longtemps face à l’indignation et la colère de peuples saignés jusqu’à l’os ? Le dogme européen de la «concurrence libre et non faussée» au nom duquel la partie servile du gouvernement cire les pompes de Mittal et de son banquier Goldman Sachs finira-t-il à la poubelle ? Et ce gouvernement avec ?
Jalousement indépendante de l’Etat et des Partis, la CGT-Force Ouvrière n’en est pas moins attentive aux conditions politiques de l’exercice de la liberté syndicale. Constatons donc que le ministre Montebourg qui, après nous, a brisé le tabou de la «nationalisation», a finalement ( provisoirement ? ) mangé son chapeau. Mais la boîte de Pandore est ouverte ... Madame Parisot s’en étrangle d’indignation, et, à Bruxelles, la machine à privatiser rappelle à l’ordre du libre arbitraire patronal.
L’editorialiste du journal Ouest France constate que «l’épisode Montebourg, désavoué par le Premier ministre dans le dossier Mittal, n’est pas qu’affaire de style. Comme l’Europe, le rôle de l’État dans la mondialisation reste une ligne de fracture au sein de la majorité.»
Nous sommes en effet en présence d’une crise au sommet de l’Etat et des Partis, qui n’est pas sans rappeler celle qui secoua le gouvernement Mitterrand en 1982. Fallait-il alors opérer le «tournant de la rigueur» ? Fallait-il sortir du «Serpent Monétaire Européen» ou s’engager dans la voie de la monnaie unique ?
A ceci près qu’aujourd’hui la crise n’est plus feutrée, elle est ouverte. Le ministre Montebourg a déclaré avoir renoncé à sa démission sous la pression de l’Elysée pour éviter «la dislocation» (1). Le mot est fort ...
A ceci près, et c’est l’essentiel, que les sidérurgistes de Florange sont vent debout.
A ceci près que les syndicats de Petroplus réclament à leur tour la nationalisation de la raffinerie de Petit-Couronne.
A ceci près que tous les syndicats du Chantier naval STX demandent que l’Etat (actionnaire à 33%) devienne l’actionnaire majoritaire pour garantir l’emploi et obtenir des commandes, au moment où le marché des navires de croisière rebondit (2).
A ceci près que la construction européenne que l’on nous vendait alors comme un espoir s’est révélée être un cauchemar.
En 1982, la crise s’était soldée par la victoire des européistes menés par Jacques Delors, ouvrant la voie aux Trente Douloureuses ... (3)
Trente ans après, la fermeture de la «parenthèse» (4) de la rigueur revient à l’ordre du jour.
1- Libération du 3 décembre.
2- Le chantier naval italien nationalisé Ficantieri vient d’obtenir le 4 décembre deux nouvelles commandes de paquebots.
3- Pour être plus précis, il faudrait écrire «Trente Deloreuses» ...
4- Le mot est de Lionel Jospin. La «rigueur» qu’il présentait alors comme une simple «parenthèse» nous appauvrit depuis 30 ans ...
___ __ _
JA