Insupportable pour les assurés ! Insupportable pour les agents !
Au moment où les assurés ont le plus besoin de conseils, et donc de rencontrer les conseillers-retraite de la CARSAT pour savoir quand ils pourront partir à la retraite et avoir une estimation de son montant, la direction de la CARSAT décide de fermer l'accueil des agences-retraite deux demi-journées supplémentaires par semaine (se surajoutant aux deux autres demi-journées de fermeture déjà instituées voilà quelques années).
Pourquoi ces fermetures ?
Outre les conséquences négatives pour les assurés, a-t-on pensé à la manière dont cela va se passer ?
Officiellement la priorité de la direction est de privilégier (au détriment de la réception du public) la gestion des nombreux dossiers en cours.
Mais pour compenser la diminution des plages d'accueil, elle rallonge le "débordement téléphonique" dans les agences d' 1 heure 30 par jour.
... A croire, on peut s'interroger, que la priorité inavouée de certains pourrait être l'atteinte au 39-60 d'un "taux de décroché"... synonyme de primes de résultats pour les plus hauts niveaux de la hiérarchie. Ceci au détriment de l'accueil physique des assurés et du traitement des dossiers en agence.
En tout état de cause, voilà à coup sûr qui produira l'effet inverse de celui escompté. Moins d'assurés reçus en accueil spontané et moins de dossiers traités dans les délais : cela générera automatiquement plus de réclamations, plus de mécontentements, et donc d'appels au 39-60 … et ainsi de suite, jusqu'à nous conduire immanquablement dans le mur.
... Alors que donner plus de priorité aux traitements des dossiers et à l'accueil des assurés ferait baisser le nombre d'appels.
Ces décisions laissent de plus la porte ouverte aux cabinets privés, qui proposent des informations sur la retraite (souvent erronées) moyennant rémunération (de 200 à 3 500 €).
Comment en est-on arrivé là ?
La CARSAT des Pays-de-la-Loire (même tendance dans l'ensemble des CARSAT de France) a reçu 12 000 demandes supplémentaires suite à la contre-réforme des retraites de 2010 et à la sortie des décrets Hollande permettant, sous certaines conditions, de partir en retraite à 59 ou 60 ans.
Mais dans le même temps on a supprimé 32 postes (ETP) à la CARSAT de Nantes.
Explication : Depuis 1996 (suite au plan Juppé-Notat), les budgets donnent lieu à des contrats pluriannuels de gestion sous la tutelle de l'Etat, qui consistent à enfermer les caisses dans des dotations ne tenant pas compte de la situation réelle (nombre de prestations versées, modifications successives de la législation, etc.) et ne répondant qu'à un seul objectif comptable : baisser la masse salariale des organismes, pour répondre aux exigences de l'UE dans le cadre des réductions des déficits publics.
Voilà pourquoi les salaires ainsi que les classifications des personnels sont bloqués (0% d'augmentation pour la troisième année consécutive). Ce qui a amené la totalité des fédérations syndicales de la profession à appeler à la grève le 7 février 2013, grève qui a été fortement suivie dans le département comme au plan national (cf. le précédent numéro de l'Ouest Syndicaliste).
La position du syndicat et des administrateurs Force Ouvrière
Les administrateurs FO de la CARSAT (comme ceux de la CGT) refusent d'accompagner l'étranglement des organismes, et en conséquence de voter les budgets qui en découlent.
Face à la détérioration de la qualité du service rendu aux assurés et à la dégradation des conditions de travail, Force Ouvrière revendique :
- l'arrêt des "débordements téléphoniques" en agence,
- le rétablissement immédiat des deux demi-journées d'accueil venant d'être supprimées,
- et l'embauche de CDI pour faire face aux besoins.
Jean-Jacques Leblay, secrétaire du syndicat des organismes sociaux